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Meurtre d'Eunice, prostituée à Schaerbeek: une peine de 25 ans de prison requise à l'encontre de S.G.

L'avocate générale a requis, jeudi après-midi, devant la cour d'assises de Bruxelles, une peine de 25 ans de prison à l'encontre de S.G., reconnu coupable du meurtre d'Eunice Osayande. Cette jeune prostituée nigériane de 23 ans avait été tuée de plusieurs coups de couteau dans sa carrée, rue de Linné à Schaerbeek, durant la nuit du 4 au 5 juin 2018. S.G. était mineur au moment des faits. Le juge de la jeunesse s'est dessaisi de son cas et le jeune homme a dès lors été renvoyé vers la cour d'assises.

L'avocate générale a estimé qu'il existe deux circonstances atténuantes pouvant bénéficier au coupable: le fait qu'il était mineur au moment des faits et la violence dont il a été victime par son père durant son enfance. Elle a considéré que, tenant compte de ces deux circonstances, les jurés ne devraient pas prononcer une peine en-deça de 25 ans de prison. 

"S.G. n'a pas été complètement cynique lors de son placement en IPPJ. Même si ça avance petit à petit, il faut du temps pour pouvoir mieux évaluer son évolution. Pour moi, il n'a pas à l'heure actuelle en lui de quoi être discipliné en dehors des murs. Et on peut avoir des doutes sur l'authenticité de son changement de comportement. Ce qui est inquiétant dans le rapport de l'expert psychiatre, c'est qu'il pressent un risque de récidive. Le docteur entrevoit une personnalité antisociale, précisant qu'un antisocial ne va pas chez le psychologue, parce qu'il ne souffre pas de sa situation. Je suis persuadée que S.G. n'est pas équipé pour effectuer une peine favorable qui implique une remise en liberté rapide", a exposé la magistrate. "La crainte que j'ai est que, dans un tel cas, S.G. va tout d'abord essayer de faire les choses bien mais qu'ensuite, ne trouvant pas sa place, il dérape de nouveau. Peut-on prendre un tel risque avec ce qui est déjà arrivé? Quelqu'un qui a commis un meurtre et qui a l'impression de reprendre assez vite une vie normale, cela posera un problème", a encore avancé l'avocate générale. Du côté de la défense, Me Xavier Carrette a plaidé une peine qui ne dépasse pas 15 ans de prison, afin de permettre à S.G. d'introduire une demande de libération conditionnelle après cinq ans et ainsi éviter la prison, "l'école du crime".

"Il est actuellement au Centre de détention pour mineurs dessaisis de Saint-Hubert, où l'on peut rester jusqu'à 23 ans. C'est un endroit bien différent de la prison", a expliqué l'avocat. "Il est incarcéré depuis qu'il a 17 ans et il a maintenant 21 ans. A 23 ans, il aura donc fait un peu plus de 5 ans de détention et pourrait prétendre à une libération conditionnelle. Il aurait ainsi une chance d'éviter la prison". En réponse à l'argument de l'avocate générale selon lequel il est trop tôt pour pouvoir évaluer les changements de comportement de S.G., Me Carrette a rappelé qu'il respectait un cadre depuis maintenant quatre ans, après avoir été placé en IPPJ puis en centre de détention. "C'est du sérieux à moyen terme quand même", s'est exprimé le pénaliste.

Quant au rapport du psychiatre, notant une personnalité antisociale, Me Carrette a rappelé que le médecin n'avait vu son client qu'une trentaine de minutes. D'autre part, les rapports des psychologues et éducateurs des institutions que S.G. a fréquentées depuis son arrestation font valoir une évolution perceptible dans sa relation aux autres, a relevé l'avocat. Les jurés et les juges de la cour sont entrés en délibération sur la peine. Ils rendront leur verdict au cours de la soirée.

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