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Yémen: une trêve de 48 heures annoncée par la coalition arabe

Une trêve de 48 heures a débuté samedi au Yémen à l'initiative de la coalition arabe sous commandement saoudien qui intervient dans ce pays depuis 2015 pour soutenir les autorités gouvernementales contre des rebelles.

Ces rebelles chiites Houthis, qui contrôlent de larges pans du territoire yéménite dont la capitale Sanaa, ont indiqué qu'ils entendaient respecter le cessez-le-feu, annoncé samedi matin quelques heures avant son entrée en vigueur à 9H00 GMT.

Les violences ont diminué samedi sur certains fronts mais d'intenses combats ont toutefois continué autour de la ville de Taëz (sud-ouest).

Le médiateur de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a invité dans un communiqué les belligérants à "respecter pleinement" cette trêve.

Elle a été décrétée alors qu'un cessez-le-feu devant débuter jeudi à l'initiative du secrétaire d'Etat américain John Kerry avait été rejeté par les autorités yéménites.

Mais "des pressions internationales ont été exercées pour une trêve et une reprise des négociations de paix", a déclaré à l'AFP une source proche du président du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par la coalition et actuellement en exil en Arabie saoudite.

Ce cessez-le-feu sera renouvelé si les rebelles le respectent et laissent passer de l'aide humanitaire dans les villes qu'ils assiègent, comme Taëz, a prévenu la coalition dans un communiqué publié par l'agence officielle saoudienne Spa.

Cité par le site rebelle sabanews.net, le porte-parole militaire des rebelles, le général Charaf Loqman, a indiqué que ces derniers observeraient la trêve, à condition que "l'autre partie la respecte".

- 'Commission de désescalade' -

Le Yémen est ravagé depuis près de 20 mois par des combats entre les forces progouvernementales soutenues par la coalition arabe et les rebelles Houthis, alliés à des partisans de l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh.

Ce conflit a fait plus de 7.000 morts et près de 37.000 blessés, selon l'ONU.

"Nous espérons vraiment que la guerre va prendre fin. Tous les Yéménites en ont marre de ce conflit", a indiqué samedi Khaled al-Waysi, un habitant de Sanaa (nord).

Un autre résident de la capitale, Sadeq Juhaifi, a assuré: "Nous voulons qu'une des parties soit assez courageuse pour annoncer une paix de long terme, pas juste une trêve d'un ou deux jours".

"On a besoin d'une vraie trêve, pas une qui sert juste à alimenter les médias", a jugé Abdullah Hasan.

Des sources militaires ont indiqué à l'AFP samedi que de violent combats continuaient aux abords de Taëz, troisième ville du pays, où plus de 50 personnes ont été tuées depuis jeudi dans des combats entre rebelles et loyalistes. Ces affrontements étaient les plus intenses à Salo, au sud-est de Taëz.

Dans Taëz même, un civil a été tué et deux autres blessés dans un tir de roquettes des rebelles, d'après ces sources.

- Six échecs -

Selon le communiqué de la coalition arabe, la trêve a été décidée à la demande du président Hadi dans une lettre adressée au roi Salmane d'Arabie saoudite et "en adhésion aux efforts de l'ONU et de la communauté internationale pour rétablir la paix au Yémen".

La coalition arabe et les forces loyalistes demandent que les rebelles envoient leurs délégués à la "commission de désescalade et coordination", créée à l'initiative de l'ONU et basée à Dhahran, dans le sud de l'Arabie saoudite, pour superviser une cessation des hostilités.

Des experts de l'ONU se trouvent déjà à Dhahran où ils attendent les représentants des deux belligérants, a indiqué samedi M. Ould Cheikh Ahmed qui a plaidé par ailleurs pour "un accès libre et sans entrave aux cargaisons humanitaires" au Yémen.

Le pays est sous un blocus naval et aérien de la coalition, qui est maintenu pendant la trêve, a-t-elle prévenu.

Six tentatives de cessez-le-feu au Yémen ont jusqu'ici échoué.

La précédente, annoncée sous l'impulsion de Washington, de Londres et de l'ONU pour le 20 octobre, avait volé en éclats dès son entrée en vigueur.

Des pourparlers de paix interyéménites qui s'étaient tenus à Koweït pendant trois mois sous l'égide de l'ONU avaient été suspendus en août sans résultat.

Le camp Hadi exige le retrait des rebelles des territoires conquis depuis 2014 et la restitution des armes lourdes qu'ils ont saisies.

Les Houthis, eux, exigent un arrêt des raids aériens de la coalition et la formation d'un gouvernement d'union nationale en vue d'un règlement politique.

Ils appartiennent à l'importante minorité zaïdite, une branche du chiisme, et s'estiment marginalisés par le pouvoir central du président Hadi.

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