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Une épidémie d'encéphalite mortelle sème la détresse dans le nord de l'Inde

Une odeur d'urine, de chlore, de vomi et de mort a envahi le principal hôpital de Muzzafarpur, dans le nord de l'Inde, épicentre d'une épidémie d'encéphalite aiguë qui a causé la mort d'une centaine d'enfants depuis le 1er juin.

Dilip Sahni, un ouvrier du bâtiment de 25 ans père de trois enfants, compte parmi les parents désemparés qui s'entassent dans l'hôpital universitaire public Sri Krishna (SKMCH), où une centaine d'enfants sont soignés. Beaucoup d'entre eux sont contraints de partager leurs lits.

Il a amené Muskan, sa fillette de quatre ans et demi, dans la matinée, 24 heures après les premiers symptômes. "A son réveil hier, sa mère l'a trouvée les mains et les jambes contractées et les dents serrées, elle a commencé à s'affoler", explique-t-il.

Sur place, "son état a empiré", ajoute-t-il avant de fondre en larmes.

Peu de temps après, il apprenait la mort de la petite Muskan, victime probable de la crise d'encéphalite aiguë qui touche l'État du Bihar, une région très pauvre et en proie à de fortes chaleurs.

Les études scientifiques suggèrent que ces décès sont dus à une toxine présente dans les graines de litchis qui altérerait la production de glucose de l'organisme et provoquerait des hypoglycémies.

Les jeunes victimes souffrent très vite d'une forte fièvre, de convulsions et de crises de vomissements. Dans la plupart des cas, sans traitement immédiat, l'issue est fatale.

Les autorités ont annoncé mercredi avoir dénombré 118 décès d'enfants depuis début juin.

"La nuit d'avant elle a mangé du pain, mais aucun litchi. Elle n'en avait pas mangé depuis dix jours", raconte M. Sahni.

- "Mort d'inquiétude" -

Alors que les surveillants hurlent aux parents de ne pas encombrer les salles, Raju Kumar, propriétaire d'un magasin de vêtements de 35 ans et père de cinq enfants, vient juste de faire hospitaliser son fils de deux ans et demi au service de soins intensifs.

"Je suis mort d'inquiétude. J'ai vu tellement de corps de jeunes enfants depuis que je suis ici", lâche-t-il. "Il s'est brutalement évanoui avant-hier. Nous l'avons amené aussitôt", dit-il, tenant dans ses bras un bébé de quatre mois.

Krimta Kumari, une jeune fille d'environ neuf ans en t-shirt jaune assise sur les genoux de son père, a également été admise à l'hôpital. Manifestement prise de fièvre, elle est incapable de garder les yeux ouverts ou de parler normalement.

Quand une coupure d'électricité survient, les mères en saris colorés essaient de rafraîchir leurs enfants malades avec des éventails, dans une chaleur étouffante.

L'État de Bihar, où vivent environ 100 millions de personnes, connaît une période de canicule avec des températures de 45 degrés, qui ont provoqué la mort de 184 personnes, dont 78 depuis samedi.

- "Facile d'accuser" -

Le système de santé de l'État de Bihar, très pauvre, est déplorable. Il compte moins de deux professionnels de santé pour 100.000 habitants alors que la moyenne en Inde est autour de 9, selon le quotidien Hindustan Times.

"Nous faisons de notre mieux pour sauver les vies du plus d'enfants possible", explique le médecin Srikant Prasad Bharti, débordé.

"Personne ne parle des enfants qui ont été soignés. C'est facile d'accuser les hôpitaux et les médecins", regrette-t-il.

Le même phénomène d'encéphalites mortelles se produit dans des régions productrices de litchis au Vietnam et au Bangladesh. En 2014, la maladie avait tué 355 enfants mais seulement 33 décès ont été à déplorer l'an dernier, selon le Hindustan Times.

"C'est lié au milieu très pauvre dans lequel vivent ces enfants", souligne le médecin. "Les enfants errent dehors sous la chaleur, mangent un litchi pourri ou pas assez mûr, et vont au lit le ventre vide. Cela provoque une chute brutale du taux de sucre dans le sang qui entraîne des convulsions".

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