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Corée du Nord: Moscou et Pékin demandent un allègement des sanctions

La Chine et la Russie ont demandé jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU d'envisager un allègement des sanctions contre la Corée du Nord, rejetant l'appel des États-Unis en faveur d'une application "stricte" pour garantir la réussite de sa dénucléarisation.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait convoqué cette réunion de l'organe suprême des Nations unies pour réclamer "l'application stricte des sanctions", "jusqu'à ce que la dénucléarisation soit terminée et entièrement vérifiée".

Il a dénoncé des violations des limites imposées aux importations de pétrole et de charbon par Pyongyang ainsi qu'à l'accueil de travailleurs expatriés nord-coréens par certains Etats, une manne financière pour le régime reclus.

Sans désigner Moscou et Pékin aussi clairement que ces dernières semaines, il a déploré que certains pays membres du Conseil, censés "montrer l'exemple", court-circuitent les résolutions de l'ONU.

Ces deux pays ont opposé une fin de non-recevoir à son appel.

Les mesures punitives doivent être respectées sans être "une fin en soi", a répondu son homologue chinois Wang Yi, estimant que les "développements positifs" doivent conduire le Conseil de sécurité à "modifier les sanctions à la lumière du respect des résolutions par la Corée du Nord".

Jugeant que les sanctions ne doivent pas se transformer en "punition collective", le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a aussi appelé à accompagner par "des signes positifs" la spectaculaire détente en cours après les menaces de guerre atomique de l'an dernier. "Des pas nord-coréens vers un désarmement progressif doivent être suivis par un allègement des sanctions", a-t-il martelé.

Officiellement, les Etats-Unis refusent toute approche progressive et donnant-donnant. Leur ligne: la dénucléarisation complète d'abord, la levée des sanctions seulement en bout de processus.

- Annonces "positives" -

Le chef de la diplomatie japonaise Taro Kono a imploré les grandes puissances à préserver l'unité qui avait mené en 2017 à l'adoption de sanctions sans précédent contre les programmes nucléaire et balistique nord-coréens, soulignant avec inquiétude que Pyongyang n'avait pas encore mis fin à son programme nucléaire.

Pour autant, Mike Pompeo a voulu insister sur des annonces "positives" après la reprise récente du dialogue direct avec les Nord-Coréens.

Il a rencontré mercredi à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, son homologue nord-coréen Ri Yong Ho et annoncé qu'il se rendrait en octobre à Pyongyang, pour la quatrième fois depuis le printemps.

Objectif: "de nouveaux progrès" vers la dénucléarisation et préparer un deuxième sommet entre Donald Trump et Kim Jong Un, dans un avenir proche.

Désormais "impatient" de retrouver le dirigeant nord-coréen, le président des Etats-Unis a affiché un optimisme à toute épreuve cette semaine à l'ONU, où il avait l'an dernier atteint l'apogée de son discours musclé en menaçant de "détruire totalement" la Corée du Nord.

"Si je n'avais pas été élu, ce serait la guerre" et "des millions de personnes auraient été tuées", a-t-il martelé.

Lors du premier sommet historique Trump-Kim en juin à Singapour, l'homme fort de Pyongyang avait promis d'oeuvrer à la "dénucléarisation complète de la péninsule coréenne".

Mike Pompeo a ensuite engagé des négociations pour transformer cet engagement vague en un accord sur la "dénucléarisation définitive et entièrement vérifiée".

Mais ces discussions ont vite stagné: le secrétaire d'Etat est rentré bredouille d'une visite dans la capitale nord-coréenne en juillet. Et son déplacement suivant, prévu fin août, avait été annulé par Donald Trump, contraint de reconnaître, pour la première fois, l'insuffisance de progrès concrets.

En échange de premières mesures concrètes de désarmement, la Corée du Nord réclame notamment une déclaration mettant fin à la guerre de Corée, qui ne s'est achevée en 1953 que par un armistice. Une demande appuyée jeudi par le ministre chinois, qui a estimé qu'elle aiderait à "bâtir la confiance et à faciliter la dénucléarisation".

De nombreux observateurs estiment que le numéro un de Pyongyang préfère une relation directe avec l'iconoclaste milliardaire républicain, dont il pense pouvoir obtenir davantage de concessions.

Alors que Mike Pompeo a fixé l'échéance de janvier 2021 pour la dénucléarisation, Donald Trump a ainsi assuré mercredi ne pas vouloir "rentrer dans ce jeu-là". "Si ça prend deux ans, trois ans ou cinq ans, ça n'a pas d'importance", a-t-il lancé.

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