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Les producteurs laitiers en colère à la foire agricole de Libramont: "On nous prend pour des terroristes"

Les producteurs de lait ont perturbé l'ouverture ce matin de la foire agricole de Libramont. Ils étaient une centaine. Ils ont jeté des oeufs et lancé des pétards. Ce qu'ils demandent, c'est un prix correct pour le lait.

Une centaine de producteurs laitiers wallons, munis de bâtons et de bidons vides, ont manifesté bruyamment dans les travées de la Foire agricole de Libramont vendredi matin pour faire entendre leur colère contre la faiblesse des prix du lait qui les empêche de vivre décemment de leur métier. "Cela fait cinq ans que nous demandons des mesures aux responsables régionaux, fédéraux et européens et il n'y a rien qui est mis en place", a déploré Erwin Schöpges, responsable au sein du groupe de producteurs laitiers MIG, à l'origine de la manifestation. "C'est quatre agriculteurs toutes les semaines qui disparaissent. C'est autant d'agriculteurs qui se pendent dans leur grange. On ne sort pas les chiffres en Belgique. En France, on les sort. C'est le métier où il y a le plus de suicides actuellement", lâche un manifestant. "Nos ministres se moquent de nous. On nous prend pour des terroristes, alors qu'ils n'ont qu'à sortir et venir discuter", ajoute une agricultrice en colère au micro de RTL-TVi. 


"Nous partageons votre colère"

Les manifestants ont voulu s'inviter à l'inauguration officielle de la 81e édition de la foire mais l'accès au bâtiment principal leur a été barré par des forces de l'ordre présentes en nombre. Les producteurs laitiers en colère ont alors parcouru les allées du champ de foire. Si la tension était à certains moments palpable, aucun incident n'a éclaté. La police a utilisé brièvement une autopompe pour repousser certains manifestants. Le ministre-président wallon, Paul Magnette, et les ministres fédéral et wallon de l'Agriculture, Willy Borsus et René Collin, sont allés à la rencontre du groupe de manifestants. Les responsables politiques ont tenté d'apaiser la colère des agriculteurs en rappelant les efforts entrepris aux niveaux belge et européen pour aider les producteurs laitiers et maintenir les prix à un niveau rémunérateur. "Nous partageons votre colère", leur a affirmé M. Magnette, M. Collin soulignant que la Belgique plaide depuis six mois pour un relèvement du prix d'intervention pour le lait ainsi que pour la mise en place d'un "filet de sécurité" en prévention des crises. La Belgique n'a toutefois pas réussi à rallier suffisamment d'Etats membres pour infléchir la politique européenne, a cependant regretté René Collin. D'aucuns ont également regretté l'absence du commissaire européen à l'Agriculture, Phil Hogan, qui a annulé sa venue vendredi à Libramont. "On ne peut rester dans ce système totalement libéralisé", a estimé le président du MIG, Guy Francq, alors que les quotas laitiers ont été totalement supprimés depuis le 1er avril 2015.

Un autre manifestant du MIG a évoqué la détresse de nombreux agriculteurs, illustrée selon lui par le fait que "chaque semaine, quatre agriculteurs disparaissent" et que le métier d'agriculteur "est celui qui connaît le plus de suicides". "Voilà où on en est en Belgique. C'est presqu'un crime prémédité". Les prix du lait sont redescendus aux alentours des 25 centimes le litre, un seuil inférieur aux coûts de production et intenable pour les producteurs. Ils sont nombreux à évoquer une crise aussi grave voire davantage que celle de 2009 qui avait été émaillée par de nombreux coups de colère de producteurs laitiers, comme l'épandage de trois millions de litres de lait dans un champ près de Ciney. Le MIG a d'ores et déjà promis de nouvelles actions au niveau européen dès septembre prochain.

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