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Daniel, 9 ans, a été retrouvé mort "les mains et les pieds attachés" dans un fossé du centre d'asile, selon son oncle

Cinq Palestiniens ont été inculpés de meurtre jeudi après la découverte du corps d'un enfant palestinien dans un centre de demandeurs d'asile, un drame qui semble sans précédent en Europe depuis la crise des réfugiés de 2015.

Le parquet d'Anvers a annoncé dans la soirée l'inculpation d'un cinquième homme pour "prise d'otage et meurtre". Comme pour les quatre autres suspects, entendus plus tôt dans la journée par le juge d'instruction, l'inculpation a été suivie d'une incarcération. Le drame s'est produit dans un centre de demandeurs d'asile situé à Broechem, sur la commune de Ranst, dans la région d'Anvers.

Daniel, un enfant de 9 ans né au Liban, qui y séjournait avec sa mère de 26 ans depuis quelques mois, a été vu pour la dernière fois vivant alors qu'il faisait du vélo lundi vers 22h dans l'enceinte du centre.

Une opération de recherches a été déclenchée lorsque le vélo a été retrouvé sans aucune trace de l'enfant, et a finalement mené à la découverte de son corps sans vie dans un fossé sur le terrain du centre d'accueil mercredi après-midi, a expliqué le parquet.

Le décès a d'emblée été jugé "suspect", une enquête pour "meurtre" a été confiée à un juge d'instruction, et cinq suspects, tous palestiniens - dont trois résidaient dans le centre -, ont été placés en garde en vue.

Jeudi, au lendemain de leur interpellation, ces cinq hommes âgés de 19 à 34 ans ont été inculpés et écroués, les faits étant requalifiés en "prise d'otage et meurtre", a indiqué le parquet.

L'enfant a été retrouvé mort "les mains et les pieds attachés", a déclaré son oncle Bassem Chihadeh, interrogé sur place par la chaîne flamande VTM. Il a évoqué une tentative de racket, expliquant qu'après la disparition la famille avait reçu un message WhatsApp lui réclamant la somme de 100.000 euros "pour revoir Daniel sous quatre jours".

Le parquet a refusé de commenter ces informations.


"Le pire pour une maman"

Joint par l'AFP, Kristof Aerts, porte-parole du parquet, a simplement confirmé les informations de presse indiquant que les cinq suspects sont tous des Palestiniens. Leurs déclarations devant les enquêteurs "ne sont pas claires", a par ailleurs fait valoir une source proche de l'enquête. Aucun d'eux à ce stade ne reconnaît les faits reprochés.

Le drame a suscité l'émotion jusque dans les rangs du gouvernement, le Premier ministre Charles Michel déplorant un "décès tragique". "Une enquête se déroulera de manière transparente et indépendante. Les coupables doivent être punis", avait-il écrit dans un tweet dès mercredi soir.

"Perdre un enfant est le pire qui puisse arriver à une maman", a twitté de son côté Maggie De Block, ministre en charge de l'Asile et de la Migration, disant espérer "que la clarté sera rapidement faite, dans l'intérêt de la maman et de la famille". "La mère est venue ici avec son fils de 9 ans pour chercher notre protection et son enfant a été retrouvé mort, c'est vraiment choquant", a déclaré Maggie De Bock.


"Pas lié à un problème de sécurité générale"

Benoit Mansy, porte-parole de Fedasil, a réagi sur l'antenne de Bel RTL. Selon lui, "l'incident n'est pas lié à un problème de sécurité générale dans le centre". "Une enquête est en cours et on laisse le Parquet faire son enquête. On collabore si nécessaire mais la question qui est en jeu ici n'est pas une question de sécurité générale dans nos centres d'accueil. C'est une histoire dramatique à laquelle nous espérons obtenir une réponse le plus rapidement possible."

"C'est la première fois qu'on est confronté à ce genre d'incident. Nos centres ne sont pas des zones de non-droit, on est dans une situation dramatique. Encore une fois, on espère pouvoir en savoir plus à la fin de l'enquête."

"Un événement aussi dramatique et aussi exceptionnel crée un climat d'émotion important que nous continuons toujours à maîtriser par des équipes de psychologues de Fedasil, des Stress Team post-traumatiques de la Croix-Rouge néerlandophones et également un psychologue de la police fédérale", ajoute Jean-Pierre Luxen, directeur général du centre de Broechem.


"Toute l'agence est fort touchée par ce drame"

Le pays compte quelque 22.000 places d'accueil pour demandeurs d'asile, qui sont en grande partie originaires des zones de conflit du Moyen-Orient (Syriens, Afghans, Irakiens, Palestiniens, etc). Les centres gérés par l'agence fédérale Fedasil ont déjà été le théâtre de violences - une rixe mortelle en février 2018 vaut à un Guinéen d'être actuellement jugé aux assises-, mais jamais d'un meurtre d'enfant.

"C'est la première fois que Fedasil est confrontée à une telle situation. Toute l'agence est fort touchée par ce drame", a-t-elle dit sur son site. Fedasil gère 20 des quelque 60 centres d'accueil du pays, les autres étant exploités par des partenaires comme la Croix-Rouge.

Celui de Broechem est ouvert depuis 2002 sur le site d'une ancienne base militaire. Il peut accueillir 350 demandeurs d'asile pendant la période d'examen de leur requête. Outre les centres d'accueil, qui représentent les deux tiers de la capacité totale du réseau d'accueil, des logements individuels peuvent aussi dans certains cas être proposés aux demandeurs d'asile.

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