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Voici comment nos actions participent à la destruction d'écosystèmes dans le monde

Nos actions ont des conséquences sur les écosystèmes à l'autre bout du monde. C'est ce qui ressort d'un nouveau rapport du WWF qui souligne la responsabilité de l'Union Européenne dans la conversion d'écosystèmes naturels à travers le monde. Des habitats naturels cruciaux pour la survie de nombreuses espèces animales déjà menacées d'extinction.

À l'heure actuelle, une partie de nos importations de soja, bœuf, blé, huile de palme ou bois participe à la destruction d'écosystèmes à un rythme alarmant. C'est ce qui ressort du dernier rapport de WWF, intitulé "Savanes, prairies, mangroves : les grands sacrifiés de l'UE". Deborah Van Thournout, porte-parole du WWF, était l'invitée du RTL INFO 13h pour en parler. Elle évoque un chiffre important : en 2019, l'Europe a importé 70.000 tonnes de bœuf provenant du Cerado, une écorégion du Brésil. "Il y a également le soja, qui n'est pas celui que l'on consomme directement, mais qui est utilisé pour nourrir les porcs, la volaille ou encore les vaches laitières. Quand on consomme du lait, indirectement, on consomme du soja." Selon la porte-parole, une grande part des produits que l'on importe proviennent de zones qui sont à risque.

Toutes ces importations abiment les écosystèmes. "On entend souvent parler de déforestation. C'est la conversion d'un milieu naturel forestier pour notamment le transformer en pâturage, pour utiliser le bois, y mettre éventuellement des cultures d'huile de palme… Mais il n'y a pas que les écosystèmes forestiers, il y a aussi les non forestiers." Ces derniers, le public les connaît moins, affirme la porte-parole du WWF. "Il y a les tourbières. C'est comme dans les Hautes Fagnes, un sol tourbeux, un écosystème très humide qui est super important pour lutter contre le changement climatique parce qu'il va stocker énormément de carbone dans le sol. Il y a aussi les mangroves, essentielles parce qu'elles agissent comme des barrières pour protéger des tsunamis. On va les retrouver dans les zones côtières uniquement dans les régions tropicales. Il y a également les savanes et les prairies qui, à elles seules, vont stocker autant de carbone que les forêts. Elles sont donc très importantes pour lutter contre le réchauffement climatique." Or, la moitié des prairies et des savanes du monde a déjà été perdue. WWF explique également dans son rapport que 15% des réserves mondiales des tourbières sont détruites ou dégradées et que 35% des mangroves ont disparu en seulement 20 ans.

"On a converti l'équivalent de la moitié de la Wallonie"

Dans son rapport, le WFF a identifié 9 écorégions. "Ce n'est pas exhaustif, mais ça montre toute la diversité de ces écosystèmes à travers le monde." Des écosystèmes mis à mal, comme le Cerado évoqué plus haut. "Cette savane, qui constitue 1/5ème du territoire du Brésil, est convertie à une vitesse plus rapide que la forêt amazonienne. Et ça a tendance à s'accélérer. D'après les derniers chiffres dont on dispose, de l'été 2020 à l'été 2021, on a converti l'équivalent de la moitié de la Wallonie."

Ce sont les animaux qui en paient le prix fort, notamment l'orang-outan. "Il y a trois espèces d'orang-outan et l'une d'elles vit dans le Kalimantan, partie indonésienne de l'île de Bornéo. Là, on va convertir des tourbières pour produire de l'huile de palme. Le problème, c'est donc qu'on va grignoter l'habitat de l'animal alors qu'il est déjà en danger d'extinction."

"Il y a urgence"

Le 17 novembre dernier, la Commission européenne a dévoilé sa proposition de loi visant à minimiser l'impact de notre consommation sur la biodiversité mondiale. Une loi qui serait insuffisante d'après le WWF, puisqu'elle ne concerne que la déforestation. "Elle n'inclut pas automatiquement ces autres écosystèmes. Elle va réévaluer dans les deux ans. Le WWF estime qu'il faut inclure ces autres écosystèmes non forestiers dès maintenant parce qu'il y a urgence."

Au niveau individuel, nos actions comptent également, comme le souligne Deborah Van Thournout. "Il faut évidemment regarder les labels. Généralement, les marques qui font attention à ne pas provoquer la conversion à l'autre bout de la planète explique clairement l'origine. Il y a aussi la consommation de produits carnés, qui a un fort impact à l'autre bout de la planète. L'idée est donc de réduire la consommation de ces produits. Mais ce qu'il faut absolument faire, au niveau de la loi, c'est empêcher que ces produits issus de la déforestation et de la conversion atterrissent dans nos assiettes. Là, le consommateur saura qu'il pourra acheter les yeux fermés puisque ces produits seront d'office écartés."

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