Accueil Actu

XV de France: Machenaud contre vents et marées

Gravement blessé en 2018, en échec avec le Racing 92 et diminué en août lors de la préparation du XV de France, le demi de mêlée Maxime Machenaud sera pourtant titulaire mercredi face aux Etats-Unis, une première pour lui en Coup e du monde.

"Bien sûr, je reviens de loin, je ne vais pas le cacher." Loin comme les 10.000 kilomètres qui séparent Fukuoka (sud du Japon), où le Racingman (30 ans, 37 sél.) débutera un match dans un Mondial, et de Bordeaux, sa ville natale qui lui a laissé deux sombres souvenirs un an plus tôt.

Le premier est le plus frustrant. Le 29 avril 2018, Machenaud, titulaire avec les Bleus tout le Tournoi des six nations, est au sommet de sa forme et le Racing lancé vers un possible doublé Coupe d'Europe - Top 14.

Le match contre Bordeaux-Bègles n'est qu'une formalité (39-15) et le N.9, ménagé, doit juste tenir dix minutes pour remplacer Teddy Iribaren, sorti sur protocole commotion. Il se blesse sur sa dernière action: rupture des ligaments croisés du genou droit. Sa saison est terminée et le Racing, également privé des ouvreurs Dan Carter et Pat Lambie, ne s'en remettra pas.

Le second est encore plus tragique. Huit mois plus tard, Machenaud peut enfin faire son retour en Top 14 là où il l'a quitté, à Chaban-Delmas, face à son club formateur et sous les yeux de ses proches, qui plus est le jour de ses 30 ans. Pour ce rendez-vous riche en symboles, il est même nommé capitaine. Mais le matin du match, son père, atteint d'un cancer, décède. Le Bordelais d'origine joue tout de même, respectant ainsi la volonté du défunt. Et le Racing coule (40-7).

- Critiqué par son président -

Machenaud n'abandonne pas. "Chaque joueur connaît une baisse de régime; pour moi, il y a eu des blessures, des choses extra-sportives mais j'ai toujours eu cette volonté de revenir au plus haut niveau", explique-t-il à Kumamoto.

La pente fut pourtant tout aussi savonneuse en 2019: une transformation ratée par le N.9 et le Racing passe à la trappe en Coupe d'Europe contre Toulouse (21-22), puis s'effondre en barrages du Top 14. Le capitaine n'est même pas épargné par son propre président. "Je constate que la paire Iribaren-Russell du début de saison a été plus performante que la paire Machenaud-Russell du printemps", persifle Jacky Lorenzetti qui s'interroge sur le capitanat. "Max, à qui je ne fais aucun reproche, serait peut-être plus à l'aise si on le débarrassait de cette responsabilité..."

"Je suis revenu dans une équipe qui avait du mal à fonctionner", répond l'intéressé. "J'ai manqué de soutiens, les leaders de jeu manquaient par rapport aux années précédentes donc je me sentais parfois un peu esseulé; j'avais la responsabilité du but, j'ai connu un échec à Clermont (il rate la pénalité de la gagne, NDLR). Plein de choses qui font que... je me suis accroché quand même."

- "Abnégation" -

Sa présence le 18 juin dans la liste des 31 fut presque une surprise. Mais la galère n'est pas terminée! Touché aux ischio-jambiers en août, il ne peut pas postuler aux matches de préparation des Bleus et laisse donc Baptiste Serin s'installer en N.2 d'Antoine Dupont.

Sa réponse est toujours la même: le "travail" et "l'abnégation", avec lesquels "on peut arriver à beaucoup de choses". Sa persévérance est récompensée par une place sur le banc contre l'Argentine (23-21). Et sur le dernier ballon des Pumas, devinez qui sauve les Bleus par un grattage décisif...

Résultat, Machenaud a bousculé la hiérarchie et débutera, plutôt que Serin, face aux Américains. "Je veux pas me mettre dans la tête que je suis N.3, N.2 ou N.1; quand on me donne la responsabilité, j'essaye de l'assumer au mieux", balaye-t-il avant de prévenir.

"J'ai réussi à convaincre le staff de me sélectionner, de me mettre titulaire mais c'est loin d'être fini. Mon objectif, c'est d'être très performant pour l'équipe et qu'on aille le plus loin possible." Avec un tel revenant, les adversaires peuvent se méfier.

À lire aussi

Sélectionné pour vous