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Des citoyens de Ronquières contre un projet d'élevage d'engraissement de 1800 porcs: "NON à l’usine à cochons!"

Les citoyens de Ronquières se mobilisent contre un projet d'élevage de 1800 cochons soumis le 16 août dernier par un éleveur de la région. Celui-ci a déposé une demande de permis pour une étable, deux hangars de stockage de nourriture, un logement, 180 panneaux photovoltaïques et un forage pour capter l'eau souterraine.

Ils sont une centaine à s’être rassemblés lundi à Ronquières dans la commune de Braine-le-Comte pour tirer un constat : un élevage de 1800 porcs n’a pas sa place dans la commune. "Cette ferme va entasser 1800 cochons. Il n’est pas possible de continuer à traiter les animaux de la sorte. Nous ne voulons pas de ce type d’élevage industriel à côté de chez nous", déclare Madame Lejeune, une citoyenne contre le projet d'un éleveur de la région. Certains s'inquiètent de la puanteur qui va de pair avec ce genre d'élevage, d'autres s'inquiètent du bien-être animal... Depuis 2 ans, ils s'allient pour lutter contre ce projet.

Non à l’usine à cochons !

Le combat dure depuis des années. En 2017, la famille Pattyn dépose une demande de permis pour construire une porcherie d’engraissement, rue du Tombois à Ronquières. Les citoyens se rassemblent alors pour dire "Non à l’usine à cochons !", selon leur slogan. La commune de Braine-le-Comte finit par refuser le projet en février 2018. Cependant, Benoit Pattyn décide d’introduire un recours auprès de la Région wallonne, qu’il perd quelques semaines plus tard.

Mais les Pattyn n’ont pas dit leur dernier mot. Après avoir modifié leur projet, ils déposent une nouvelle demande de permis le 16 août 2019. Les citoyens apprennent la nouvelle le 23 août. "Même s’ils ont modifié quelques points du dossier, le problème reste le même : le bien-être animal n’est pas respecté dans ce genre de lieu. On lime les dents des cochons, on leur coupe la queue. C’est innommable ce qu'il se passe là-dedans", s'emporte Madame Lejeune. D’autres citoyens pensent à l’odeur et au bruit que ce type d’élevage peut dégager. "Le lisier sent extrêmement fort dans un périmètre assez étendu. En plus, les cochons font beaucoup de bruit. Ce ne serait vraiment pas agréable pour nous", dit un autre opposant, monsieur El Mourtji.

La pollution visuelle qu'entraîne la construction d'un tel établissement pose également problème. En plus de l'étable de 1800 cochons, la famille Pattyn demande un hangar de stockage de 1 500 tonnes de pommes de terre, un hangar de stockage de 700 tonnes de céréales, un logement, 180 panneaux photovoltaïques et un forage pour capter 8 000 m³ d’eau souterraine par an. Ce forage inquiète d'ailleurs de nombreux citoyens qui ont peur de manquer d'eau.

Toute demande de permis entraîne une enquête publique au cours de laquelle la population peut exprimer ses critiques. La date limite de cette enquête tombe déjà le 6 septembre. "C’est un délai très court pour mobiliser tous les citoyens qui se sentent concernés", estime Madame Lejeune. L'année passée, la forte mobilisation des citoyens avait permis de faire pencher la balance. Pour l'instant, les autorités communales ne souhaitent pas donner leur avis à propos du projet. Ils attendent la fin de l'enquête publique pour se prononcer.


La commune voisine s'en mêle

Ecaussinnes, la commune voisine, a émis un avis défavorable à propos de ce projet. Ils appellent à soutenir une agriculture locale de qualité, respectueuse des producteurs, des animaux et de l'environnement. "Certains aspects problématiques du dossier se sont aggravés depuis 2017, comme le pompage de 3.000 m³/an d'eau supplémentaires dans la nappe phréatique, via un forage de plus de 50 mètres de profondeur, portant l'impact du projet à 8.000m³/an", indique Arnaud Guérard, échevin chargé de l'Aménagement du territoire et du Développement durable à Ecaussinnes. "De plus, aucune étude d'incidence sur l'environnement n'est prévue, puisque la demande introduite se situe juste en dessous du seuil (nombre de porcs inférieur à 2.000) qui aurait fait basculer le projet en classe 1, rendant cette étude obligatoire", poursuit-il. Le collège communal d'Ecaussinnes appelle donc la ville de Braine-le-Comte à maintenir une décision cohérente en confirmant leur refus.

Un élevage de taille bien supérieure à la moyenne wallonne

La Wallonie n’est pas très connue pour ses élevages de porcs. Pour trouver des élevages industriels dans cette filière, il faut se tourner vers le nord. En effet, le nombre de porcs produits en Wallonie représente 5,4 % de la production porcine belge. Plus de 90% de cette production se trouve en Flandre. Il y a 356 000 porcs en Wallonie contre près de 7 millions en Flandre. Dans le sud du pays, on compte en moyenne 630 porcs par exploitation contre 1400 dans le nord.

Une exploitation de 1 800 porcs, comme celle désirée par la famille Pattyn, serait donc d'une capacité supérieure la moyenne wallonne.

Si la Flandre a choisi la production industrielle, la Wallonie a pour politique d'opter pour des modes de production alternatifs (qualité différenciée, bio et commerce local et écoresponsable) dans cette filière.

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