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Yémen: le port de Hodeida dans la ligne de mire de la coalition anti-rebelles

Hodeida, principal point d'entrée des importations et de l'aide humanitaire au Yémen, est dans la ligne de mire de la coalition anti-rebelles, de plus en plus convaincue que ce grand port de l'ouest est utilisé à des fins militaires par les insurgés Houthis.

Un cargo turc, transportant du blé, a subi une "attaque délibérée venant du port de Hodeida" contrôlé par les rebelles, a affirmé mardi le porte-parole de la coalition sous commandement saoudien, le colonel Turki al-Maliki.

Le navire a fait l'objet d'une attaque aux missiles au large de Hodeida, en mer Rouge.

Mercredi, les Emirats arabes unis, autre pilier de la coalition anti-rebelles, ont indiqué avoir détruit en mer Rouge deux embarcations des Houthis qui "menaçaient des tankers".

Pour la coalition qui soutient les forces progouvernementales yéménites, ces incidents accréditent la thèse selon laquelle Hodeida est utilisé par les Houthis, appuyés par l'Iran, pour menacer la navigation et donner l'impression que l'approvisionnement par voie maritime est à haut risque.

- Progression lente -

Jusqu'ici, l'ONU, qui redoute des perturbations dans les importations et l'acheminement de l'aide humanitaire au Yémen, a mis en garde contre toute opération militaire de la coalition pour s'emparer de Hodeida.

Mais depuis la mi-mai, les Emirats arabes unis ont pris l'initiative d'intensifier une opération ayant pour objectif ultime de prendre cette ville portuaire.

Les combats sont rudes et la progression est ralentie par de multiples mines posées par les rebelles, selon des sources militaires gouvernementales yéménites.

Les lignes de front se situent au nord de la ville côtière de Mokha, elle-même située à 180 km au sud de Hodeida, ainsi qu'à Hays et al-Jarahi, à la même latitude à l'intérieur des terres.

"Nous avons progressé par certains endroits de plus de 20 km", a assuré Al-Hassan Taher, gouverneur de la province de Hodeida de l'administration loyaliste présent à Mokha au centre de commandement des Emirats.

Il a toutefois reconnu la difficulté de progresser au milieu des mines et en s'assurant que les civils soient épargnés par les combats.

"Nous veillons à ce que nos forces n'opèrent pas dans les zones où il y a une forte densité de civils", a-t-il dit.

Amnesty International s'est inquiétée le 17 mai du sort de dizaines de milliers personnes qui ont fui leurs foyers en raison des combats dans la province de Hodeida.

Des sources militaires assurent que l'avant-garde de l'offensive se trouve par endroits à seulement 70 km au sud de Hodeida.

Les combats sont ponctuels mais parfois très meurtriers. Ainsi, 64 rebelles et 19 militaires loyalistes ont été tués en l'espace de 24 heures la semaine dernière, selon un bilan communiqué le 17 mai par des sources médicales et hospitalières.

- Forces hétéroclites -

Plus récemment, 26 rebelles et 9 soldats sont tombés en quelques heures heures d'affrontements, selon un bilan communiqué mardi.

Pour mener à bien son opération militaire, les Emirats arabes unis n'ont eu d'autre choix que de faire travailler ensemble des forces hétéroclites avec les problèmes de coordination qui en découlent.

La principale force est formée des "Brigades des géants", ancienne force d'élite de l'armée yéménite qui a été remise sur pied par les Emirats avec le renfort de milliers de combattants originaires du sud du Yémen.

La deuxième force est composée de fidèles de l'ancien président Ali Abdallah Saleh, tué en décembre par ses propres alliés, les Houthis. Elle est conduite par Tarek Saleh, neveu de l'ex-président, qui a rallié en avril la coalition menée par l'Arabie saoudite, sans reconnaître jusqu'ici le président Abd Rabbo Mansour Hadi, exilé à Ryad.

La troisième force, appelée la "Résistance de Tihama", est formée de militaires restés fidèles au président Hadi.

"Nous participons avec force aux combats destinés à débarrasser le Yémen des agents de l'Iran", a assuré le porte-parole des fidèles de l'ex-président Saleh, le colonel Sadeq Douid, en écartant toute dissension au sein du regroupement des trois forces.

Le front du sud-ouest est actuellement le plus actif du Yémen où la guerre a fait, depuis l'intervention de la coalition en 2015, près de 10.000 morts, plus de 55.000 blessés et provoqué, selon les Nations unies, la "pire crise humanitaire du monde".

Outre Hodeida, les Houthis contrôlent la capitale Sanaa, ainsi que d'autres vastes régions du nord.

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