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Poissonniers ambulants, Martine et David ne peuvent plus travailler: "Une injustice par rapport aux autres commerces alimentaires"

Depuis l'annonce des mesures de confinement le 17 mars dernier, tous les marchés locaux sont interdits. Martine et David qui ont une poissonnerie ambulante dans le Hainaut vivent l'arrêt de leur activité comme une injustice.

"Mon mari et moi sommes poissonniers ambulants travaillant sur les marchés, nous écrit Martine via le bouton orange Alertez-nous. Depuis le 18 mars, nous avons été contraints d'arrêter notre activité. Je comprends que nous devons tous faire des efforts, mais je conçois très mal que les grandes surfaces puissent rester ouvertes, car dans celles-ci, la distanciation sociale n'est absolument pas respectée..."  Martine et son époux David vendent leurs produits sur des marchés assez petits, avec au maximum 4 ou 5 étals au total. Selon elle, la distance sociale peut donc tout à fait être respectée. "Les marchés sont sur des places bien aérées, où on peut facilement garder les distances. Les bourgmestres ne sont a priori pas contre, mais ils ne peuvent pas parce que ça leur a été imposé également."


Une photo qui nous a été envoyée par Martine pour montrer "certaines mesures permettant la distanciation"

On a réussi à éliminer nos stocks. On a mis un message sur Facebook pour des livraisons le lendemain pour vider au maximum ce qu'on avait

Limiter les pertes

Jusqu'au 18 mars à midi, moment où le confinement a officiellement commencé, Martine et David ont donc travaillé. "On a réussi à éliminer nos stocks. On a mis un message sur Facebook pour des livraisons le lendemain pour vider au maximum ce qu'on avait. Mais après, ça s'est arrêté." La poissonnière est heureuse d'avoir pu compter sur ses clients, à qui elle et son époux ont fait appel, pour pouvoir "limiter les pertes".

Mais depuis le début du confinement, Martine et David reçoivent régulièrement des appels de ces mêmes clients, qui ne comprennent pas la décision d'arrêter les marchés. "J'ai encore eu un message ce matin d'un monsieur qui me demandait si on allait être à notre place habituelle dimanche. On y est à deux avec un marchand de légumes… mais non, on ne peut pas. Les clients ne comprennent pas. Ils nous disent qu'ils doivent aller dans les supermarchés où il y a du monde. Finalement, ils ne se sentent pas en sécurité."

Un changement de vie

Martine et David ont commencé leur activité en mars de l'année dernière. Ce qui les a poussés à se lancer, c'est l'envie d'un changement de vie. "C'est un peu un concours de circonstances qui a fait qu'on en était à un point où notre travail respectif ne nous convenait plus, ne nous plaisait plus. De fil en aiguille, mon mari a suivi une formation avec un autre poissonnier. On s'est lancé. On a acheté notre véhicule. Mon mari a commencé seul dans un premier temps et je l'accompagnais quand je pouvais. Puis, on s'est lancé à deux."

Depuis le mois d'octobre, Martine et David sont donc tous les deux indépendants à temps plein. Heureusement, ils reçoivent une aide de l'Etat pour le salaire qu'ils n'auront pas. "Etant donné que notre activité fait partie de celles concernées par les aides, il n'y a pas de soucis. Mais c'est le fait de rester là à ne rien faire et de sentir une situation injuste par rapport aux autres commerces alimentaires."

Leurs clients leur manquent

Et puis, il y a aussi le manque des clients qui se fait sentir. Du mardi au dimanche, Martine et David sont habituellement présents sur différents marchés dans plusieurs villes du Hainaut. "On se retrouve à la maison et on ne voit plus personne… cela nous manque." Ce qui plait en effet à Martine dans ce travail quotidien, c'est le contact avec les gens, mais aussi le temps passé avec son époux. "Avant, mon mari travaillait la nuit et moi la journée, donc on ne se voyait pas du tout. Je ne regrette vraiment pas ce changement de vie."

Un système de livraison envisagé mais la nécessaire fraîcheur du poisson le rend compliqué

En attendant de savoir si le confinement sera prolongé, Martine et David réfléchissent à un éventuel système de livraisons pour reprendre leur activité. "J'ai entendu que le confinement allait certainement durer, donc on y songe. C'est un peu compliqué à mettre en place parce que le poisson est une marchandise qu'il faut vendre très fraîche. Il faut bien réfléchir et faire les choses correctement."

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