Accueil Actu

Écartée pour des faits présumés de harcèlement, la direction d'une Haute école bruxelloise va être réintégrée par décision de Justice

En décembre dernier, tout le collège de direction de la Haute Ecole Lucia de Brouckère avait été temporairement écarté après que des employés avaient signalé des comportements abusifs de la part de certains dirigeants. Il y a quelques semaines, le Tribunal du Travail a annulé cette injonction émise par le SPF (Service Public Fédéral) Emploi. Mais plusieurs semaines après ce jugement, les membres de la direction restent mis à l'écart.

Rien ne va plus à la Haute Ecole Lucia de Brouckère. En décembre dernier, cette école supérieure dont le campus principal est situé à Anderlecht en région bruxelloise, voyait tout son collège de direction écarté suite à une injonction émise par le SPF (Service Public Fédéral) Emploi. Quatre membres qui officiaient à la tête de cette institution avaient été congédiés. Pour rappel, le collège de direction est constitué des directeurs de catégorie et est présidé par un Directeur-Président. Selon plusieurs sources concordantes, des faits de harcèlement étaient à l’origine de cette mise à l’écart. Depuis, une équipe de crise a été nommée et a pris le relais.


Départ puis finalement retour de l'équipe de crise 

Mais revirement de situation le 24 mai dernier. Après avoir été saisi par les quatre membres du collège de direction, le Tribunal du Travail de Bruxelles a décidé d’annuler l’injonction émise par le SPF Emploi. "Le Président du Tribunal du Travail considère que l’injonction n'est pas conforme à la législation et l'annule", nous confie une source anonyme. Le retour de tous les directeurs est donc ordonné.

Or près de 3 semaines après ce jugement, aucun d’entre eux n’a pu reprendre ses fonctions. "La Ministre (Fadila Laanan, ministre-présidente de la Cocof, la Commission Communautaire française de la région de Bruxelles-Capitale) n'applique pas cette décision. Après la décision du tribunal, l’équipe de crise a quitté l’établissement. Mais une semaine après, elle est revenue sans la moindre explication", nous assure un témoin.

Une information dont le Conseil des Etudiants se fait également écho. "Pour une raison qui nous est inconnue, les anciens directeurs ne sont pas encore revenus. Par conséquent, les 'nouveaux' directeurs sont revenus temporairement mais en tant que coordinateurs afin d’assurer la continuité dans la haute école", peut-on lire dans un message publié sur son compte Facebook.


"Le P.O. de la HELdB a pris acte de la décision du Tribunal du Travail"

Pas d’explications, un dialogue rompu et des employés lésés ? Que se passe-t-il au sein de la Haute Ecole Lucia de Brouckère ?

Afin de comprendre la situation, nous nous sommes tournés du côté de la Cocof. En effet, cette école supérieure a comme pouvoir organisateur la Commission Communautaire française de la région de Bruxelles-Capitale (Cocof) et la Province du Brabant Wallon.

"Le Pouvoir Organisateur de la HELdB a pris acte de la décision du Tribunal du Travail de Bruxelles d'annuler l'injonction prise par l'Inspection sociale du Service Public Fédéral Emploi, Travail et Concertation sociale d'écarter le collège de direction de la Haute Ecole", nous indique-t-on. Avant de poursuivre : "La conséquence est que le collège de direction retrouve ses fonctions".

La Cocof prend acte de la décision du Tribunal mais ne l’applique donc pas immédiatement. Pourquoi aucun membre n’a donc repris le siège qui lui est dû ? Dans un premier temps, la Commission nous avait expliqué "étudier les conséquences de l’ordonnance rendue par le tribunal sur l’ensemble du monde enseignant et les suites à y réserver".

Le SPF Emploi ainsi que le pouvoir organisateur ont décidé d'interjeter appel contre la décision du Tribunal.

"Le Pouvoir Organisateur a demandé aux personnes qui ont assumé les fonctions de direction de crise de finaliser le travail entamé en matière d’attributions et d’horaires afin d’assurer dans de bonnes conditions la continuité du service public d’enseignement et de veiller à la tenue des examens dans un contexte serein", justifiait une porte-parole de la Ministre-Présidente de la Cocof, Fadila Laanan.  

Via un communiqué transmis ce mardi 19 juin, la Cocof nous apprend finalement faire appel contre la décision du Tribunal. "Le SPF Emploi ainsi que le pouvoir organisateur ont décidé d'interjeter appel contre la décision du Tribunal du travail d'annuler l'injonction de l'Inspection sociale qui ordonnait d'écarter le Collège de direction de la HELdB"

"Les parties concernées estiment que cette décision est critiquable en termes de légalité et d’opportunité, car le Tribunal n’a pas tenu compte de tous les éléments de la cause. Une organisation représentative des travailleurs a déposé, par ailleurs, un préavis de grève immédiate au cas où les membres du Collège de direction seraient réintégrés", poursuit la Commission.

La Ministre-Présidente du Gouvernement francophone bruxellois, Fadila Laanan, déclare : "A la lecture du dossier instruit par l’inspecteur du travail, le pouvoir organisateur a décidé d’ouvrir une procédure disciplinaire afin de faire la lumière sur les faits prêtés aux membres du Collège de direction"


Plusieurs faits de harcèlement rapportés

Pour l’heure, impossible de savoir quand les membres, qui assurent initialement la présidence, pourront regagner leur poste au sein de l’établissement. 

Une attitude inacceptable pour le témoin que nous avons interrogé qui estime qu’il est "illégal que cette équipe prenne l’autorité et les rôles initialement exercés par le collège de direction". Selon lui, nul doute possible. La pression d’un syndicat, "opposé au retour du Collège", est responsable d’une telle situation.

Selon plusieurs sources concordantes, l’équipe de direction avait été renvoyée après que plusieurs faits de harcèlement ont été rapportés. Plusieurs témoins avaient assuré que des directeurs avaient une conduite abusive vis-à-vis de certains membres du personnel.

Un nouveau témoignage qui nous est parvenu vient éclairer ces accusations. "Coupes budgétaires ", "journées à rallonges", "pas de règlement de travail", "des licenciements en cascade"… Le personnel œuvrerait dans des "conditions inhumaines" instaurant alors un mauvais climat social. 

Comptant quelque 1.700 étudiants et assurant plusieurs filières de formation, la HELdB est dans la tourmente depuis ce limogeage. Suite à ces remous, le campus de Jodoigne de la HELdB -qui dépend lui de la province du Brabant wallon et qui compte 250 étudiants- avait formulé, en janvier dernier, le souhait de quitter la HELdB pour rejoindre la Haute École Bruxelles-Brabant, établie à Nivelles et relevant du réseau de la Fédération Wallonie-Bruxelles. 

À lire aussi

Sélectionné pour vous