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Violence de genre: la Turquie n'est plus parmi les signataires de la convention d'Istanbul

(Belga) Ce 1er juillet marque le retrait effectif de la Turquie de la Convention d'Istanbul contre les violences envers les femmes. Pour Amnesty International, des millions de femmes et de filles s'en retrouvent exposées à un risque accru de violence.

"Le 1er juillet à minuit, la Turquie a tourné le dos à une référence absolue en matière de sécurité pour les femmes et les filles. Son retrait envoie un message inconsidéré et dangereux à ceux qui maltraitent, mutilent et tuent, leur disant en substance qu'ils peuvent continuer en toute impunité", déclare Agnès Callamard, secrétaire générale Amnesty International, citée dans un communiqué. Créée en 2011 par le Conseil de l'Europe, la Convention d'Istanbul détaille les différentes formes de violences à l'égard des femmes, reconnaît qu'elles sont structurelles et qu'il relève de la responsabilité de l'État d'y remédier. Il s'agit du premier instrument contraignant au monde pour combattre la violence contre les femmes. La Turquie a annoncé en mars dernier vouloir se retirer de ce traité majeur en dépit d'une mobilisation massive de la part des femmes et des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées à travers la Turquie et dans le monde. Pourtant, depuis la ratification et la mise en ?uvre de la Convention, de fortes améliorations ont été observées dans la manière dont les États traitent les femmes victimes de violences liées au genre, souligne Amnesty International. Cela va de la mise en place de numéros d'assistance téléphonique disponibles 24h/24 pour les victimes de violence domestique en Finlande, à l'introduction de définitions du viol fondées sur le consentement en Islande, en Suède, en Grèce, en Croatie, à Malte, au Danemark et en Slovénie depuis 2018. "La sortie de la Turquie de la Convention d'Istanbul est une évolution extrêmement préoccupante, avec en toile de fond l'érosion continue des droits dans ce pays", poursuit l'ONG. La Turquie est le premier et seul pays du Conseil de l'Europe à se retirer d'une convention internationale relative aux droits humains. Sur les 47 pays membres du Conseil de l'Europe, 34 ont signé et ratifié la Convention d'Istanbul. La violence domestique est très répandue en Turquie, où au moins 300 femmes ont été tuées l'an dernier. Le gouvernement turc affirme que la Convention d'Istanbul menace les "valeurs familiales" et "normalise l'homosexualité". Des propos qui ont d'ailleurs été repris par plusieurs gouvernements, notamment en Pologne et en Hongrie, pour justifier leurs tentatives d'opérer un retour en arrière sur le terrain des droits humains. (Belga)

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