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Yémen: dans la capitale Sanaa, un concours d'équitation, malgré la guerre

"Nous n'avons pas peur": sous le ciel de Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par des rebelles et sans cesse menacée par l'aviation saoudienne, les amateurs d'équitation n'ont pu se priver du plaisir d'un concours de saut d'obstacles, malgré la guerre.

Durant cinq jours (30 mai-3 juin), 180 cavaliers représentant la crème de la crème de l'équitation yéménite se sont succédé sur un terrain aménagé, dans le centre de la ville aux mains depuis trois ans des rebelles Houthis.

Dans le même temps, à quelque 200 kilomètres à l'ouest, des combats faisaient rage entre ces insurgés et les forces progouvernementales, appuyées par une coalition sous commandement saoudien et qui tentent de reprendre le port stratégique de Hodeida, sur la mer Rouge.

"Il n'était pas possible d'organiser le concours dans le club d'équitation de Sanaa, trop exposé à l'aviation saoudienne", a expliqué à l'AFP Najib al-Adri, vice-président de la Fédération d'équitation.

Les organisateurs se sont donc rabattus sur le Club al-Wahda, où des cavaliers en tenue de compétition ont fait parcourir le saut d'obstacles à des chevaux dont certains paraissaient bien maigres.

"Nous n'avons pas peur, en dépit des bombardements. Nous voulons démontrer que la vie continue normalement à Sanaa", a souligné M. Adri.

Dans les gradins, des dizaines d'hommes et de femmes suivent l'évolution des cavaliers, saluant par des applaudissements chaque performance de cette compétition sur gazon synthétique, la première organisée à ce niveau depuis des années.

Elle s'est déroulée sous le slogan "Unité et Paix" avec la participation de plusieurs clubs du pays, dont ceux de l'Académie de police et de l'armée.

"Cette compétition est un défi direct aux bombardements de l'aviation de la coalition", a commenté un spectateur, Nasser Hamadi.

Pour d'autres habitants de Sanaa, le concours est venu témoigner du fait que la vie pouvait être normale, malgré la bataille pour Hodeida et les raids sur la capitale.

- "Impossible" pas yéménite -

Sur sa page Facebook, la Fédération d'équitation a souligné que "le mot +impossible+ n'avait pas sa place dans le dictionnaire".

"Quelles que soient les difficultés, la croyance et la volonté sont suffisantes pour en venir à bout", a-t-elle ajouté.

Au Yémen, l'équitation est loin d'être aussi populaire que d'autres sports, en premier lieu le football.

En dépit de la guerre, l'équipe nationale de football s'est ainsi qualifiée en mars, pour la première fois, pour la phase finale de la Coupe d'Asie des nations. L'équitation est perçue, comme dans d'autres pays, comme un "sport de riches".

Il y a toutefois peu des distractions dans la capitale en guerre Sanaa, une ville d'environ deux millions d'habitants où les pénuries sont courantes.

En moins d'une semaine, la bataille pour la reprise par les forces progouvernementales du port stratégique de Hodeida a elle coûté la vie à plus de 100 combattants, ont indiqué samedi des sources médicales et militaires.

Les rebelles résistent fortement à l'offensive tout au long de la côte, une vallée désertique couverte de dunes et de végétation du désert.

Outre Sanaa et Hodeida, les Houthis, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme) et soutenus par l'Iran, contrôlent depuis fin 2014 de vastes régions du nord et de l'ouest du Yémen.

En mars 2015, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une coalition militaire pour venir en aide au gouvernement internationalement reconnu qui s'est réfugié dans le sud.

Le conflit yéménite a fait près de 10.000 morts, plus de 55.000 blessés et provoqué, selon l'ONU, "la pire crise humanitaire du monde".

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