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Abaaoud et les frères Abdeslam sur une liste de 80 suspects radicalisés dès juin 2015: pourquoi n'a-t-on pas donné cette liste à la France après les attentats?

Abdelhamid Abaaoud, instigateur présumé des attentats de Paris et les frères Abdeslam qui sont soupçonnés d'y avoir pris part, figuraient sur une liste de suspects radicalisés. Cette liste, établie à la demande de plusieurs bourgmestres, dont celle de Molenbeek, Françoise Schepmans, a été rédigée par les autorités fédérales. "Nous avons mené une enquête sur chaque personne, mais elles n'ont pas donné d'informations particulières", a indiqué la bourgmestre, jointe par notre rédaction.

La bourgmestre de Molenbeek, Françoise Schepmans, a reçu au mois de juin 2015 une liste des autorités fédérales sur laquelle figuraient 80 noms. Ces noms renvoient à des suspects radicalisés. Selon nos confrères de France 2, les noms d'Abdelhamid Abaaoud, de Brahim et Salah Abdeslam ainsi que celui de Mohamed Abrini, recherché depuis mardi 24 novembre dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 13 novembre à Paris, s'y trouvent.

D'où vient cette liste?

Cette liste a été demandée par la commune de Molenbeek à l'Organe de Coordination pour l'Analyse de la Menace (OCAM), à la suite de la cellule terroriste démantelée à Verviers, en janvier 2015. La bourgmestre a donc demandé à l'OCAM, de lui "fournir une liste de suspects liés au terrorisme ou radicalisés sur son territoire", tout comme d'autres bourgmestres des communes connaissant un problèmede dérives sectaires liées à l'Islam. "Nous voulions avoir une vue d'ensemble, connaître le nombre de personnes liées au radicalisme, confirme Françoise Schepmans. Grâce à ces informations, nous pouvions agir contre ces personnes dans la limite de nos compétences: prendre des arrêtés de fermeture de certains établissements, radier certaines personnes des registres de population afin de les priver de leurs droits sociaux, etc."

 

Abaaoud fiché et rayé des registres de la population

En ce qui concerne Abdelhamid Abaaoud, il aurait été fiché comme étant "radicalisé" et "parti en Syrie". France 2 poursuit, en précisant qu'il aurait été rayé des registres de la population. Quant aux frères Abdeslam (Brahim, soupçonné de s'être fait exploser, et Salah, toujours recherché par la police et soupçonné d'avoir conduit le commando des terrasses en voiture), ils auraient été fichés en tant que "radicalisés", et "appartenant à la mouvance islamiste".

Enfin, selon France TV Info, "le nom de Mohamed Abrini, l’homme visé par un mandat d'arrêt international depuis mardi" et ayant été aperçu en compagnie de Salah Abdeslam, "figurait aussi sur cette liste, sous l’appellation "présumé en Syrie et présumé de retour"".

A-t-on entrepris quelque chose contre ces personnes?

La grande question est de savoir ce qui a été fait à la suite de ces informations. Comment ont réagi les autorités fédérales? Qu'a entrepris la bourgmestre? Françoise Schepmans affirme avoir fait ce qui était en son pouvoir. "Des enquêtes administratives et de police ont été lancées, mais elles n'ont rien donné, regrette la bourgmestre. Il n'y a pas eu d'informations particulières. Nous avons procédé à des radiations en ce qui concerne les personnes parties en Syrie. Mais vous savez, les radicalistes violents ne se manifestent pas en rue".

Au niveau fédéral, d'après nos confrères, aucune action n'a été entreprise: ces suspects n'avaient à l'époque pas commis de délits majeurs.  

Pourquoi ces listes n'ont pas été transmises à la France?

Pourquoi cette liste, connue depuis des mois, n'a pas été transmise à la France après les attentats? En effet, si cela avait été le cas, la France aurait-elle pu arrêter Salah Abdeslam lorsqu'il s'est fait contrôler à Cambrai, après les attaques en France? La question reste en suspens. "Ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question, se défend Françoise Schepmans. Je m'en suis tenue à ma responsabilité en tant que bourgmestre, c'est-à-dire que j'ai fait remonter les informations que je détenais. Je ne connais pas l'enquête au niveau du fédéral, j'ignore pourquoi le fédéral n'a pas fait suite, et je n'ai pas d'avis à donner sur la question".

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