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Un rapport propose de porter le congé paternité à deux ou trois semaines

Un rapport remis mardi au gouvernement préconise de porter le congé paternité à deux ou trois semaines, au lieu de 11 jours actuellement, et de le rendre au moins en partie obligatoire, afin d'augmenter la proportion de pères demandant à en bénéficier.

Actuellement, sept pères sur dix prennent ce congé "de paternité et d'accueil du jeune enfant", d'une durée de 11 jours consécutifs pour une naissance simple et 18 jours pour une naissance multiple. Instauré en 2002, ce dispositif optionnel, indemnisé par l'Assurance maladie en fonction du salaire, vient compléter le congé de naissance obligatoire de trois jours, à la charge de l'employeur.

Plusieurs pétitions et tribunes ont réclamé ces derniers mois une révision du congé paternité, jugé "trop court pour être efficace". Une demande féministe de longue date, portée par de plus en plus d'hommes.

Dans son rapport, commandé en mars par le Premier ministre, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) préconise de privilégier un scénario de "renforcement" de ce congé.

La question est "à l'étude mais rien n'est arbitré", a indiqué à l'AFP le cabinet de la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Par le passé, Mme Schiappa s'est prononcée pour une "amélioration" du dispositif existant, tout en précisant qu'elle n'était pas favorable à ce qu'il soit rendu obligatoire.

Les auteurs du rapport estiment que "si la durée (du congé paternel) restait inchangée", des progrès significatifs seraient "peu probables" en matière de "répartition des tâches au sein du couple" et d'"égalité professionnelle".

Ils proposent donc de porter la durée du congé paternité à deux ou trois semaines, et dans le même temps de porter à cinq jours ouvrés le congé naissance obligatoire.

- Déculpabiliser les pères -

Au total, le congé naissance/paternité serait donc de trois ou quatre semaines, selon l'option retenue.

Une telle réforme impliquerait un surcoût de 133 millions d'euros pour la Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf), dans l'option à trois semaines, et de 331 millions pour quatre semaines. Les auteurs suggèrent que, pour les employeurs, "l'augmentation du nombre de jours de congé naissance, décidée par la loi, pourrait avoir pour contrepartie une diminution du nombre de jours accordés pour mariage ou Pacs, négociée par accord collectif".

L'étude pointe de fortes différences dans les taux actuels de recours au congé paternité, en fonction de la situation des papas: en CDI, 80% d'entre euxl e prennent, mais en CDD, ils ne sont que 48%, et 32% des travailleurs indépendants. Elle propose en conséquence que la prise de congé soit rendue obligatoire, au moins sur une "courte période".

Une telle mesure permettrait "de favoriser la prise du congé par des pères qui auparavant s'abstenaient, et déculpabiliserait ceux qui souhaitent le prendre pour la totalité de sa durée", estime l'Igas, pour qui, "passée la +première fois+, il deviendrait naturel pour un ministre, en France, de prendre un congé de paternité, comme dans les pays nordiques".

Interrogé par l'AFP, le rédacteur en chef du magazine "Daron" consacré à la paternité, Hugo Gaspard, s'est déclaré "peu optimiste" quant aux suites données à ce rapport.

Il a déploré que les auteurs de l'étude n'aient pas retenu l'hypothèse la plus "volontariste", celle d'un congé paternité à six semaines, seule à même selon lui de lutter contre les discriminations faites aux femmes dans le monde du travail.

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