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Yémen: les séparatistes sudistes, à la recherche de l'indépendance perdue

Le Premier ministre du Yémen, Ahmed ben Dagher, a accusé dimanche les sudistes de fomenter un coup d'Etat dans la ville méridionale d'Aden, la deuxième du pays, où les séparatistes se sont emparés du siège provisoire du gouvernement.

Il a appelé la coalition militaire arabe --engagée sous commandement saoudien en soutien au président Abd Rabbo Mansour Hadi face aux rebelles Houthis-- à intervenir pour éviter le chaos, après des affrontements meurtriers entre sudistes et forces gouvernementales.

Quelques éléments de contexte pour comprendre ce développement qui complique encore davantage la recherche d'une solution dans un pays déchiré par la guerre.

- Deux Yémen, puis un seul -

Le Yémen du Sud était un Etat indépendant --avec l'ancienne colonie britannique Aden pour capitale-- depuis sa création en 1967 jusqu'à l'unification avec le Yémen du nord en 1990 sous la présidence du nordiste Ali Abdallah Saleh.

Quatre ans plus tard, des séparatistes lancent toutefois une rébellion. Le conflit militaire de mai-juillet 1994 entre le Nord et le Sud se solde par la victoire des troupes du général Saleh.

Les plaies de ce conflit ne se sont jamais refermées, nourrissant le sentiment séparatiste.

- Luttes de pouvoir -

Dans le chaos ayant suivi le départ du président Saleh, après les protestations populaires de 2011, les séparatistes ont soutenu le président internationalement reconnu Abd Rabbo Mansour Hadi dans sa bataille contre les rebelles Houthis et les pro-Saleh.

Les séparatistes ont longtemps appelé à la sécession de l'ancien Yémen du Sud, et leur soutien au président Hadi était loin d'être inconditionnel.

En mars 2015, le camp rebelle avance vers Aden, où le président a trouvé refuge après avoir fui la capitale Sanaa où il avait été mis en résidence surveillée par les rebelles.

Mais la coalition emmenée par l'Arabie saoudite intervient alors en soutien aux forces pro-Hadi, chassant les rebelles d'Aden à l'été 2015, ainsi que de quatre autres provinces du sud.

Les forces pro-Hadi ont également bénéficié du soutien de la Résistance populaire, une alliance formée par des séparatistes et des tribus sudistes ayant pris les armes après que le camp des Houthis s'est approché de leurs régions.

- Conseil de transition du sud -

Les tensions entre le gouvernement Hadi et les séparatistes se sont récemment aggravées: il y a une semaine, le Conseil de transition du sud a publié une déclaration exigeant "des changements dans le gouvernement" et donnant à M. Hadi "une semaine" pour les mettre en oeuvre. Cet ultimatum, au terme duquel le Conseil avait menacé d'organiser un sit-in pour "chasser le gouvernement", a expiré dimanche matin.

Ce Conseil de transition du sud a été mis en place en mai 2017 par l'ancien gouverneur d'Aden, Aidarous al-Zoubaidi, limogé un mois auparavant par M. Hadi, pour "diriger les provinces du sud et les représenter à l'intérieur et à l'extérieur" du pays. Le président Hadi avait également limogé le ministre d'Etat Hani ben Breik.

Les deux figures sudistes bénéficient de l'appui des Emirats arabes unis. Ce pays est pourtant un membre clé de la coalition conduite par l'Arabie saoudite, qui soutient toujours le président Hadi. Les Emirats ont entraîné et appuient une force formée dans le sud pour combattre les jihadistes dans la région. Cette force soutient elle-même le Conseil de transition de M. Zoubaidi.

A la veille de l'expiration de l'ultimatum fixé par le Conseil de transition du sud, la coalition arabe avait publié samedi soir un communiqué pour exprimer son inquiétude et appeler à la "retenue".

Elle avait souligné l'importance pour les différents groupes politiques yéménites de "tenir compte de leur responsabilité nationale" pour achever ensemble la "libération" du Yémen et la "défaite des miliciens Houthis iraniens".

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