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Yémen: combats sporadiques près de Hodeida, poursuite de la mission de l'ONU

Des combats ont opposé dimanche les troupes progouvernementales aux rebelles près de l'aéroport de Hodeida au Yémen, au moment où l'émissaire de l'ONU cherche une solution pour éviter aux habitants de cette région clé de nouvelles souffrances.

Au 5e jour d'une offensive qui piétine et fait craindre pour les civils déjà éprouvés par plus de trois ans de guerre, l'émissaire Martin Griffiths, poursuit à Sanaa, la capitale contrôlée par les rebelles Houthis, des entretiens axés sur la bataille de Hodeida (ouest).

C'est principalement par le port de cette ville sur la mer Rouge, que passe l'aide humanitaire internationale sur laquelle compte une bonne partie des habitants de ce pays pauvre de la péninsule arabique pour survivre.

A la faveur de l'offensive lancée mercredi avec l'aide d'une coalition militaire sous commandement saoudien, les troupes fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi ont progressé jusqu'à l'aéroport de Hodeida, situé à la limite sud de la cité tenue par les Houthis depuis 2014.

Dimanche, après des combats acharnés ces derniers jours, les protagonistes ont échangé par intermittence des tirs d'obus près de l'aéroport et sur la route côtière, selon des sources militaires.

Des tirs qui perturbent les lignes d'approvisionnement des forces progouvernementales qui assiègent des côtés ouest et sud cet aéroport toujours aux mains des rebelles, ont-elles ajouté.

Les Houthis avaient réussi vendredi à couper la route côtière à 100 km au sud de Hodeida, au niveau de la localité de Tuhaita.

"Les tirs se poursuivent dans ce secteur, ce qui affecte la déroulement de l'offensive et perturbe l'arrivée de renforts en provenance du sud", selon une source des forces progouvernementales.

- Milliers de déplacés -

Dans le même temps, l'aviation saoudienne a continué ses raids sur les positions rebelles dans le secteur de Hodeida, ont indiqué les médias des Houthis.

En cinq jours, les combats ont fait au moins 139 morts: 118 rebelles et 21 soldats, selon des sources médicales.

Les forces progouvernementales sont parvenues rapidement aux environs de l'aéroport fermé de Hodeida mais ont dû faire face ensuite à une résistance farouche des rebelles.

Depuis le début juin et les combats dans la province de Hodeida, dont la ville éponyme est le chef-lieu, près de 4.500 familles ont été déplacées, selon le bureau de coordination de l'ONU pour les affaires humanitaires (OCHA). 4.458 familles ont quitté leurs maisons et 36 ont perdu leurs fermes endommagées par les violences, a-t-il précisé dans un communiqué, en ajoutant que le port est resté ouvert malgré l'assaut.

Dans cette guerre qui a fait près de 10.000 morts en plus de trois ans, la bataille de Hodeida est la plus importante depuis une offensive en 2015 qui avait permis aux forces progouvernementales de reprendre aux rebelles plusieurs régions du sud dont Aden, la deuxième ville du pays où siège le pouvoir.

Après l'assaut sur Hodeida, par où transite l'essentiel des marchandises importées, la communauté internationale a dit craindre une interruption de l'aide internationale, essentielle pour un pays frappé par "la pire crise humanitaire du monde" selon l'ONU.

Mais l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, un autre pilier de la coalition dont les troupes aident au sol les loyalistes, ont cherché à atténuer ces craintes en promettant une aide "par air, par mer et par voie terrestre aux civils".

Ryad et Abou Dhabi expliquent cette offensive par la nécessité selon eux d'empêcher les rebelles d'utiliser le port pour lancer des attaques contre la navigation internationale en mer Rouge et de mettre fin à l'acheminement d'armes iraniennes aux Houthis.

- Entretiens à Sanaa -

En dépit des démentis iraniens sur un transfert d'armes aux Houthis, un rapport confidentiel de l'ONU consulté par l'AFP a établi que des composants de missiles tirés sur l'Arabie saoudite par les Houthis ont été fabriqués en Iran, mais leur date d'envoi au Yémen n'a pas pu être déterminée.

Arrivé samedi à Sanaa, M. Griffiths a vu dimanche des responsables Houthis, selon l'agence de presse Saba contrôlée par les insurgés. Il a souligné, selon l'agence, son désir de continuer à rechercher une "solution politique" au conflit.

En face, Hicham Charaf, qui fait office de chef de la diplomatie des Houthis, a dit que l'offensive contre Hodeida était destinée à "mettre en échec les efforts destinés à relancer le processus de règlement politique".

La coalition militaire est intervenue au Yémen en mars 2015 pour aider le pouvoir à stopper la progression des Houthis qui s'étaient emparés à la faveur d'une offensive d'envergure de vastes pans du territoire dont Sanaa. Avec cette opération de la coalition, l'Arabie saoudite sunnite a dit vouloir stopper "l'influence" de l'Iran chiite.

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