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USA: Julian et Joaquin Castro, les jumeaux unis dans le combat pour les migrants

L'un est le seul candidat démocrate hispanique à la présidence américaine, l'autre dénonce au Congrès les conditions de détention des migrants à la frontière: indissociables, les jumeaux Julian et Joaquin Castro mènent ensemble le combat contre la politique migratoire de Donald Trump.

Joaquin a mené lundi une délégation parlementaire dans un centre de rétention pour migrants à Clint, dans son Etat natal du Texas. Il y a dénoncé la surpopulation et la promiscuité dans des cellules pour femmes "sans eau courante", où les détenues devaient "boire l'eau des toilettes".

Il a également diffusé une vidéo filmée en cachette dans une salle commune sans lit. Les détenues, emmitouflées dans des sacs de couchage, lui expliquaient être privées de douches et d'accès à des médicaments.

La semaine précédente, Julian avait brillé lors du premier débat télévisé entre les candidats à l'investiture démocrate. Il avait notamment pris l'ascendant sur l'autre Texan de la course, Beto O'Rourke, en lui faisant la leçon sur les lois migratoires.

L'ex-ministre de Barack Obama et ancien maire de San Antonio est toutefois toujours à la traîne dans les sondages (1,3% d'intentions de vote), très loin des favoris.

Les deux frères d'origine mexicaine combattent ensemble la politique de "tolérance zéro" du président Trump, qui a un temps autorisé la séparation des familles de clandestins arrêtées sur le territoire américain.

Cette mesure, retoquée en justice, n'a pas tari le flot des arrivées --144.000 arrestations en mai-- et entraîné une crise à la frontière, où les migrants s'entassent dans des structures surpeuplées.

Julian Castro promet, s'il est élu président, de revenir sur les restrictions à l'immigration décidées depuis 2017 et de supprimer la loi faisant de l'entrée illégale sur le territoire un crime.

"Ce ne sera pas une frontière ouverte, nous aurons toujours une sécurité aux frontières, (mais) nous traiterons les gens avec du bon sens et de la compassion au lieu de la cruauté", a-t-il affirmé mercredi sur la chaîne CBS.

- L'"Obama latino" -

Les deux frères, nés à San Antonio le 16 septembre 1974, font partie de la troisième génération d'immigrés. Leur grand-mère est arrivée du Mexique à l'âge de sept ans.

"Quand ma grand-mère est arrivée ici il y a près de 100 ans, je suis sûr qu'elle n'aurait jamais imaginé que seulement deux générations plus tard, un de ses petits-fils serait un élu du Congrès des Etats-Unis et l'autre se tiendrait aujourd'hui devant vous pour dire ces mots: je suis candidat à la présidence des Etats-Unis", avait dit Julian en janvier en annonçant officiellement sa candidature à la Maison Blanche.

Joaquin, son directeur de campagne, était à ses côtés.

Dans ses mémoires publiés en 2018 ("An Unlikely Journey"), Julian Castro raconte une enfance difficile dans un quartier pauvre où les deux frères sont élevées par leur mère célibataire, une activiste pour les droits des immigrés hispaniques.

Ensemble depuis l'école primaire, ils sont tous les deux sortis diplômés de l'université de Stanford et de la faculté de droit d'Harvard.

En 2001, quand Julian se présente au conseil municipal de San Antonio, son frère est le trésorier de la campagne. Il devient maire de la ville en 2009, puis ministre du Logement de Barack Obama en 2014.

Il est entre-temps le premier hispanique choisi comme orateur vedette lors de la Convention démocrate en 2012. Télégénique et doué au pupitre, il est surnommé le "Barack Obama latino".

Joaquin entre aussi en politique, d'abord au Texas, où il est parlementaire de 2002 à 2012, puis à Washington, où il entre en 2013 à la Chambre des représentants. Il est actuellement le patron des 38 élus du Congrès d'origine hispanique ("Hispanic Caucus").

Visage rond, yeux en amandes, cheveux bruns plaqués en arrière, Julian et Joaquin se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Pour se démarquer, Joaquin a un temps porté la barbe.

Il l'a rasée "quand il a réalisé qu'il ne me ressemblait plus et que son taux de popularité chutait", avait expliqué en riant Julian sur CNN en avril.

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