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Les deux filles de Carine restent à la maison: "Les renvoyer à l'école, c’est condamner leur grand-mère qui vit avec nous"

La rentrée scolaire a eu lieu lundi 16 novembre. De nombreux parents n'étaient pas rassurés à l’idée que leurs enfants retournent en classe à cause de la crise sanitaire. Carine en fait partie. Mère de deux enfants, elle a peur que sa mère, qui vit avec elle et ses filles, puisse être contaminée par le coronavirus. La femme de 54 ans nous raconte ce qu'elle et les siens traversent.

Depuis le lundi 16 novembre, et après des vacances prolongées, les maternelles, primaires et 1er niveau du secondaire sont de retour sur les bancs de l’école, tandis que les élèves des cycles supérieurs, eux, alternent avec des cours à distance. Une situation qui inquiète de nombreux parents, dont Carine, 54 ans.

Anxieuse, la mère de Léa et Marie (prénoms d'emprunt) a contacté la rédaction via le bouton orange Alertez-nous afin de nous faire part de ses inquiétudes. L'habitante de Waterloo vit avec ses deux filles et sa mère âgée de 81 ans. Atteinte d'un cancer, l'octogénaire est en pleine chimiothérapie.

Carine panique donc à l'idée que sa maman malade puisse être contaminée par le coronavirus. Et elle pense que la rentrée scolaire pourrait avoir de lourdes conséquences pour sa famille. "Envoyer mes filles à l'école, dans une classe de 25 élèves équivaut à les contaminer et à condamner ma maman", lance la mère célibataire.

Cette dernière et les siens ne prennent aucun risque... "A la maison, on s'isole pour ne pas être trop proche de maman. Personne n'entre chez nous. On est confiné. On ne sort que pour faire les courses ou pour prendre un peu l'air", détaille-t-elle.

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Aucune des deux filles n'est retournée à l'école

Depuis lundi, l'école a repris partiellement pour Marie, l’aînée, qui est en 6e secondaire, et en présentiel à 100 % pour Léa, la cadette, en 2e secondaire. Mais aucune des deux n'est retournée en classe, car l'angoisse règne dans leur foyer. La Waterlootoise a pris cette décision après avoir parlé longuement à ses enfants. "Elles sont trop stressées à l'idée de pouvoir contaminer leur grand-mère. Sans parler du stress incommensurable dans lequel nous allons vivre toutes les 4", explique Carine.

Heureusement, la famille confinée peut compter sur l'entraide... Les camarades de classe de Léa, 13 ans, lui font parvenir des photocopies de cours, tandis que Marie participe aux cours virtuels à 100%, au lieu de le faire partiellement comme les autres élèves de son année. "Un de ses professeurs a accepté qu'elle suive les cours dans les deux différents groupes", raconte-t-elle. Mais elle ignore si les autres enseignants de sa fille seront aussi conciliants.

Selon les dires de Carine, le seul moyen pour que son aînée, qui est majeure, puisse s'absenter est un certificat médical. Sans cela, l'élève de 6e secondaire sera considérée comme élève libre après de nombreuses absences. La mère, qui se sent dans une impasse, craint donc que cette décision ait des conséquences sur la scolarité de ses enfants.

"Je ne sais pas comment ça va se passer et si mes filles vont doubler, mais ce stress n'est pas comparable à la mise en danger de ma mère", estime-t-elle. Cette dernière fait tout son possible pour que sa mère malade ne ressente pas ce climat anxiogène. Elle évite donc de lui parler de tout ça.

On se sent abandonné, comme si nos vies n'avaient pas d'importance

Une lettre à la ministre de l'Éducation

Carine garde l'espoir que le gouvernement revienne sur sa décision. Le 13 novembre, elle a écrit à la ministre de l'Éducation Caroline Désir pour expliquer sa situation. Elle lui a demandé "de laisser les écoles fermées jusqu'à ce que les indicateurs de progression de l'épidémie passent au vert". "Obliger nos enfants à vivre un tel stress à l'école ne peut pas être positif pour leur santé mentale ni pour leur moral (...) Mes filles sont extrêmement stressées à l'idée de ramener ce virus à la maison et de perdre leur grand-mère, ou de m'envoyer à l'hôpital. Stressées également à l'idée d'être la responsable du décès de leur mamie", a précisé la mère de famille à Caroline Désir.

Carine a obtenu une réponse, dont voici un passage... "Nous tenons à vous assurer qu'à chacune des étapes de la gestion de cette crise, les décisions de Madame la Ministre ont été prises en étroite concertation avec les experts sanitaires mandatés par le Gouvernement fédéral. Les différents codes couleurs définis pour la rentrée ont ainsi été élaborés avec eux. Ils ont validé chacune de leurs évolutions et ont participé aux choix des normes à appliquer au cours des dernières semaines", lui a répondu le cabinet de la Ministre Caroline Désir.

Une explication que la mère de famille n'a pas jugée satisfaisante... "La crise est mal gérée. Le gouvernement prend des décisions pour tout le monde alors qu'il y a des cas particuliers comme le mien. Je ressens un sentiment de solitude. On se sent abandonné, comme si nos vies n'avaient pas d'importance", estime-t-elle.

Code rouge

Pour rappel, l'enseignement fondamental et l'enseignement secondaire ont basculé en code rouge le 16 novembre. Ce régime serait d'application jusqu'au 18 décembre, dernier jour des classes avant le congé de Noël. À partir de ce lundi, les écoles de l'enseignement fondamental (maternel et primaire), ainsi que le 1er degré du secondaire (1e et 2e années) ont repris les cours en présentiel à 100%. En revanche, les élèves des 2e et 3e degrés du secondaire (soit dès la 3e secondaire) ne sont présents sur leurs bancs qu'à concurrence de 50 % du temps au maximum, le reste devant être assuré par des cours à distance.

Une évaluation le 1er décembre

Les modalités de ces mesures peuvent varier d'une école à une autre, y compris concernant les temps de midi. Selon les établissements, les élèves peuvent ou non sortir du bâtiment. Cependant, aucun repas n’est servi par les écoles et les locaux doivent être régulièrement aérés. Les élèves sont autorisés à utiliser des jeux d'extérieur, mais l'hygiène des mains est renforcée. Les activités extra-muros sont par ailleurs suspendues.

Ce code rouge sera probablement maintenu jusqu'aux vacances qui débutent le 21 décembre. Une évaluation de la situation sera effectuée le 1er décembre.

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