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Une infirmière veut faire grève ce mardi, mais elle a été "réquisitionnée": "Des policiers m'attendaient devant mon domicile"

Une nouvelle journée de protestation a lieu ce mardi : celle des professionnels du secteur des soins de santé. Ce qui fait craindre, aux hôpitaux, de manquer de personnel durant la journée. Certains d'entre eux ont donc décidé d'enclencher une procédure de "réquisition". Une mesure exceptionnelle qui prévoit, notamment, l'intervention de la police pour prévenir les travailleurs concernés. Cela choque de nombreux soignants.

Ce mardi a lieu une nouvelle manifestation. Après les taxis (contre Uber), les affiliés FGTB et CSC (contre la hausse du coût de la vie), les citoyens en colère contre les mesures sanitaires, place au personnel soignant. De nombreuses infirmières ont annoncé qu'elles seraient en grève ce mardi dans les hôpitaux, qui travaillent déjà à flux tendu depuis plusieurs mois. 

Mais dans certains établissements, il y a un genre de service minimum... Deux infirmières, qui préfèrent rester anonymes, travaillent pour le CHC de Liège, un groupe d’hôpitaux privés. Elles se sont déclarées en grève. Mais pour l’une d’entre elles, pas de manifestation ce mardi, ce sera travail obligatoire. "Je suis rentrée chez moi et les policiers m’attendaient devant mon domicile, en civil tous les deux, pour me faire signer le papier de réquisition. En gros, ils nous ont expliqué clairement que si je ne le signais pas, je serais poursuivie d’un point de vue pénal", explique-t-elle.

Lorsqu’un hôpital privé craint de ne pas pouvoir assurer les soins, il prévient le gouverneur de la province qui envoie les policiers locaux pour signifier les réquisitions. Dans certains communes, leur méthode était un peu spéciale. "Une collègue en particulier a été limite harcelée par la police. Elle a reçu, je crois, 7 ou 8 visites à son domicile, une quinzaine d’appels au milieu de la nuit, à 2h30 du matin, avec des messages vocaux de plus en plus insistants, voire menaçants. Ça ressemble à la gestapo, c’est vraiment la chasse à l’homme", raconte l’autre infirmière.

"On n'a pas eu le choix"

Au CHU de Liège – hôpital public cette fois – les réquisitions viennent d’être enclenchées via le bourgmestre de Liège. Malgré la déprogrammation de toute une série d’opérations, il manque encore 62 personnes pour assurer le service. Une première depuis la création de l’hôpital en 1984. "On n’a pas eu le choix puisque c’est la première fois qu’on a autant de personnel en grève", note Pierre Gillet, directeur médical au CHU de Liège.

En grève pour leur statut, pour le salaire… Et même si certaines infirmières sont vaccinées, elles le font pour soutenir les collègues. "J’ai eu mes trois doses mais je trouve ça injuste qu’on force les gens à se faire vacciner sous peine de les licencier. C’était vraiment par solidarité pour mes collègues qui vont être virés du jour au lendemain. On est déjà en pénurie, c’est déjà très compliqué pour nous. Et si, en plus, on a encore des collègues qui se font virer, ça va devenir des conditions inhumaines", souligne l’infirmière anonyme.

Cette procédure de réquisition, très rare, est probablement un tournant dans le bras de fer qui oppose depuis des années le personnel soignant à ses ministres de la santé successifs.

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