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Une figure de l'islamisme en Belgique a été condamné à Paris

L'imam franco-syrien Bassam Ayachi, figure de l'islamisme belge, a été condamné à Paris à cinq ans d'emprisonnement dont un an ferme pour association de malfaiteurs terroriste, le tribunal jugeant qu'il avait bien été un "informateur" des services secrets.

Responsable de "relations publiques" en Syrie

Considéré en Belgique comme un vétéran de l'islamisme radical, le cheikh de 75 ans a été jugé en avril dans la capitale française pour ses activités en Syrie, dans la région d'Idlib, entre 2014 et 2018.

Le tribunal a estimé qu'il avait bien appartenu à l'époque à un groupe "terroriste", Ahrar al-Sham, pour lequel il a dirigé le "bureau des relations publiques" à Idlib.

Bien qu'elle ne soit pas mentionnée comme telle sur les listes internationales, cette organisation salafiste est qualifiée de "terroriste" dans la jurisprudence française.

Sur une vidéo de mars 2015, on voit Bassam Ayachi "pénétrer dans Idlib tel un chef de guerre", il "donne des instructions" puis "pose derrière une bannière du Front al-Nosra", alors affilié à al-Qaïda, a souligné la présidente en rendant la décision. Il avait en outre "fédéré des groupes militaires" et "rendu la justice", a-t-elle ajouté.

Informateur des services secrets

"Il est indéniable que Bassam Ayachi a fourni des informations aux services belges et français", a aussi souligné la magistrate. Cependant, "cette situation ne fait pas disparaître l'infraction": "la loi française ne prévoit aucune exonération pour l'informateur de police".

Le tribunal a néanmoins décidé d'en "tenir compte", relevant que le "refus de déclassification" pendant l'instruction de documents secret-défense par le ministère français des Armées "ne doit pas lui être préjudiciable" car "il ne peut être exclu qu'il a rendu de vrais services à la France".

La juridiction est restée en-deçà des réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat), qui avait demandé cinq ans d'emprisonnement dont deux ferme.

Opposé à l'EI, l'imam, qui a perdu un bras en Syrie, était absent lors du prononcé de la décision. Au procès, il avait condamné les "salopards de terroristes" et soutenu qu'il avait "servi (son) peuple en Syrie et préservé (son) peuple en France".

Il a déjà passé treize mois en détention provisoire, ce qui couvre sa peine de prison ferme.

Le reste est un sursis probatoire, qui l'oblige à déclarer sa résidence et lui interdit de voyager sans autorisation, de contacter une liste de personnes et de porter une arme.

Un jihadiste français qui a été son garde du corps, Hachimi M., a été condamné à dix ans de prison pour avoir "intégré Ahrar al-Sham" et une "unité de snipers d'al-Nosra", mais sans période de sûreté du fait de "l'absence de persistance de sa radicalisation".

Cet ingénieur informatique de 33 ans a affirmé être parti en Syrie pour des raisons humanitaires et avoir agi pour le compte de Bassam Ayachi.

Le tribunal a au contraire estimé qu'il était "animé d'une idéologie qaïdiste" (liée à Al-Qaïda) et que le "mobile" de l'espionnage n'était, dans son cas, "pas crédible".

Les avocats des deux prévenus n'ont pas souhaité commenter. Ils ont la possibilité de faire appel.

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