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Universités: des sites toujours bloqués, Nanterre fermée, examens maintenus

Le blocage de plusieurs sites universitaires, pour protester contre les nouvelles modalités d'accès à l'université ne menace pas la tenue des examens attendus ces prochaines semaines, selon le gouvernement, alors que la Coordination nationale étudiante (CNE) a appelé à une mobilisation mardi sur les campus.

2018 "ne sera pas une année perdue", a assuré lundi sur CNews la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal.

"Si c'est nécessaire, on peut toujours décaler un examen. Mais ce qui me remonte des différentes universités, c'est que les calendriers d'examens sont maintenus et que toutes les conditions sont réunies pour qu'ils se passent sereinement", a-t-elle poursuivi. Chaque fac décide de son calendrier.

Le ministère de l'Enseignement supérieur chiffre à neuf le nombre de sites universitaires bloqués sur les 400 que compte le territoire.

A la demande de la présidence de l'université de Nanterre -- fac emblématique de région parisienne d'où était partie la contestation en Mai 68 -- les CRS sont intervenus dans un bâtiment occupé depuis lundi matin par des personnes qui, selon la direction, ne sont pas des étudiants. L'ensemble de l'université a ensuite été fermé sur décision de la direction.

"On est allé dire au président que son attitude était vraiment disproportionnée", a indiqué Jean-François Lé Val, membre du conseil d'administration, à la sortie d'une réunion avec le président. "C'est pas parce que quelques étudiants avaient pris l'initiative de vouloir occuper une salle, sans aucune dégradation, qu'il fallait déclencher le plan Orsec".

Sur le site de Tolbiac (qui dépend de Paris-1), occupé depuis le 26 mars, la découverte dimanche de cinq cocktails Molotov à l'intérieur du bâtiment a déclenché l'ouverture d'une enquête. Des échauffourées avaient éclaté vendredi soir devant cette tour de 22 étages. Six personnes, de 19 à 21 ans, ont été interpellées; elles seront jugées en septembre.

- "Commune libre de Tolbiac" -

Dénonçant "l'inertie coupable de l'administration de Paris-1", le syndicat étudiant de droite UNI a déposé lundi deux nouveaux recours pour demander la levée du blocage à Tolbiac, après le rejet d'une première requête.

"Commune Libre de Tolbiac": en référence à la période insurrectionnelle de la Commune de Paris, une grande banderole en caractères rouges barre l'entrée de cette tour de 22 étages dans le sud-est de Paris, devenue un des points chauds de la mobilisation contre la réforme et plus largement contre la politique d'Emmanuel Macron.

"Il ne faut pas que ça reste juste une bulle de résistance. La lutte est bien organisée ici, il faut que ça prenne ailleurs, et ça commence à prendre", assure à l'AFP un étudiant souhaitant rester anonyme.

Trois universités sont entièrement bloquées depuis plusieurs jours, voire des semaines: Jean-Jaurès à Toulouse depuis décembre, Paul-Valéry à Montpellier depuis mi-février et Paris-8 en région parisienne, plus récemment. Un des deux campus de Rennes-2 est bloqué depuis lundi.

Plus de 800 examens dématérialisés, via la plateforme numérique Moodle, concernant 15.000 étudiants de Paul-Valéry seront organisés d'ici le 20 avril, a indiqué à l'AFP son président Patrick Gilli.

Les entrées des étudiants et personnels étaient toujours soigneusement filtrées lundi matin à la faculté de droit de Montpellier, qui dépend non de Paul-Valéry mais de l'autre université de la ville. C'est dans ce bâtiment qu'un commando armé et cagoulé s'en est pris à des étudiants et militants qui occupaient un amphithéâtre dans la nuit du 22 au 23 mars.

Ces violences ont amplifié la contestation contre la loi de Frédérique Vidal, qui avait peu mobilisé jusque-là. Le texte, qui modifie les conditions d'accès à l'université, est accusé par ses détracteurs d'instaurer une "sélection".

La situation sur les campus restait mouvante, avec de nouveaux blocages ou des occupations levées chaque jour: les cours ne sont pas assurés sur les sites de Censier (Paris-3), Saint-Martin-d'Hères (université de Grenoble-Alpes), du Patio à Strasbourg, La Victoire à Bordeaux, des Arts, Lettres et Langues à Metz. A Nantes, la fac de droit est bloquée depuis lundi.

La mobilisation contre la loi Vidal touche aussi des enseignants. Des professeurs refusent de participer aux commissions d'examen des dossiers des bacheliers (prévues par la réforme), à l'appel du syndicat Snesup-FSU.

Un collectif d'enseignants de l'université de Lille a appelé à ne pas participer à la tenue des examens, mais ces derniers se sont déroulés sans perturbation, selon des sources concordantes.

Les enseignants d'université qui refusent de contribuer au classement des dossiers d'accès au supérieur doivent "respecter la loi et le droit", leur a enjoint lundi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

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