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"Agressés par des jeunes de leur école, nos enfants ont la peur au ventre": des parents inquiets portent plainte à Namur

Plusieurs parents s’inquiètent pour leurs enfants scolarisés dans une école spécialisée à Malonne, près de Namur. Ces jeunes seraient victimes d’agressions et de menaces de la part d’autres élèves sur le chemin de l’école. Des plaintes ont été déposées. Et la police a mis en place une surveillance accrue.

"Nous sommes plusieurs parents qui ne savent plus quoi faire", témoignait Cathy via notre bouton orange Alertez-nous fin juin. "Nos enfants se font menacer et agresser depuis un certain temps par d’autres élèves de l’école et leurs amis", racontait cette maman visiblement désemparée.

Son fils de 18 ans est scolarisé depuis trois ans dans une école professionnelle spécialisée à Malonne, près de Namur. "C’est un établissement scolaire pour des enfants hyperactifs, TDA, handicapés. Ce sont des enfants différents. Mon fils étudie la mécanique", explique Cathy.

Il y a eu des moqueries, des menaces avec des couteaux, des gifles, des coups

Pour se rendre à l’école, il prend un bus TEC d’Eghezée jusque Namur où il rejoint ses copains à la gare. C’est principalement à cet endroit qu’ils auraient été frappés et menacés par d’autres jeunes à partir du mois de mai. "Les agressions ont lieu le matin à la gare quand ils prennent le bus de Namur jusqu’à leur école à Malonne. Soit elles se produisent l’après-midi à la sortie de l’école. Pour y accéder, il faut monter un chemin à travers bois. Et là, il n’y a pas de surveillance, donc les agressions ont lieu principalement après les cours dans ce chemin ou en bas du chemin à l’arrêt de bus", détaille Cathy.

"Un ami de mon fils s'est retrouvé aux urgences"

Selon cette maman, son fils et sa bande d’amis seraient devenus la cible d’un autre groupe d’élèves de l’école. "Il y a eu des moqueries, des menaces avec des couteaux, des gifles, des coups. Je n’ai jamais vu ça. Honnêtement, nos enfants ne veulent plus aller à l’école. Ils ont la peur au ventre", déplore Cathy. "L’un d’entre eux s’est même retrouvé aux urgences. Ce n’est plus possible", ajoute-t-elle avec effroi. Il s’agit d’un garçon plus jeune qui va bientôt fêter ses 15 ans. "Ils en profitent car il est plus vulnérable".

Une vidéo du début de l’agression a circulé. Nous avons pu la visionner. C’est un ami de l’agresseur qui aurait filmé la scène pour la poster sur les réseaux sociaux. "On voit le copain de mon fils qui descend le chemin en skateboard pour prendre son bus. Un garçon filme et son copain court vers lui et lui donne un coup de poing. Ensuite, la vidéo se coupe mais d’autres coups ont suivi", assure Cathy. "Mon fils a ramassé son pote, a téléphoné à la police, à l’ambulance et à sa mère car son copain ne savait plus parler", ajoute-t-elle.

"Un des jeunes a filmé avec son smartphone"

Wendy, la maman de l’adolescent frappé, confirme les faits: "Mon fils avait des problèmes avec certains élèves de l’école. Son GSM a été délibérément volé et cassé par exemple. Début juin, cette bande l’a attendu à la sortie de l’école sur le chemin vers le bus. Ils l’ont frappé et l’un d’eux a filmé avec son smartphone. Il a reçu des coups et a été blessé. Quand je suis arrivée, l’ambulance était sur place". 

D’après elle, son fils a eu des hématomes sur le corps, a saigné du nez et a eu des plaies à la bouche. "Un médecin à l’hôpital a constaté ces lésions et a rédigé un constat", précise Wendy, document à l’appui. 

Le directeur sollicité par une "dizaine de parents" 

Animées par un mélange d’inquiétude et de colère, les deux mamans ont contacté le directeur de l’établissement scolaire. "L’école dit qu’ils se cherchent les uns les autres. Mais cela va trop loin », s’insurge Wendy. "Quand on va chez le directeur, il nous répond que s’il n’y a pas de preuves de menaces au sein de l’école et que les agressions se passent en dehors, il ne peut rien faire. Il répète qu’on doit porter plainte auprès de la police", s’insurge Cathy. "Ils ont juste décidé de renvoyer deux jours celui que l’on voit sur la vidéo", ajoute-t-elle.

Stéphane Hermie, directeur de l’école professionnelle spécialisée Reumonjoie, atteste avoir sanctionné cet élève. "Nous avons pu nous procurer cette vidéo. Au début, on nous a dit que le jeune était entre la vie et la mort. Mais, sur les images, on ne voit qu’un seul coup de poing, puis le jeune se relève. Et on ne voit pas la suite", indique-t-il. Toutefois, poursuit-il, "cela ne doit pas avoir lieu. On ne peut pas tolérer aucune forme de violence. Suite à cela, on a renvoyé l’élève le temps d’en savoir plus."

