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Venezuela: une saison de baseball au ralenti? La balle dans le camp de Washington

Les fans doutent et l'affaire préoccupe le gouvernement de Nicolas Maduro: la saison 2019-2020 de baseball est en péril au Venezuela à cause des sanctions américaines qui pourraient empêcher les Vénézuéliens sous contrat avec des clubs américains de rentrer jouer chez eux cet hiver comme ils le font d'ordinaire.

La question est diablement sérieuse dans ce pays sud-américain où la "pelota" fait figure de sport national. Le défunt président Hugo Chavez (1999-2013) était lui-même mordu de baseball, à tel point que, tout jeune, il aurait adoré embrasser une carrière de lanceur.

Et comme à chaque intersaison, les joueurs vénézuéliens évoluant dans la prestigieuse Ligue majeure de baseball américaine (MLB) devaient rentrer au pays pour jouer dans le championnat vénézuélien, qui débute le 18 octobre.

Cela permet aux joueurs-vedettes vénézuéliens, payés à coups de dizaines de millions de dollars par an par les franchises américaines, de se maintenir en forme et entretenir un lien avec le pays, les équipes et le public qui les ont vus naître.

Or, stupeur, la MLB a décidé, pour le moment, de leur interdire d'aller taquiner la balle en cuir dans leur pays natal cet hiver. Le Venezuela a même été exclu du Winter League Agreement qui régule les relations entre elle et les ligues de baseball de pays caribéens.

Car la politique s'est invitée dans le jeu. L'administration de Donald Trump a pris tout un éventail de sanctions financières contre le gouvernement socialiste de Nicolas Maduro pour le mettre sous pression et, in fine, le pousser vers la sortie.

Et parmi les entités vénézuéliennes sanctionnées par Washington se trouve PDVSA, le conglomérat pétrolier public, qui est aussi le sponsor principal de la Ligue vénézuélienne de baseball professionnel (LVBP).

Alors, pour ne pas avoir à négocier avec une entité vénézuélienne sanctionnée, la MLB américaine préfère interdire tout prêt de joueurs au Venezuela, en attendant une réponse claire et nette de l'Agence fédérale américaine chargée des sanctions financières (OFAC) qu'elle a sollicitée pour connaître la marche à suivre.

Cette interdiction a un impact énorme, puisque 96 Vénézuéliens ont joué en 2019 en MLB et 1.800 dans des ligues de moindre importance.

-"Aucun contrôle"-

Pour compliquer le tout, la Ligue vénézuélienne vit sa pire crise depuis sa création en 1946. Son président Juan José Avila a démissionné jeudi soir en évoquant des "raisons familiales" et aucun successeur n'a encore été nommé.

Alors, quid d'une saison vénézuélienne sans ces joueurs auréolés de leur carrière aux Etats-Unis?

Le gouvernement chaviste s'en est inquiété. Diosdado Cabello, numéro deux du chavisme et président de l'Assemblée nationale constituante, a récemment assuré: "on va voir du baseball ici, même si nous devons jouer nous-mêmes. Je recommande chaudement aux propriétaires d'équipes de trouver une solution".

Au sein de la Ligue vénézuélienne, on assure chercher activement des solutions pour lever "tout obstacle" à ce que la saison démarre normalement. Mais le dirigeant d'un club, qui souhaite que son anonymat soit préservé, admet n'avoir "aucun contrôle" sur la suite des événements.

Les huit clubs vénézuéliens se sont donc vus forcés de revoir la composition de leurs équipes sans inclure les stars de la MLB. "Des joueurs de baseball, bien sûr qu'il y en a", explique le dirigeant d'un club sous couvert d'anonymat, mais "d'un niveau moins bon".

Une autre solution serait de recruter des joueurs sous contrat dans d'autres ligues américaines que la MLB ou évoluant hors des Etats-Unis. Mais, là aussi, c'est encore l'inconnu, comme l'explique Guillermo Moscoso, qui joue désormais au Mexique après un passage en MLB.

"Je suis Vénézuélien et j'ai la nationalité américaine. Vais-je pouvoir jouer (au Venezuela, ndlr), ou y a-t-il des sanctions?", s'est-il demandé sur les réseaux sociaux.

"C'est ce genre de questions que se posent aussi les chaînes de télévision, les sponsors et les fournisseurs", souligne auprès de l'AFP Efrain Savarce, un journaliste spécialiste du baseball.

Car l'équipementier officiel de la Ligue vénézuélienne n'est autre que Rawlings... une société américaine. Et les chaînes vénézuéliennes qui retransmettent le championnat sont liées d'une manière ou d'une autre à des sociétés américaines.

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