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Venezuela: Pence réclame à l'ONU de reconnaître Guaido comme dirigeant

Le vice-président des Etats-Unis, Mike Pence, a demandé mercredi à l'ONU de reconnaître l'opposant Juan Guaido comme le dirigeant du Venezuela et a réclamé le départ de Nicolas Maduro, qui a annoncé la conclusion d'un accord avec la Croix-Rouge.

"Aujourd'hui (mercredi) le vice-président des Etats-Unis, Mike Pence, s'est ridiculisé au Conseil de sécurité des Nations unies. Je ne comprends pas son arrogance, sa suffisance, son suprémacisme racial", a déclaré le président vénézuélien dans une allocution télévisée.

"Menacer le Venezuela au Conseil de sécurité d'une invasion militaire, M. Mike Pence, cela ne s'était jamais vu auparavant", a ajouté M. Maduro, qui accuse régulièrement le président américain Donald Trump de vouloir s'emparer par la force des immenses réserves pétrolières du Venezuela, les plus importantes du monde.

Un peu plus tard dans la journée, Nicolas Maduro a annoncé, toujours lors d'une allocution télévisée, qu'un accord avait été conclu avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour une distribution d'"aide humanitaire" au Venezuela.

Cet accord était très attendu, le Venezuela souffre depuis longtemps de pénuries de produits alimentaires et de médicaments, des problèmes attribués par M. Maduro aux sanctions économiques américaines.

Nicolas Maduro, qui nie que la situation actuelle du Venezuela puisse être qualifiée de crise humanitaire, a estimé que cette coopération devrait être mise en oeuvre "sans politisation grotesque", dans la "légalité et le respect".

Cette crise humanitaire a poussé, selon le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), 3,4 millions de Vénézuéliens à quitter le pays.

- Sanctions contre Cuba -

Evoquant devant le Conseil de sécurité, lors d'une réunion demandée par Washington, "un Etat en déroute", Mike Pence avait annoncé plus tôt dans la journée que Washington était en train de rédiger un projet de résolution pour la reconnaissance de Juan Guaido par les Nations unies, qui inclurait une révocation de l'ambassadeur actuel.

Ce projet pourrait être présenté à l'Assemblée générale de l'ONU, où la Russie et la Chine, soutiens du président Maduro, n'ont pas de droit de veto.

S'adressant directement au représentant du Venezuela Samuel Moncada, le vice-président américain a lancé qu'il ferait mieux de rentrer dans son pays dire à Nicolas Maduro que "son heure était comptée".

Mike Pence a aussi annoncé que Donald Trump allait "adopter prochainement des sanctions contre Cuba pour sanctionner son influence négative au Venezuela" et que Washington allait augmenter de 60 millions de dollars son assistance humanitaire aux Vénézuéliens.

- "Sécurité internationale" -

"C'est un nouvel épisode du spectacle destiné à renverser le régime" de Nicolas Maduro, s'est insurgé l'ambassadeur russe à l'ONU Vassily Nebenzia, alors que Mike Pence avait déjà quitté la salle du Conseil. "Si vous souhaitez rendre leur grandeur aux Etats-Unis, ce que nous souhaitons tous, arrêtez les ingérences", a lancé le diplomate russe.

La Chine a aussi affirmé son opposition à "toute ingérence" au Venezuela, comme à "toute intervention militaire" dans ce pays.

L'ambassadeur vénézuélien a accusé les Etats-Unis de détruire l'économie de son pays. "Nous devons arrêter cette guerre menée par Donald Trump", a-t-il dit.

Depuis le début de l'année, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est montré incapable de s'entendre sur une ligne commune à l'égard du Venezuela. Chaque mois ou presque, les Etats-Unis y envoient des responsables pour tenter de rassembler davantage de soutiens à Juan Guaido.

En janvier, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo avait fait le déplacement, suivi en février de l'envoyé spécial américain Elliott Abrams. Fin février, deux projets de résolution concurrents avaient été rejetés par le Conseil de sécurité, illustrant la profonde division de la communauté internationale.

- Appels à manifester -

La réunion du Conseil de sécurité était consacrée à l'aide humanitaire alors que, selon l'ONU, sept millions de personnes --près du quart de la population vénézuélienne-- manquent de nourriture et de soins médicaux.

Mercredi, après une nouvelle panne électrique qui a plongé Caracas et une grande partie du Venezuela dans le noir, le gouvernement a affirmé que le courant était rétabli. "Nous assurons désormais le service (de fourniture d'électricité) sur tout le territoire national", a annoncé le ministre de la Communication Jorge Rodriguez.

Des habitants de plusieurs Etats de l'ouest du pays faisaient néanmoins encore état de difficultés.

Début mars, une méga-panne électrique a paralysé le pays pendant près d'une semaine, suivie par d'autres coupures sporadiques qui ont contraint le gouvernement à mettre en place un plan de rationnement.

Reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays, Juan Guaido, 35 ans, a appelé ses partisans à manifester mercredi. La nouvelle panne générale est "une raison supplémentaire pour descendre dans la rue", a-t-il tweeté, avant de participer à un rassemblement à Caracas.

Des groupes d'habitants se sont rassemblés en divers points de la capitale et du pays.

Le pouvoir a également appelé à des manifestations entre jeudi et samedi pour commémorer le 17e anniversaire du coup d'Etat manqué en 2002 contre l'ex-président Hugo Chavez (1999-2013) et dénoncer les menaces d'"intervention" des Etats-Unis.

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