Il y a beaucoup d’affabulations et d’incohérences dans les versions des élèves

En tout cas, plusieurs parents inquiets l’ont contacté. "Je n’ai pas arrêté d’avoir des parents. Une dizaine le mois dernier. Mais je n’ai aucune preuve à l’appui. Et il y a beaucoup d’affabulations et d’incohérences dans les versions des élèves. C’est difficile de savoir la vérité", souligne le directeur.

 Il y a surtout des soucis à la gare de Namur

D’après lui, aucun problème n’est à déplorer au sein de l’établissement scolaire. Stéphane Hermie estime dès lors ne pas pouvoir intervenir: "C’est un peu embêtant de le dire, mais il ne se passe rien à l’école parce qu’on surveille les élèves et ils se donnent des rendez-vous à l’extérieur. Il y a surtout des soucis à la gare de Namur. Si c’était dans les murs de l’école, on pourrait sanctionner. Mais là, qu’est-ce que vous voulez que l’on fasse ? Quelles preuves ai-je à ma disposition pour dire qui a frappé ? Et comme je l’ai dit aux mamans, si je renvoie les agresseurs, ce n’est pas pour cela que leurs enfants ne se feront plus frapper". 

Plusieurs plaintes déposées au commissariat de Namur 

Quelques jours après le renvoi de son agresseur présumé, le fils de Wendy est d’ailleurs à nouveau tabassé selon elle. "Cela a recommencé. Mon fils a reçu des coups moins importants car heureusement des véhicules passaient à ce moment-là et un automobiliste s’est arrêté pour lui porter secours. Il m’a dit qu’il n’avait jamais vu ça et qu’on aurait vraiment dit des enragés. Selon lui, ils avaient attrapé mon fils au milieu du chemin et ils étaient une dizaine à le frapper à coups de pied", raconte la maman.

Accompagné par son père, l’adolescent a décidé de porter plainte, avec des photos à l’appui. "On a déjà porté plainte trois fois à Namur. Et la dernière fois, la policière a assuré qu’elle prendrait le dossier en charge".  

Le fils de Cathy, qui est majeur, a également déposé plainte auprès du même commissariat. "Et d’autres l’ont fait aussi", assure sa maman qui n'a pas encore de nouvelles.

Une surveillance accrue demandée à la police 

Le directeur de l’école est au courant de ce dépôt de plaintes qu’il encourage. "Le justice a le dossier, je ne peux donc pas me prononcer ni sanctionner. Mais j’ai envoyé un email à la police pour leur demander une surveillance supplémentaire à la gare de Namur en leur indiquant les heures. Ils m’ont répondu positivement. J’ai fait cette demande au moment où les parents se manifestaient", indique Stéphane Hermie, en précisant que c’est la première fois qu’il sollicite ainsi les forces de l’ordre. 

De son côté, la police locale de Namur confirme cette surveillance accrue. "On nous a signalé des conflits entre élèves sur le chemin de l’école. Et nous avons reçu une sollicitation de l’établissement. Nous y avons répondu favorablement en demandant aux policiers une attention spécifique et un passage clairement orienté vers cet endroit-là", indique Laurence Mossiat, porte-parole de la police.

C’est une démarche classique que nous recevons d’autres écoles de la zone

Ce genre de demande ne semble pas inédit. "Il ne faut pas stigmatiser cet établissement scolaire comme problématique. C’est une demande et une démarche classique que nous recevons d’autres écoles de la zone", assure la porte-parole.

Wendy a remarqué cette présence policière particulière. "C’est vrai que la semaine passée, je suis venue parce que mon fils avait peur car certains de la bande attendaient encore. J’ai pu finir plus tôt le travail et je suis allée sur place. Et la polie surveillait le trajet, ils l’ont suivi jusqu’à la gare. Maintenant est-ce que cela va continuer", s’interroge-t-elle. Cathy affirme également avoir aperçu des combis près de l’école: "J’ai vu une voiture de police qui tournait dans la rue des bus et qui est même monté jusqu’au parking de l’école".

L'inquiétude persiste: "A un moment donné, il y en a un qui va péter un plomb"

Malgré cela, leurs enfants restent visiblement terrorisés. "Ils n’en peuvent plus. Ils adorent étudier dans cette école mais ils sont harcelés. A un moment donné, il y en a un qui va péter un plomb et faire justice soi-même", redoute Cathy.

Les parents restent donc inquiets. "On craint toute la journée d’avoir un appel pour nous dire que notre enfant a eu un coup de couteau", confie-t-elle.

Et, d’après ces mères de famille, changer d’école n’est pas une option étant donné la difficulté de trouver une place dans l’enseignement spécialisé.

Heureusement, l’arrivée des vacances estivales a permis d’améliorer la situation. "La fin de l’école, c’est un soulagement", souligne Wendy. Mais les deux mamans craignent que les agressions ne reprennent à la rentrée.

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