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L'ONU exhorte au respect de la trêve au Yémen

L'émissaire de l'ONU au Yémen Martin Griffiths a exhorté dimanche les belligérants yéménites à respecter l'accord de trêve à Hodeida, port stratégique de l'ouest du Yémen aux mains des rebelles, qui a connu de violents combats et raids aériens.

Dans un tweet, l'émissaire a souligné "attendre des deux parties qu'elles respectent leurs obligations conformément au texte et à l'esprit de l'accord" annoncé jeudi en Suède "et qu'elles s'engagent à en appliquer immédiatement les dispositions".

"Les Nations unies travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement yéménite et Ansarullah (rebelles Houthis) pour veiller à ce que les dispositions de l'accord de Hodeida soient mises en œuvre en temps voulu et correctement", a ajouté M. Griffiths.

La trêve devant être observée à partir de vendredi n'a pas été totalement respectée.

Dimanche, des échanges de tirs sporadiques ont encore été rapportés par des habitants de Hodeida, une ville sur la mer Rouge qui constitue le point d'entrée des opérations humanitaires au Yémen, pays pauvre ravagé par des années de guerre.

"On entend les bruits de raids et d'échanges de tirs sans pouvoir les localiser", a dit un habitant joint par téléphone, sous le couvert de l'anonymat.

Mais ce sont surtout les affrontements et raids aériens de la nuit, les plus violents depuis l'annonce du cessez-le-feu jeudi, qui inquiètent, les belligérants s'en rejetant la responsabilité.

Au moins 29 combattants, dont 22 rebelles Houthis, ont été tués dans ces combats, a affirmé en matinée à l'AFP un responsable pro-gouvernemental. Ce bilan n'a pu être confirmé de source indépendante.

- Une "réussite" ? -

Sept rebelles ont en outre été capturés lors d'une offensive des Houthis contre la localité d'Al-Douraihimi, à environ 20 km au sud de Hodeida, a ajouté la même source.

L'agence de presse Saba contrôlée par les Houthis a de son côté affirmé que l'aviation de la coalition menée par l'Arabie saoudite continuait de procéder à des raids aériens dimanche dans la province de Hodeida.

Elle a accusé les forces pro-gouvernementales d'avoir bombardé samedi soir des quartiers résidentiels de la ville.

Tout en notant que les combats avaient baissé d'intensité à l'aube, un habitant de Hodeida a confirmé le caractère "violent" des affrontements de la nuit. Il a noté que le bruit d'avions survolant la ville avait été entendu toute la nuit.

Des combats sporadiques avaient été signalés dès vendredi soir dans les quartiers est et sud de Hodeida, au lendemain même de l'annonce du cessez-le-feu conclu en Suède entre les rebelles et les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi.

Selon les termes de cet accord, le cessez-le-feu devait pourtant entrer "immédiatement" en vigueur à Hodeida, qui constitue le principal point de fixation du conflit depuis des mois. Le retrait des combattants est lui prévu dans les "prochains jours".

Même si la fragilité du processus est connue de tous, les rebelles avaient qualifié samedi l'accord de "réussite".

Outre une trêve à Hodeida, cet accord prévoit un échange de quelque 15.000 combattants faits prisonniers ainsi que des mesures pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire à Taëz (sud-ouest), ville aux mains des loyalistes et assiégée par la rébellion.

- "Fléau de la malnutrition" -

Les pourparlers inter-yéménites doivent par ailleurs reprendre fin janvier pour tenter de définir un cadre de négociation en vue d'un règlement global.

Depuis 2014, la guerre au Yémen a fait au moins 10.000 morts et des millions de personnes sont menacées de famine dans ce pays où sévit "la pire crise humanitaire du monde", selon l'ONU.

Le chef de l'ONU Antonio Guterres a mis en garde dimanche contre le risque d'une nouvelle détérioration de la situation humanitaire en l'absence de paix.

"Le fait que la famine n'ait pas encore été déclarée ne diminue en rien notre inquiétude" face au fléau de la malnutrition dans le pays, a-t-il dit.

La guerre oppose les partisans du gouvernement soutenus depuis 2015 par une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite aux Houthis, appuyés par l'Iran, le grand rival chiite de Ryad.

Conscient de la fragilité de l'accord, M. Griffiths avait réclamé vendredi le déploiement rapide d'observateurs internationaux à Hodeida et dans des ports de la province.

Selon des diplomates, quelque 30 à 40 observateurs pourraient être déployés à Hodeida, ville d'environ 600.000 habitants.

Dans le conflit yéménite, d'autres points de blocage persistent, notamment celui concernant l'aéroport de Sanaa. La capitale elle-même est entre les mains des rebelles depuis 2014.

Lors des pourparlers de Suède, aucun accord n'a été trouvé sur cet aéroport international qui est soumis à un embargo de fait de la coalition et dont l'ouverture est réclamée avec insistance par les rebelles.

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