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Coronavirus - Indemnité de 5000€ en Wallonie: pourquoi Roberto, gérant d'une salle de sport, n'y a pas droit?

Le coronavirus en Belgique a contraint le Conseil national de sécurité à fermer tous les lieux accueillant du public, jusqu'au 19 avril inclus, en ce compris les salles de sport. Si on a jusqu'à présent beaucoup parlé des clients, des gérants de salle vivent des moments compliqués. A Charleroi, Roberto se demande comment sa situation professionnelle va évoluer alors qu'il partage actuellement son expertise sur les réseaux sociaux pour aider ses clients à garder la forme.

Si les clients des salles de sport pourront sans doute s’y retrouver financièrement (en savoir plus), la situation s’annonce bien plus complexe pour certains gérants de ces clubs de remise en forme. Roberto, un habitant de Charleroi, a ouvert sa salle il y a 25 ans. Aujourd’hui, il doit chercher des solutions pour s’en sortir financièrement.

A 60 ans, cet ancien membre de l’équipe nationale de Kung-Fu raconte comment il tente de s’adapter aux mesures de confinement liées à la crise sanitaire du coronavirus.

Les gens n’osaient plus dire bonjour

"J’ai sincèrement été libéré quand le gouvernement a annoncé ces mesures", confie-t-il. "Vu le nombre de gens qu’on fréquente au quotidien et le contact qu’on a avec, je pense que si on ne m’avait pas ordonné de fermer ma salle, j’aurais pris l’initiative de tout arrêter parce qu’on sentait le malaise. Les gens n’osaient plus dire bonjour. Certains ne venaient pas aux cours. Donc il fallait prendre ces mesures et je crois qu’elles ont été prises au bon moment", estime-t-il.

Le gérant de la salle Fun Gym Center dit entretenir une relation particulière avec son personnel et ses clients dont il est temporairement éloigné. "Au départ, je suis un sportif qui vient des arts martiaux. Et par le biais de la salle de sport, je me suis dit pourquoi ne pas poursuivre ma passion pour le sport en me concentrant sur la condition physique", raconte-t-il. "On est une salle qui a toujours gardé un côté familial. On connaît par exemple le prénom de nos clients. Si on ne les voit plus pendant un certain temps, on les contacte pour voir ce qu’il se passe. Peut-être qu’ils n’ont pas trouvé ce qu’ils voulaient, et on essaye de faire des débriefings pour voir ce qu’on peut leur apporter. On est plus des copains qui nous soucions de la santé et du bien-être de nos clients qu’une entreprise financière."

Les gérants des salles ne reçoivent pas vraiment d’aide

Le côté financier est pourtant à présent au centre de ses préoccupations. Comment s’en sortir sans une réelle aide financière ? C’est la question qu’il se pose.

"Quand on dit qu’on est à l’arrêt à nos différents fournisseurs, comme Bancontact ou Axa, ceux-ci proposent de reporter les factures mais pas un allègement de celles-ci", regrette-t-il. "J’ai juste une aide au niveau de l’énergie. Je suis chez Luminus. Ils m’ont appelé et m’ont dit que je payais aux alentours de 2.000 euros par mois et qu’ils me faisaient un rabais de 2/3 le temps du confinement. Mais là, c’est de la consommation qu’il n’y a pas. La société wallonne des eaux me dit qu’ils reporteront la prochaine facture. Ce n’est jamais que reporter."

Et de poursuivre: "Tout le monde essaye de trouver des solutions pour être stable financièrement. Dans le secteur du fitness, des citoyens ont fait appel à Test-Achats pour dire que s’ils ne s’entraînent pas, ce n’est pas normal qu’ils doivent payer… Mais les gérants des salles ne reçoivent pas vraiment d’aide."

"Je vais devoir rendre des comptes aux clients"

Roberto aborde notamment la problématique des abonnements de ses clients. Pour lui, la situation est claire, et il n’en ressortira pas gagnant.

"Je vais devoir rendre des comptes à un client qui a pris un abonnement de 6 mois ou un an, quand le confinement sera terminé", indique-t-il. "Je ne pense pas que les gens vont demander un remboursement mais un report. Donc si pendant 3 mois, le club est fermé, à la fin de l’abonnement de la personne, je vais lui ajouter le temps de la fermeture. Ce qui veut dire que, pendant le temps de la fermeture, je n’ai pas de rentrée. Même si le gain a été encaissé préalablement, au terme de l’abonnement, les rentrées ne seront pas là. On reporte la perte financière."

Concernant l’indemnité de 5.000 euros octroyées à certains indépendants, Roberto affirme que son activité professionnel n’est pas reprises dans les secteurs aidés par la Région wallonne.

"Mon code Nace (en savoir plus) qui correspond à mon activité n’est pas repris dans les codes Nace octroyés pour la prime. Or, comme l’Horeca, on a dû fermer nos portes les 14 mars. Nous avons fait partie des premiers ciblés. J’ai quand même introduit ma demande et on verra si elle sera acceptée", poursuit-il.

Roberto donne des cours gratuitement sur Facebook

En attendant de recevoir une réponse "favorable", le Carolo garde contact avec certains de ses clients et offre gratuitement ses services pour qu’ils puissent garder la forme durant cette période de confinement.

"J’ai encore des contacts virtuellement. En tant que spécialistes du sport, on offre la possibilité aux gens de s’entraîner chez eux avec le système 'MacGyver'. On sait que tout le monde n’a pas une barre chez soi. Tout le monde n’a pas un vélo. Mais on leur donne en direct des cours, où ils peuvent avec un bidon d’eau de Javel ou une bouteille d’eau, un manche à balais,… faire des exercice chez eux, devant leurs télés", précise-t-il. "Je me connecte tous les jours au moins 2h. Je lance des directs sur notre page Facebook. Les gens peuvent nous suivre."

Les gérants de salle de sport ne sont pas "éligibles" pour l'indemnité de 5.000 euros

Pour tenter de savoir pourquoi son secteur d’activité ne pouvait actuellement pas bénéficier d’une indemnité de la part de la Région wallonne, nous avons contacté Pauline Bievez, la porte-parole du ministre wallon de l'Economie Willy Borsus. 

"Les salles de sport ne sont pas dans les secteurs considérés comme éligibles à ce stade car on a limité nos mesures aux compétences de la Région wallonne. Tout ce qui est sport, culture et jeunesse, c’est une compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles. A ce stade, nous n’avons pas étendu nos mesures de soutien. Elles sont destinées au secteur économique. Ils ont raison, ils n’ont pas été inclus au départ."

Le cabinet du ministre Willy Borsus dit également vouloir analyser les interventions des autres niveaux de pouvoir "car le fédéral a annoncé d’autres mesures de soutien le vendredi 3 avril et la fédération Wallonie-Bruxelles va lancer un fonds d’indemnisation, mais n’a pas encore dit comment elle allait ventiler ce fonds. Nous allons voir ce qui va être couvert avec leur fonds. Les associations culturelles, pour la jeunesse et sportives devraient en faire partie. Mais nous allons observer ça de près. Nous travaillons aussi sur des solutions alternatives pour permettre aux secteurs qui ne seraient pas repris dans l’indemnisation des 5.000 euros de pouvoir quand même traverser la crise."

Pauline Bievez précise par ailleurs que 42.000 dossiers ont été introduits et acceptés en une semaine concernant l'indemnité de 5.000 euros.

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