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Yémen: gouvernement et rebelles examinent à Amman un échange des prisonniers

Le pouvoir et les rebelles yéménites ont tenté jeudi à Amman de traduire dans les faits un accord sur l'échange de milliers de prisonniers, tandis que la trêve à Hodeida semblait tenir malgré les retards pris dans le redéploiement des forces en conflit.

Pour la deuxième journée consécutive, des représentants des deux camps ont discuté dans la capitale jordanienne de la libération des détenus, en application d'un accord conclu avant les pourparlers de paix tenus en décembre en Suède, a indiqué un responsable de l'ONU.

L'accord sur l'échange des prisonniers faisait partie, avec l'évacuation de blessés rebelles qui a pu être réalisée, des mesures de confiance ayant précédé les consultations en Suède.

C'est à la demande du médiateur de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, que la Jordanie a accepté d'accueillir ces discussions tenues en présence de représentants de l'ONU et du Comité international de la Croix-Rouge, qui doit jouer un rôle dans la supervision de l'échange de prisonniers.

Les deux protagonistes ont déjà échangé des listes de prisonniers dans le cadre de l'accord qui pourrait concerner jusqu'à 15.000 personnes au total.

Les discussions d'Amman, les premières depuis celles de Suède, ont coïncidé avec l'adoption par le Conseil de sécurité d'une résolution technique confirmant l'établissement pour une durée initiale de six mois, d'une mission d'observation onusienne visant à superviser la trêve et un retrait de troupes dans la ville de Hodeida (ouest), aux mains des rebelles.

Le texte prévoit une mission comprenant 75 observateurs civils. Depuis fin décembre et une précédente résolution de l'ONU, une quinzaine d'observateurs sous le commandement d'un ex-général néerlandais, Patrick Cammaert, supervisent le cessez-le-feu en vigueur depuis le 18 décembre à Hodeida, un port crucial pour l'acheminement de l'aide humanitaire à quelque 20 millions de personnes.

Le retrait prévu des rebelles des ports de Hodeida, de Salif et de Ras Issa -ces deux derniers sont situés dans la province de Hodeida-, a pris du retard et les combats ne sont pas arrêtés totalement.

- "Occasion réelle" -

Mais M. Griffiths a affirmé que la trêve tenait de manière globale. Mercredi, il s'est dit agréablement surpris de voir la trêve tenir à Hodeida malgré la surveillance "actuellement très faible" de l'ONU.

Un nouveau round de consultations de paix avait été annoncé pour janvier, mais il ne devrait finalement pas se tenir avant février, selon M. Griffiths.

Mercredi à l'occasion d'une réunion à Berlin destinée à mobiliser des dons pour soutenir les efforts de paix au Yémen, le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a annoncé que son pays s'engageait à verser 4,5 millions d'euros comme contribution au nouveau fonds de soutien au processus de paix.

"Au Yémen, une catastrophe humanitaire menace de se produire si nous ne parvenons pas à mettre un terme définitif à ce conflit", a dit M. Maas. "L'important est de saisir l'occasion, petite mais réelle, et de faire en sorte que l'appui international au processus de paix soit aussi constructif que possible".

Le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi a toutefois exprimé des réserves à propos de la réunion de Berlin, reprochant, dans un communiqué, aux organisateurs d'avoir tenu cette rencontre sans se coordonner, au préalable, avec lui.

La guerre au Yémen entre rebelles soutenus par l'Iran et le gouvernement appuyé par une coalition militaire sous commandement saoudien, a fait quelque 10.000 morts et provoqué la pire crise humanitaire du monde, selon l'ONU. Des ONG estiment que le bilan des victimes est largement supérieur.

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