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"Honteux! La justice est à l'instar de votre façade": le père d'une des victimes de la catastrophe de Buizingen exprime sa colère

Le tribunal de police de Bruxelles a fixé mardi l'audition des experts dans le procès de la catastrophe ferroviaire de Buizingen au 19 février prochain. Panayotis Andronikos, père d'une des victimes de la catastrophe de Buizingen, s'est exprimé lors de la séance d'introduction.

Le procès de la catastrophe ferroviaire de Buizingen ne pourra pas débuter aussi vite que prévu à cause du procès Nemmouche, car les salles ne seront pas disponibles avant plusieurs mois. Ce mardi, ils ont défini le planning du procès, notamment pour l'audition des 10 experts qui doivent être entendus le 19 février. Les audiences pour les plaidoiries et le réquisitoire auront, elles, lieu les 16, 17, 18, 19 et 20 septembre. Mais le délai avant de pouvoir les entendre pose problème à tout le monde.

Juan Le Clercq, avocat de plusieurs parties civiles s'est exprimé sur la situation. "Il y a un problème technique ici au Palais de Justice de Bruxelles. C'est parce qu'il y a le procès Nemmouche. Donc pratiquement, les salles ne sont pas disponibles avant le mois de mars. De l'avis du président, les experts seront disponibles le 25 mars pour une audition générale. Mais il y a eu un tollé des parties civiles et des avocats du prévenu en disant que c'était trop long. On attend maintenant des dates au mois de février pour savoir si ces auditions sont possibles. C'est compliqué mais c'est possible. Il y a 10 experts qu'il faut entendre. Il faut faire le maximum pour ce soit fait très rapidement", a expliqué Juan Le Clercq.


Agacé par la situation, Panayotis Andronikos s'est exprimé lors de la séance d'introduction. Il est le père de Jérôme, une des victimes de la catastrophe de Buyzingen. Son fils avait 24 ans au moment du drame.

"Je pense que tout le monde aime la facilité. Il est si facile de tourner la page pour vous, mais pas pour eux, pour nous. Ce n'est pas une question d'indemnisation", a lancé Panayotis Andronikos.

"Honteux! La justice est à l'instar de votre façade... Il y a 30 ans que les échafaudages sont là. 30 ans! Et où en sommes-nous ? Le lifting n'est pas encore terminé", a lancé Panayotis Andronikos. Ce dernier est le vice-président de l'association "Catastrophe ferroviaire de Buizingen : plus jamais".

Après son intervention lors de la séance d'introduction, l'homme a répondu aux questions de Michel Herinckx. "Il fallait absolument que je me lève, car j'avais l'impression que le procès était déjà terminé. Il fallait intervenir. C'est ce que j'ai fait. J'étais assez énervé. Je regrette après coup mais il fallait que je me lève et que je manifeste mon mécontentement (...) Il faut aller jusqu'au bout de la vérité pour en tirer les meilleures leçons", a expliqué l'homme au micro de Michel Herinckx. "Il faut quand même aller au bout des choses. On ne peut pas terminer un dossier en disant "écoutez, c'est la faute à pas de chance (...) "On a perdu des êtres chers et on nous martyrise jusqu'à la dernière minute", a ajouté l'homme.



Le conducteur du train et ses avocats réclament eux une 2ème expertise

Selon les explications de Juan Le Clercq, il y a donc 10 experts qui doivent s'exprimer. Pourquoi les entendre est si important ? "C'est très important parce que les familles, les victimes, les gens qui ont perdu un membre de leur famille, les gens qui ont été grièvement blessés veulent savoir ce qui s'est passé dans le train. Quelle est la raison technique ? Quelle est la responsabilité de cet accident ? Et pour ça il faut des conseillers techniques, il faut des experts qui déterminent ce qui s'est passé concrètement le 15 février 2010", précise l'avocat.

Le conducteur du train et ses avocats réclament eux une 2ème expertise. Mais pour Me Le Clercq, comme la SNCB, civilement responsable du conducteur, a participé à celles qui ont déjà eu lieu, ce n'est pas nécessaire et cela mettrait tout le procès en péril. "Les expertises qui ont eu lieu ont duré 6 ans. Maintenant le délai de prescription arrive à grands pas. C'est irréaliste de faire une nouvelle expertise."


Rappel des faits

La catastrophe, qui s'est produite à Buizingen, dans l'entité de Hal (Brabant flamand), remonte au 15 février 2010. Ce jour-là, le train L 3678 parti de Louvain à destination de Braine-le-Comte a percuté à 08h28 le train IC 1707 Quiévrain-Liège-Guillemins, tuant 19 personnes. Quelque 310 personnes ont par ailleurs été blessées dans l'accident, dont le conducteur du train IC et les deux accompagnateurs des deux trains.


Le parquet de Bruxelles a immédiatement désigné un juge d'instruction, qui a confié l'enquête à la police fédérale des chemins de fer et à un collège de cinq experts. Le 14 février 2012, ces experts ont présenté un premier rapport à la suite d'une expertise approfondie. Le juge d'instruction a ensuite demandé un rapport supplémentaire, qui a été déposé le 14 février 2014. L'enquête a ensuite été reprise le 1er avril 2014 par le parquet de Hal-Vilvorde nouvellement créé à la suite de la scission de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde.

En septembre 2014, le juge d'instruction a décidé d'inculper le conducteur du train L, la SNCB et Infrabel. Le juge d'instruction chargé de l'enquête a pris sa pension début 2015 et l'enquête a été confiée à un de ses collègues. Entretemps, la SNCB et Infrabel ont été entendus tandis que le conducteur du train L, francophone, a demandé une traduction du dossier. Son interrogatoire a été reporté à plusieurs reprises avant qu'il ne demande que l'enquête soit confiée à un juge d'instruction francophone. Cette requête, introduite devant la chambre du conseil puis en appel devant la chambre des mises en accusation, avait été rejetée. L'homme a finalement été auditionné en juillet 2016.

Fin septembre 2016, le juge d'instruction de Hal-Vilvorde a terminé son enquête, permettant au parquet de rédiger sa réquisition finale. En mars 2018, la chambre du conseil a décidé du renvoi du conducteur du train L, la SNCB et d'Infrabel devant le tribunal de police de Hal. La défense du conducteur de train a alors fait appel devant le tribunal d'arrondissement de Bruxelles, une juridiction spécifique composée de six juges. Celle-ci a finalement autorisé que le procès se tienne en français. Le dossier a alors été transmis au tribunal de police de Bruxelles.

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