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Explosion rue Léopold à Liège: les familles attendent toujours de comprendre ce qu'il s'est passé le 27 janvier 2010

Ce jeudi, la Chambre du Conseil de Liège devait théoriquement se pencher sur le dossier de l'explosion de la rue Léopold. Mais la séance a été reportée, sans explication pour le moment, d'après nos informations. 

Plus de 8 ans après le drame, il n'y a pas encore eu de procès. Les familles attendent toujours de comprendre ce qui s'est passé le 27 janvier 2010 à 1h40 quand les n°18 et 20 de la rue Léopold ont été soufflés par une violente explosion. 14 personnes ont perdu la vie.


La cause exacte encore "inconnue"

RTLinfo a eu accès aux rapports des experts et aux remarques des conseillers techniques des différents parties. Les experts ont une certitude : l'explosion est due à une fuite de gaz naturel dans le faux plafond du rez-de-chaussée du n°18. Le gaz a ensuite traversé le planché du 1er étage et c'est là qu'il est entré en contact avec une source qui a provoqué l'explosion (peut-être le simple compresseur du frigo qui s'est mis en route). Par contre, après près de 8 ans d'enquête, "la cause exacte de cette fuite de gaz naturel ayant conduit à l'explosion du 27 janvier 2010 nous est inconnue" écrivent les experts dans leur dernier rapport en décembre 2017.

Cependant, selon les experts, il existe une série d'éléments qui permettent de pointer des manquements... Les conclusions des experts sont sombres pour un service de la ville de Liège et catastrophiques pour le propriétaire de l'immeuble...



Le propriétaire visé

Le n°18 était affecté de vices graves. Un immeuble avec une installation de gaz naturel, vétuste, dangereuse. Un immeuble non-contrôlé par un organisme agréé et ce même si les canalisations qui alimentaient les 4ème et 5ème étages avaient été installées par le propriétaire lui-même, aidé par des connaissances. Ces connaissances sont impossibles à identifier aujourd'hui.

Les experts écrivent que l'installation était contraire "aux règles les plus élémentaires de sécurité" et qu'elle relevait par endroits du "bricolage". Les canalisations passaient dans un faux plafond qui n'était pas ventilé, (c'est d'ailleurs là que le gaz s'est accumulé) les canalisations n'étaient pas protégées contre la corrosion, elles n'étaient pas suffisamment fixées. Plus interpellant encore, là où elles auraient du l'être, les différentes pièces n'étaient pas soudées.


Quid du service de sécurité et de salubrité publique de la ville de Liège?

Le rapport incrimine aussi le Service de sécurité et de salubrité publique de la ville de Liège. A plusieurs reprises, les pompiers et les services de la ville de Liège avaient demandé au propriétaire une mise en conformité. Elle n'a jamais eu lieu. Quel service de la ville ou des pompiers aurait dû assurer le suivi du dossier ? C'est l'une des interrogations qui subsistent. Pompiersservice de la ville et propriétaires se rejettent la faute.


La catastrophe aurait-elle pu être évitée?

Les mois précédents l'explosion, ce service de la Ville et les pompiers ont en effet constaté de nombreux problèmes liés à la sécurité du numéro 18 de la rue Léopold. Un an avant l'explosion, le Service de sécurité et de salubrité publique menaçait même le propriétaire de faire déclarer son immeuble ... inhabitable ! La menace ne sera jamais suivie d'effets. Selon les experts, le service de sécurité et de salubrité publique n'a pas assuré un suivi adéquat. En effet, pour une raison inconnue et surprenante, ce service a accepté la facture d'un simple chauffagiste comme preuve de la conformité de l'immeuble. Une erreur selon les experts.

La gestion de ce dossier a manqué de rigueur et de sérieux, écrivent-ils. Plus grave encore, toujours selon les experts, la gestion de ce dossier est "clairement annonciatrice" de l'explosion. Elle a coûté la vie à 14 personnes.


Un raccordement "pirate" ?

Sous les combles, vivaient jusqu'à sept personnes, principalement des clandestins. L'hiver 2010 a été particulièrement froid. Selon le propriétaire, l'appartement du dernier étage, de 90m2, était chauffé par une simple chaufferette électrique. Les experts n'y croient pas : cette chaufferette n'a jamais été retrouvée par contre, on sait qu'un convecteur au gaz et peut-être deux tables de cuisson au gaz étaient au dernier étage. Dans la cave, les experts ont découvert un compteur faussement scellé. Un compteur dont la vanne pouvait s'ouvrir et laisser passer du gaz. Les locataires ont-ils, avec ou sans l'aide du propriétaire, raccordé ce compteur sur la vieille canalisation qui montait jusqu'au 5ème ? C'est une hypothèse plus que plausible pour les experts. En effet, cette canalisation bricolée passait par le faux plafond du rez-de-chaussée, là où le gaz s'est accumulé, et ils savent que plusieurs M3 de gaz ont été consommé juste avant le drame. Si les experts rappellent qu'il s'agit d'une hypothèse, elle est en accord avec de nombreux éléments du dossier...


Une odeur de gaz depuis plusieurs jours

Ce drame aurait-il pu être évité ? Cinq jours avant l'explosion, le 22 janvier, le locataire du 3ème étage a senti une odeur de gaz dans la cage d'escalier. Il appelle le propriétaire. Celui-ci serait descendu dans la cave durant 30 à 40 minutes avant de remonter et de dire que tout était en ordre. Le propriétaire dit n'en avoir aucun souvenir. Le lendemain, le 23, nouvelle odeur de gaz, les pompiers, la police, les agents du gaz sont appelés, ils se rendent sur place un appareil détecte la présence de gaz, mais après 14 minutes de recherches, personne ne trouve de fuite. L'odeur est attribuée aux poubelles ou aux aliments exotiques du magasin du rez-de-chaussée. Les jours suivants, malgré le froid, l'un des locataires aérera la cage d'escalier tous les jours. Et pourtant, une "certaine odeur persistait encore un peu", selon un témoin... Les experts sont convaincus qu'il y a eu une fuite de gaz les jours précédents. Peut-elle être reliée avec certitude à celle du 27 janvier ? Non, mais, selon eux, tout porte à la croire.

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