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L’eau bruxelloise n’est plus épurée et pollue la Senne … donc la Flandre

La station d’épuration des eaux usées de Bruxelles Nord est toujours à l’arrêt. En cause, selon le gestionnaire : un afflux de gravats en amont de la station. Si le problème n’est pas résolu rapidement, le redémarrage de l’épuration pourrait prendre plusieurs semaines et les conséquences environnementales et politiques se feront sentir.

La station d’épuration des eaux usées de Bruxelles Nord est toujours à l’arrêt. En cause, selon le gestionnaire : un afflux de gravats en amont de la station. Si le problème n’est pas résolu rapidement, le redémarrage de l’épuration pourrait prendre plusieurs semaines et les conséquences environnementales et politiques se feront sentir.

 

Pourquoi l’arrêt de la station ?

Depuis le 8 décembre, la station d’épuration de Bruxelles-Nord à Haren est à l’arrêt. Charles Lénès, l’administrateur d’Aquiris, la société qui gère cette installation des Français de Veolia, explique que cet arrêt était nécessaire pour des raisons de sécurité. La station est équipée d'une chambre de sécurité pourvue de capteurs. Elle permet d'isoler la station en cas de présence de gaz, d’hydrocarbures et de toute autre substance à risques pour la sécurité des installations et du personnel.

Selon M. Lénès, il a été constaté que les vannes de cette chambre ne pouvaient plus être fermées en raison de la présence de plusieurs tonnes de gravats. Et en effet, notre journaliste sur place a vu ces gravats à 18m sous terre. Des dizaines de m³ de briques, de parpaings, de câbles et de déchets en tout genre s’accumulent aux portes du collecteur de la station. Et ces déchets proviennent du réseau d’égouttage bruxellois. « La chambre de sécurité ne fait plus sa fonction de sécurité, et à ce moment-là nous sommes en contravention avec les règles du permis de l’environnement et nous devons prendre des dispositions pour assurer la sécurité des personnes d’abord, et la sauvegarde des équipements », s’est donc défendu M. Lénès sur RTL-TVI.

 

Aquiris demande à la Région bruxelloise de dégager les gravats


Se disant "scandalisé" par l'impact de cette situation sur l'environnement (voir en encadré), M. Lénès déclare que le fonctionnement de la station n'est ici nullement en cause. Il a donc renvoyé la balle dans le camp de la Région bruxelloise. D'après Aquiris, la Région a été avertie à plusieurs reprises de ce problème d'afflux de gravats, mais le "concédant met du temps à réagir".

 

Bruxelles répond que le contrat stipule que c’est la responsabilité d’Aquiris


Cette fermeture est incompréhensible, explique-t-on à la Région bruxelloise. Aquiris doit entretenir sa station car c’est prévu dans le contrat de gestion. « Je pense qu’il est tout à fait normal que dans une ville d’un million d’habitants, il y ait un réseau d’égouts extrêmement important. Ce genre de gravats n’a rien d’anormal, d’ailleurs c’est prévu puisque toute centrale d’épuration a une fosse qui récolte en entrée de station ce type de débris. », a expliqué au micro de RTL Philippe Debry, le président de la Société Bruxelloise de Gestion de l’Environnement.

Evelyne Huytebroeck, la ministre bruxelloise de l’Environnement (Ecolo), va même plus loin et parle à demi-mot de mauvaise foi : « Leur argument qui est de dire que l’eau bruxelloise qui vient des égouts serait trop sablonneuse et amènerait trop de gravats, nous sommes désolés mais en tout cas elle n’est pas différente d’il y a quelques années quand ils ont construit cette station d’épuration. Donc ils le savaient. »

 

Et Bruxelles met en doute la version des faits d’Aquiris

Evelyne Huytebroeck et Philippe Debry ont donc rejeté toute responsabilité de la Région dans l'arrêt de la station. Ils affirment que la présence de gravats est confinée sur une longueur de 25 mètres et que rien n'empêchait donc Aquiris de les retirer comme ils auraient dû le faire. Mais ils se demandent si cet arrêt n'est pas plutôt lié à un ensablement mal anticipé de la partie de la station réservée au traitement bactérien, ce qui serait alors une responsabilité directe de l'exploitant.

 

Le parquet bruxellois ouvre donc une information judiciaire


Le parquet de Bruxelles a fait ouvrir une information judiciaire pour déterminer les responsabilités dans ce dossier. Il a chargé la police fédérale de Bruxelles de l'enquête, en collaboration avec l'IBGE. Plusieurs auditions ont déjà eu lieu et d'autres sont prévues dans les jours à venir.

Le parquet dit aussi envisager de faire usage de sa compétence de saisir le président du tribunal de première instance, comme en référé, pour "faire cesser au plus vite le dommage grave causé à l'environnement par l'arrêt de la station".

 

Et la Flandre intentera demain une action en référé … contre Bruxelles !


La ministre flamande de l'Environnement Joke Schauvliege (CD&V) intentera demain mardi une action en référé contre la Région bruxelloise et la Société Bruxelloise de Gestion des Eaux (SBGE) si la station d'épuration nord de Bruxelles n'est pas remise en service d’ici-là, a fait savoir la ministre.

La ministre flamande a précisé qu'elle avait adressé vendredi dernier une mise en demeure à la Région bruxelloise et à la SBGE. C’est en constatant ce lundi le différend entre Bruxelles et Aquiris, développe ci-dessus, que Joke Schauvliege a affirmé que selon ses informations, l'installation était en état de fonctionner.

Par ailleurs, le parlement flamand organisera jeudi matin un mini-débat sur ce dossier à l'heure des questions d'actualité de l'assemblée, a annoncé lundi l'Open Vld (opposition). L'Open Vld souhaite notamment savoir pourquoi la Flandre a été informée avec autant de retard de la situation et quelles mesures la ministre de l'environnement prendra pour l'éviter à l'avenir.

 

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