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Voici la réaction de Didier Reynders, ministre des Affaires étrangères, aux violences à Gaza

Didier Reynders était l'invité de Martin Buxant sur Bel RTL ce mardi matin. Le ministre belge des Affaires étrangères a notamment réagi aux violences survenues à Gaza. Des dizaines de Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes alors qu'ils protestaient à la frontière contre l'inauguration de l'ambassade américaine à Jérusalem.

Martin Buxant: L'armée israélienne a tué quelque 55 Palestiniens, dont des enfants, dans la bande de Gaza. Vous condamnez ce qu'a fait Israël ces derniers jours?

Didier Reynders: Les violences sont inacceptables. Elles ont visé des civils. Israël doit respecter le droit de manifester. Normalement de manifester pacifiquement. Ce qui est évident ici, c'est que le Hamas (NDLR: mouvement islamiste palestinien constitué d'une branche politique et d'une branche armée, principalement actif à Gaza) a eu un comportement irresponsable en lançant à nouveau des milliers de personnes vers la frontière, quand on connaît les incidents de ces dernières semaines. Cela étant, ce que nous devrions demander aujourd'hui c'est une enquête indépendante aux Nations unies pour pouvoir vérifier ce qu'il s'est passé. C'est un usage qui n'est pas proportionné de la force face à des civils. On ne doit pas accepter ce genre de situation.

M. B.: Quelque part, vous renvoyez le Hamas et Israël dos à dos?

D. R.: Non, parce que je crois qu'il y a effectivement une attitude irresponsable du Hamas, ça c'est certain. Mais lorsqu'on a la responsabilité des forces de l'ordre, on doit pouvoir maîtriser la situation sans avoir un usage disproportionné de la force.

M. B.: Mais comment vous qualifiez cela, ce sont des assassinats?

D. R.: C'est inacceptable. Je dis simplement qu'on doit pouvoir condamner l'usage de la violence dans des conditions comme celles-là. Mais je dois rappeler aussi que nous avions condamné la démarche qui consiste à poser des gestes unilatéraux dans la région. Nous ne sommes pas du tout favorables à l'idée du transfert d'ambassade vers Jérusalem. Ça a provoqué la tension.

M. B.: C'est ce qui a mis le feu aux poudres. Cette décision du président américain de déplacer l'ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem.

D. R.: Nous avions tout de suite dit que c'était un acte qui n'allait pas dans le sens du dialogue ou de la reprise d'un dialogue possible au Moyen-Orient. On doit aller vers une solution à deux Etats. C'est la position européenne, c'est d'ailleurs la position américaine aussi. Dire clairement qu'il faut qu'un jour que deux Etats vivent en paix l'un à côté de l'autre, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Et ces deux Etats, lorsqu'ils seront là, on les reconnaîtra tous les deux, y compris l'Etat palestinien, et probablement ils auront tous les deux Jérusalem comme capitale. Mais il ne sert à rien de poser des actes unilatéraux. Même si le président américain fait ce qu'il a toujours annoncé: poser des actes unilatéraux, comme sur le climat, comme sur l'accord nucléaire iranien.

M. B.: Dans les événements qui se sont produits hier, est-ce que les États-Unis portent quelque part la responsabilité de ces morts?

D. R.: Je crois qu'il ne faut pas aller aussi loin dans la démarche aujourd'hui. Ce qu'il faut constater, c'est qu'on est en train de s'éloigner de toute solution au Moyen-Orient. Et c'est peut-être l'occasion pour l'Europe de jouer un rôle.

M. B.: Mais l'Europe on ne l'entend pas...

D. R.: C'est une des grandes difficultés. Les États-Unis sont un peu en-dehors du débat pour l'instant quand on voit la position palestinienne, mais ils sont indispensables. Ils sont là, on le voit, à côté d'Israël. L'Europe a un rôle à jouer, parce qu'elle est à la fois le premier partenaire commercial d'Israël, et le premier donateur pour l'Autorité palestinienne.

M. B.: Et pourquoi on ne l'entend pas l'Europe? Parce qu'elle est divisée?

D. R.: Parce qu'il faut que l'Europe trouve une position commune. Nous avons toujours une position commune sur cette solution à deux Etats. Mais on le voit ces derniers temps, notamment en Europe de l'Est, il y a des positions divergentes dans le conflit du Moyen-Orient. Donc la première des choses que nous devons faire, et je pense à la Belgique, c'est tenter au sein de l'Europe, de faire en sorte que cette Europe, que nous voulons voir jouer un rôle, s'exprime d'une seule voix.

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