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USA: un rapport officiel décrit le traumatisme des enfants migrants séparés de leurs parents

La politique de séparation des familles de migrants menée au printemps 2018 par le gouvernement de Donald Trump a aggravé "la souffrance psychologique" de nombreux enfants déjà marqués par des expériences traumatisantes, selon un rapport officiel publié mercredi.

"Les enfants séparés exprimaient davantage de peurs, de sentiments d'abandon et de stress post-traumatique que les enfants qui n'avaient pas été séparés", écrit l'inspecteur général du ministère de la Santé dans un compte-rendu de visites effectuées par ses services à l'été 2018 dans 45 centres d'accueil pour mineurs migrants.

"Certains exprimaient une vive douleur qui les faisait pleurer de manière inconsolable", d'autres "refusaient de manger ou de participer aux activités", et des enfants disaient avoir de fortes douleurs à la poitrine, poursuit l'inspecteur général, un organe indépendant chargé de contrôler les structures rattachées au ministère.

Selon son rapport, "la séparation des familles et un processus de réunification désordonné a ajouté au traumatisme" de mineurs déjà confrontés à des abus ou à des violences dans leurs pays d'origine ou sur la route migratoire.

Donald Trump a fait de la lutte contre l'immigration illégale un des marqueurs de sa présidence. Au printemps 2018, son gouvernement avait décrété une politique de "tolérance zéro" à la frontière avec le Mexique, qui avait conduit à la séparation de centaines de familles.

Les drames vécus par ces familles avaient suscité un tollé jusque dans les rangs républicains et le milliardaire avait ordonné dès juin d'y mettre un terme, un juge imposant de son côté la réunification des familles divisées. Les autorités ont ensuite identifiées un peu plus de 2.700 enfants à réunir avec leurs parents.

En parallèle, les règles pour remettre les migrants mineurs à des "sponsors" dans le pays avaient été durcies et ont allongé la durée du séjour de ces jeunes dans les centres du ministère de la Santé, avec un pic à 93 jours en moyenne en novembre 2018.

Ces délais ont suscité "des niveaux de méfiance, de désespoir et de frustration plus élevés chez les enfants, avec davantage de cas de mutilation ou d'idées suicidaires", déplore encore l'inspecteur général.

De leur côté, les professionnels de la santé lui ont expliqué se sentir démunis, comparant leur action à un "pansement" sur des plaies profondes.

Depuis, la situation s'est améliorée avec une durée moyenne de séjour retombée à 48 jours en avril, mais l'inspecteur général propose de renforcer la formation des personnels, l'accès à des psychiatres extérieurs et la possibilité de transférer les cas les plus graves vers des structures spécialisées.

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