Accueil Actu

Vingt ans de prison pour Nathan Duponcheel: "Je ne pardonnerai jamais mais je n'ai pas de colère contre ce garçon"

L'avocat général demandait 27 ans de réclusion, la défense voulait que soit pris en compte le traumatisme causé par le suicide de son père et son jeune âge, ainsi que le fait de lui "laisser de l'espoir". Sa peine est tombée vendredi après-midi: 20 ans de réclusion. La veuve et la soeur d'Alfred Gadenne se sont exprimées à la sortie du procès.

Nathan Duponcheel a été condamné à 20 ans de réclusion pour l'assassinat du bourgmestre de Mouscron en 2017, vendredi aux assises du Hainaut. Il est également condamné à verser 17.925 euros de dommages.

Peu avant de connaître sa peine, vendredi, Nathan Duponcheel avait pris la parole. "Je comprends le mal et la souffrance que j’ai fait. Je m’en excuse, je suis désolé, c’est ma faute. Je regrette tous les jours. Mais je ne peux pas revenir en arrière, je suis désolé", a-t-il déclaré, des larmes dans les yeux.

"A 15 ans, monter les escaliers et trouver papa qui pend au bout d'une corde: à cette seconde-là, il est tout seul. Et le problème c'est que Nathan, dans sa tête, il va rester tout seul pendant des années. Il a jeté des bouteilles à la mer, par après, mais personne ne les a trouvées", avait expliqué l'avocat du jeune homme, Jean-Philippe Rivière.

27 ans de prison requis

L'avocat général avait requis une peine de 27 ans de réclusion criminelle à l'encontre du jeune homme, reconnu coupable dès jeudi d'avoir assassiné le bourgmestre de Mouscron, Alfred Gadenne, dans le cimetière de Luingne, le 11 septembre 2017. Il était aussi coupable d'avoir détenu une arme prohibée le 7 mars 2018 lors de son évasion. Il venait de briser son bracelet électronique, octroyé six jours plus tôt.

Ingrid Godart, avocat général, ne trouvait aucune circonstance atténuante sur le critère de sécurité publique. Quant à la gravité des faits commis, la question ne se pose même pas. "Il a tendu un piège à la victime, laquelle n'avait aucune chance de s'en sortir. Il a minutieusement préparé, durant plusieurs mois, les faits d'une extrême lâcheté. Il a frappé une personne vulnérable qui lui tournait le dos."

L'avocat général retenait aussi le mobile, "qu'il a lui-même élaboré sans prendre de véritables renseignements sur le rôle joué par Alfred Gadenne dans les déboires professionnels de son papa (...) Toute une population a été frappée, émue par la perte de cet homme qui dépassait les clivages politiques. Il faut aussi prendre en compte la douleur que cette perte a causée chez ses proches".


"Sa maman aurait dû lui parler et l'écouter"
 
La soeur d'Alfred Gadenne a d'abord tenu à remercier leur avocat qui a "fait revivre notre frère pendant toute cette semaine". Mais "c'est sûr qu'on ne sort pas indemne d'une telle tragédie".

Elle se dit satisfaite: "Je crois que ce n'est pas la durée du délai qui est important."

Agnès, la veuve d'Alfred Gadenne, a donné son sentiment sur Nathan Duponcheel. "Il a tué mon mari de sang froid. C'est horrible ce qu'il a vécu. Il lui a tranché la gorge. Il l'a appelé pour une tombe et quand il a dit son nom, il était au niveau de la tombe de son papa et là il n'a pas hésité à l'attraper et à l'égorger. Passer la lame de cutter de gauche à droite. Donc il a pris la carotide directement. Instinctivement mon mari a sans doute posé la main au cou et il a eu la main tranchée. Mais il n'avait pas encore eu assez. On lui a donné 11 coups de couteau et des coups dans les membres inférieurs et supérieurs. C'est horrible quoi. Il n'avait pas mérité ça. (...) Je pense que ça aurait pu être évité. Que sa maman aurait du plus lui parler et l'écouter et essayer de l'entourer de psychologues ou de personnes qui pouvaient l'aider. (...) Je ne pardonnerai jamais. Mais je ne comprends pas pourquoi mais je n'ai pas de colère contre ce garçon."

La soeur d'Alfred Gadenne, Marianne, a d'abord tenu à remercier leur avocat qui a "fait revivre notre frère pendant toute cette semaine". Mais "c'est sûr qu'on ne sort pas indemne d'une telle tragédie". Elle se dit satisfaite de la peine: "Je crois que ce n'est pas la durée du délai qui est important. (...) Ce qui est infiniment triste c'est qu'il est mort pour rien parce qu'il n'était pas responsable de cela. (...) Ça aurait peut-être pu être évité."

À lire aussi

Sélectionné pour vous