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Yémen: la coalition libère sept prisonniers Houthis mais menace les rebelles

Sept Houthis ont été relâchés mercredi par la coalition intervenant au Yémen sous commandement saoudien, au lendemain de la libération d'un premier prisonnier par les rebelles yéménites, une démarche susceptible de faire avancer l'accord sur l'échange de prisonniers entre les parties du conflit.

Quelques heures après l'annonce de la libération des détenus Houthis, la coalition a dit avoir "frappé avec force" des positions rebelles menaçant "d'une force plus calibrée" pour contraindre les rebelles à respecter les accords.

La coalition a annoncé avoir "remis 7 détenus de la milice des Houthis en échange du prisonnier saoudien", selon la chaîne saoudienne Al-Ekhbariya. Elle a ajouté avoir "remis les détenus et assuré leur retour (...) sous la supervision du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)".

L'émissaire de l'ONU Martin Griffiths a "salué" la libération des sept détenus Houthis se disant "très encouragé par cet esprit positif de la part des deux parties", a indiqué son bureau sur Twitter. Les sept prisonniers ont été transférés ce jour par le CICR de Ryad à Sanaa, sous contrôle des rebelles, a précisé l'ONU.

M. Griffiths a dit espérer que cette libération "poussera à l'application rapide de l'accord sur l'échange des prisonniers", conclu en décembre en Suède.

Mardi, un premier prisonnier avait été libéré par les rebelles Houthis dans le cadre de cet accord.

"L'émissaire spécial salue la libération sans condition (...) d'un prisonnier saoudien malade", avait déclaré sur Twitter M. Griffiths, disant "espérer de voir d'autres gestes humanitaires similaires de la part des parties" belligérantes.

Le Comité international de la Croix-rouge, qui supervisait aussi l'opération de mardi, avait ensuite confirmé le transfert à Ryad d'un soldat saoudien, qui avait quitté Sanaa.

L'organisation a également diffusé une vidéo montrant un homme dans une civière emmené à bord d'un avion de la Croix-Rouge.

Le soldat saoudien s'appelle Moussa al-Awaji, a déclaré la chaîne de télévision rebelle Al-Masirah. Il a été libéré "sans garantie, en guise de geste humanitaire", a-t-elle affirmé.

Il s'agissait alors du premier prisonnier relâché dans le cadre de l'accord conclu en décembre en Suède lors de pourparlers organisés par l'ONU entre le gouvernement yéménite, soutenu par une coalition menée par l'Arabie saoudite, et les rebelles Houthis appuyés par l'Iran.

- Menaces de la coalition -

A l'issue de ces négociations, les deux parties belligérantes ont accepté d'échanger 15.000 prisonniers et ont soumis la liste des noms de ces captifs au médiateur de l'ONU.

Elles ont aussi accepté un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 18 décembre dans la ville de Hodeida, bien que des combats sporadiques s'y poursuivent. Un redéploiement des forces rivales programmé pour le 7 janvier n'a pas eu lieu également.

Cet échange réalisé mardi et mercredi est "un pas dans la bonne direction", a dit à l'AFP une porte-parole du CICR à Sanaa, Mirella Hodeib. "Il donne de l'espoir et soulage de nombreuses familles dont les membres ont été séparés par le conflit au Yémen".

"Nous souhaitons que les parties belligérantes se mettent d'accord sur des listes définitives pour entamer l'opération d'échange à une plus grande échelle", a-t-elle ajouté.

Dans une interview publiée lundi par le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat, l'émissaire de l'ONU Martin Griffiths avait déclaré que la mise en oeuvre des accords conclus en Suède --dont celui sur un vaste échange de prisonniers-- avait été repoussée en raison de difficultés sur le terrain.

Après l'annonce de la libération des 7 rebelles yéménites, une source au sein de la coalition a indiqué à l'AFP que celle-ci était "prête à faire usage d'une force plus calibrée" contre les Houthis pour les amener à "respecter" les accords conclus en Suède.

Elle a aussi fait état de bombardements menés ce jour par la coalition contre dix camps d'entraînement rebelles affirmant avoir "frappé avec force" et accusant les Houthis de nombreuses violations.

Le conflit au Yémen a fait quelque 10.000 morts depuis qu'une coalition militaire menée par Ryad est intervenue en mars 2015 pour soutenir le gouvernement, selon l'Organisation mondiale de la santé.

Des groupes de défense des droits humains affirment que le nombre réel de morts pourrait être cinq fois plus élevé.

La guerre a mis 14 millions de Yéménites au bord de la famine dans ce que les Nations unies qualifient de pire crise humanitaire dans le monde.

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