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Yémen: discussions sur une reprise des pourparlers de paix, combats autour de Hodeida

Les rebelles yéménites Houthis ont discuté avec l'émissaire de l'ONU Martin Griffiths d'une reprise "le plus tôt" possible des pourparlers de paix, une semaine après l'annulation de discussions à Genève et une intensification des combats autour de la ville stratégique de Hodeida.

La rencontre, qui a eu lieu jeudi dans la capitale omanaise Mascate, a porté sur "les raisons" qui avaient empêché le départ pour Genève de la délégation des rebelles et les "mesures nécessaires" en vue de la tenue de nouvelles discussions "le plus tôt possible", a indiqué vendredi l'agence de presse des rebelles Houthis, Saba.

Samedi dernier, des consultations très attendues sous l'égide de l'ONU ont échoué à Genève avant même d'avoir commencé: après avoir posé des conditions à leur présence, les rebelles Houthis n'ont finalement pas fait le déplacement.

Si elles avaient eu lieu, les discussions de Genève auraient été les premières entre le gouvernement yéménite et les Houthis depuis celles qui avaient duré plusieurs mois au Koweït en 2016.

Celles-ci avaient buté sur le retrait des rebelles de villes clés, comme Sanaa, et le partage du pouvoir. La délégation des Houthis avait ensuite été bloquée trois mois à Oman en raison du blocus aérien imposé par Ryad au Yémen. Ce précédent a suscité les craintes des rebelles ces derniers jours.

Pour se rendre à Genève, les Houthis avaient exigé le 6 septembre leur transport dans un avion omanais, le transfèrement de blessés vers Mascate et la garantie de pouvoir rentrer à Sanaa.

"Il n'y aura pas d'avancée concernant les discussions tant que nous n'aurons pas obtenu de garanties", a souligné vendredi à l'AFP Hamid Assem, membre de la délégation Houthie joint par téléphone.

Depuis l'échec des pourparlers à Genève, où les rebelles contrôlent de vastes territoires dans l'ouest et le nord du pays, des combats meurtriers ont repris autour de la ville portuaire de Hodeida (ouest), point d'entrée crucial pour l'aide humanitaire.

Le sort de centaines de milliers de civils est en jeu dans la province éponyme, où les familles sont "terrifiées par les bombardements", s'est alarmée jeudi la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour le Yémen, Lise Grande.

- "Défendre Hodeida" -

Des forces loyales au gouvernement yéménite, soutenues par une coalition militaire conduite par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, veulent reprendre Hodeida aux rebelles Houthis, qui la contrôlent depuis 2014.

Jeudi, les Houthis ont lancé une contre-offensive pour récupérer le contrôle de "Kilo 10" et "Kilo 16", deux routes clés près de Hodeida dont s'étaient emparées la veille les forces progouvernementales, ont dit à l'AFP des sources militaires.

Près de 50 personnes, dont sept membres des forces anti-rebelles, ont été tuées ces dernières 24 heures, d'après le personnel médical de deux hôpitaux de la province.

Vendredi, les Emirats arabes unis ont indiqué que les opérations militaires se poursuivaient comme prévu, et que l'un de leurs objectifs était d'encercler la ville de Hodeida.

"Des combats intermittents ont eu lieu vendredi dans plusieurs secteurs autour de la ville", a indiqué à l'AFP une source des forces gouvernementales, faisant état de renforts dépêchés par les rebelles.

Selon des sources militaires et médicales dans la province, 16 rebelles ont été tués par une frappe aérienne de la coalition aux extrémités sud de la ville jeudi soir. Et trois membres des forces gouvernementales sont morts, tués par un obus tiré sur un véhicule militaire à l'est de la ville.

Les Houthis entre-temps ont lancé, via notamment leur télévision Al-Massirah, des appels à leurs partisans à défendre Hodeida.

"Hodeida appelle tout le monde, Hodeida est à tous les Yéménites, il faut la défendre", a aussi affirmé l'imam de la prière du vendredi dans la grande mosquée Al-Norain à Sanaa, selon le correspondant de l'AFP.

Dans d'autres mosquées, des appels ont été lancés à la population pour aider les déplacés fuyant les combats.

"Les opérations actuelles autour de Hodeida sont en train d'atteindre leurs objectifs avec succès (...) et l'étau se resserre" sur la ville, a ainsi affirmé le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash sur Twitter.

"L'absence (des Houthis) aux discussions de Genève va leur coûter cher sur le champ de bataille. Nous restons convaincus que la libération de Hodeida est la clé de la solution au Yémen", a-t-il ajouté.

Depuis mars 2015, date du début de l'intervention de la coalition menée par Ryad, le conflit au Yémen a fait près de 10.000 morts et provoqué "la pire crise humanitaire au monde" selon l'ONU.

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