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Une centaine de blessés lors d'interventions policières: parmi eux, un photographe aux mains abîmées par une grenade

Une centaine en un an: pour la première fois l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a donné le chiffre de blessés, plus ou moins graves, en France pendant des interventions policières. Le photographe indépendant Jan Schmidt-Withley, blessé aux mains par une grenade lors d'une manifestation, en fait partie.

Le 19 avril, 15.300 personnes manifestent dans les rues de Paris à l'appel de la CGT contre la politique d'Emmanuel Macron. La manifestation était "relativement calme", il y avait juste un "Bloc" à l'avant d'une cinquantaine de personnes, raconte à l'AFP Jan Schmidt-Withley, 42 ans, qui couvre la manifestation pour l'agence Pictorium.

"J'avais deux appareils photo en bandoulière, je suis clairement un photographe", explique-t-il. "On est à Port Royal (Ve arrondissement)", "le Bloc charge la police", "il y a des jets de projectiles", décrit le photographe freelance.

"Je passe quelques temps avec les policiers. Je travaille en 35mm, je suis à côté d'eux, au sein du groupement. A un moment, ils reculent. Je reste entre les deux, je suis un peu tout seul", explique-t-il. "J'ai deux boitiers, je ne suis pas en train d'invectiver qui que ce soit et encore moins en train de jeter des projectiles", insiste-t-il.

"Je ressens un choc au niveau du thorax. Une explosion. Je regarde mes mains: à ma main gauche, l’auriculaire a une fracture ouverte, c'est à dire que je vois l'os. Sur la main droite je vois du sang, des brûlures", raconte Jan Schmidt-Whitley.

- Trois opérations -

Un passant vient à son aide et appelle les secours. Le service des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou "réduit" la fracture à l’auriculaire. Le photographe subit une première opération le lendemain durant laquelle on lui pose des broches.

"Je me retrouve avec l’auriculaire de la main gauche qui a l'articulation détruite et une fracture à la main droite", souligne le photographe qui subira trois opérations. Depuis il doit se rendre chez son kinésithérapeute tous les jours et porter une orthèse, une espèce de gantelet de fer et de cuir, 10 mn toutes les heures.

"J'ai travaillé en Turquie, j'ai été blessé par un attentat kamikaze à la frontière syrienne mais c'est à Paris que des CRS me handicapent et j'en ai au moins pour six mois", déplore-t-il.

Quatre jours après la manifestation, le photographe a porté plainte auprès du commissariat de son quartier. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie de l'enquête. "Cela va prendre du temps", dit-il.

De l'enquête de la police des polices, Jan Schmidt-Whitley "n'attend pas grand chose". "On a l'impression que la police est plus sévère avec des policiers corrompus qu'avec des policiers violents", selon lui.

"Je faisais mon travail. Cela fait deux mois que je ne peux plus bosser", déplore le photographe. Ironie du sort, une de ses photos illustre le numéro de février de l'ONG Amnesty international sur le thème "police: le défi de la défiance".

Reporters sans frontières a dénoncé les "violences policières" contre Jan Schmidt-Whitley, soulignant qu'une "autre photographe, Karine Pierre, a également été blessée à la clavicule par les forces de l’ordre lors de la même manifestation".

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