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Dans cette école d'Anderlecht, des enseignants n'ont pas été payés depuis 1 an: comment en est-on arrivé là?

Plusieurs enseignants de l’Institut Roger Lambion, une école de promotion sociale à Bruxelles, n’ont plus perçu de salaire depuis des mois. Révoltés, l’un d’eux nous a prévenus via le bouton orange Alertez-nous. Entre Pouvoir Organisateur et Fédération Wallonie-Bruxelles, les acteurs s’accusent mutuellement. D’ici fin octobre, une solution devrait être trouvée. Mais que s’est-il passé au niveau des paiements ?

"Nous sommes plusieurs enseignants à ne pas être payés à la COCOF. Certains n'ont pas été payés depuis plusieurs mois", nous a révélé un enseignant via le bouton orange Alertez-nous. Le problème existe depuis un an au sein de l’Institut Roger Lambion, une école de promotion sociale à Bruxelles. Pour celles et ceux qui l'ignorent, l'enseignement de promotion sociale est destiné aux adultes et "propose une gamme très vaste de formations organisées suivant un horaire généralement compatible avec une activité professionnelle", tel qu'expliqué sur le site internet Wallonie-Bruxelles Enseignement. Quant à la COCOF, il s'agit de l'acronyme de Commission Communautaire Française, un organe qui gère tout un ensemble de choses (enseignement, santé, culture, etc.) qui concernent les francophones en région bruxelloise (900.000 personnes).

Une activité complémentaire

Plusieurs enseignants de l’Institut Roger Lambion n’ont plus reçu de salaire depuis le mois de septembre 2020. Il s’agit principalement de professeurs au statut d’expert. Ils disposent d'une profession à côté et dispensent quelques heures dans cette école. L'enseignement constitue donc seulement une activité complémentaire pour eux. Les arriérés de paiement "ne représentent pas des milliers d’euros, ce sont surtout des compléments de salaire mais, bien entendu, chacun a droit à être payé pour le travail effectué", précise Patrick Beaudelot, directeur de l’administration de la COCOF. Au total, "17 membres du personnel de l’école n’ont pas été payés depuis septembre 2020, affirme un délégué du syndicat SLFP qui, par ailleurs, contredit le directeur sur les montants. Il déclare en effet que certains enseignants doivent recevoir plusieurs milliers d'euros et que, comme ils les recevront en une fois, cela aura pour conséquence, selon lui, qu'ils seront "surtaxés". Il ajoute qu'une éducatrice est également concernée par les arriérés de paiement.

Une semaine de retard pour les salaires de septembre d'une quinzaine de profs

Plus récemment, un autre problème est survenu, privant de leur salaire de septembre "une quinzaine de personnes" selon le syndicaliste. "J’aurais dû toucher mon salaire le 30 septembre et je n’ai toujours rien, témoignait-il alors, j’ai un loyer à payer, des factures, ce n’est pas évident", écrivait un des enseignants touchés, le 6 octobre. La situation s'est néanmoins débloquée dès le lendemain de son témoignage, tous les concernés ayant reçu leur salaire du mois passé. "J’ai été payé jeudi, nous a confirmé un autre professeur, soulagé avant d'ajouter que "le plus inquiétant, ce sont les personnes qui n’ont pas été payées depuis des mois." En effet, pour celles et ceux qui n'ont pas reçu leur dû depuis un an, rien n'a encore bougé. En 19 ans dans cette école, notre interlocuteur – qui a requis l’anonymat – n’a jamais vu pareille situation : "On a déjà eu des petits couacs au cours des années précédentes mais c’était réglé relativement rapidement et ça concernait surtout de nouveaux arrivants, le temps que tout se mette en place. Je trouve ça grave quand même… Et surtout, pour la suite, on voudrait voir ce qui va être mis en place pour que ça n’arrive plus."

Où se situe le problème ?

Quelle est l'origine de ces défauts de paiement ? Les personnes concernées disent ne pas le savoir. Les acteurs se renvoient perpétuellement la balle, d’après nos interlocuteurs : "On ne sait pas comment ça se fait. Ils se rejettent la faute, dénonce le délégué syndical. On a interpellé la COCOF qui est le pouvoir organisateur de l’école mais elle dit qu’elle ne sait rien faire, que c’est la faute de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, le problème vient de la secrétaire de l’école…"

La situation devrait se régulariser pour le 31 octobre au plus tard. "Nous avons eu une réunion au ministère le 7 octobre et on nous a promis que la situation serait réglée fin du mois (...) Les personnes recevront leur salaire normal, ainsi que les arriérés pour les autres mois" nous a assuré Patrick Beaudelot, directeur de l’administration de la COCOF. Selon lui, le problème vient de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui a la charge des paiements des enseignants. "Le système est complexe et il y a toute une série de documents à vérifier et à compléter", relativise-t-il.

Le cabinet de la Ministre pas au courant

Nous nous sommes donc tournés vers la Fédération Wallonie-Bruxelles, et plus particulièrement vers le cabinet de la Ministre en charge de l’Enseignement de la promotion sociale, Valérie Glatigny. Nos interlocuteurs n’étaient manifestement pas au courant.

Mauvaise communication ?

Ils ont pris "contact avec l’administration afin de clarifier la situation" et nous livrer une explication : "Les responsabilités sont partagées entre le pouvoir organisateur duquel dépend l’établissement et l’administration. Il s’agirait d’une mauvaise communication entre les différents acteurs. Une réunion a eu lieu entre eux le 7 octobre 2021 pour aborder la situation."

D’une part, certains membres du personnel et certains experts n’ont effectivement pas été payés mais, semble-t-il, pour aucune raison apparente... D’autre part, certains ne l’ont pas été parce qu’ils doivent faire l’objet d’une correction du paiement de leur salaire. "L’administration nous indique que, pour les membres du personnel et experts dont les documents étaient bien en ordre, une procédure de liquidation spéciale sera lancée afin de permettre de les payer d’ici la fin de la semaine, voire au début de la semaine suivante", souligne notre interlocuteur.

Normalement réglé d'ici fin octobre

Mais pour les autres, il faudra encore faire preuve d’un peu de patience. "Pour les membres du personnel et experts devant bénéficier d’une correction et pour lesquels tous les documents ont été fournis, l’administration nous indique que la situation devrait être régularisée pour fin octobre, poursuit-il. Comme vous le constatez, des solutions vont donc être trouvées pour les professeurs et les experts concernés."

Pour éviter que de telles situations ne se reproduisent dans le futur, des réunions "auront bien entendu lieu au sein de l’administration", promet le cabinet de la ministre de l’Enseignement de la promotion sociale. 

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