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Ils se surnomment les "oubliés de la crise", un cortège de mécontents issu des secteurs de l'événementiel s'est réuni en matinée sur le parking du Carrefour de Jambes. Une soixantaine de véhicules étaient présents, dont une vingtaine de food-trucks et des camions de forains. Une opération escargot de 30 minutes était par ailleurs prévue dans Namur et Jambes, a indiqué la police. Les manifestants étaient venus de toute la Wallonie. Des départs étaient organisés de Nivelles, Liège, Dinant ou encore Eghezée.
Une profession venue exprimer son "malaise" face au gouvernement
Parmi les protestataires, de nombreux indépendants dont l'activité a été fortement perturbée, voire complètement interrompue, par les limitations liées à la lutte contre la propagation du coronavirus. "Le malaise du statut est clairement là", a expliqué Vincent Maillen, promoteur immobilier dans le Namurois et par ailleurs conseiller communal cdH à Namur. C'est en tant que citoyen et entrepreneur qu'il a récemment lancé une page Facebook, "Indépendant", qui a rapidement rassemblé près de 40.000 personnes "qui connaissent les mêmes problématiques". Il faisait partie d'un groupe de 7 "représentants" qui devaient rencontrer le ministre fédéral Denis Ducarme puis, dans l'après-midi, le ministre-président wallon Elio Di Rupo et son ministre de l'Économie Willy Borsus. Ils devaient parler au nom des forains, des travailleurs de l'événementiel, des traiteurs, des clubs sportifs et d'indépendants.
Jeune diplômé de secondaire, Lucas a obtenu le statut d'indépendant il y a quelques mois. Le hic, son camion food-truck tout neuf est arrivé en plein confinement. "On l'a conçu pour faire des grosses activités, et au final je suis obligé de faire des emplacements publics comme mes parents le font. J'ai dix-neuf ans et au final, je vais peut-être devoir revendre le camion parce que c'est vraiment compliqué de s'en sortir", exprime t-il.
"Nous avons rencontré un tas de gens qui sont dépités, qui n'ont aucune perspective d'avenir", poursuivait Vincent Maillen. En cause: des aides financières jugées trop faibles par rapport aux coûts, même quand l'activité est à l'arrêt. "Les concerts, les mariages, ... s'organisent longtemps à l'avance! Ces gens veulent un 'temps T' qui leur donne une perspective de reprise", explique M. Maillen.
Le droit de passerelle au centre des préoccupations
Dans la capitale wallonne le cortège manifeste son désarroi à coups de klaxon. C'est le manque de cohérence entre les décisions prises par le gouvernement et leur application sur le terrain qui les dérange. A quelques heures de leur rencontre avec les ministres, tous ces indépendants ont des demandes très claires: "Dans un premier temps l'autorisation d'un minimum de 50 personne en événements privés, ce qui nous permettrait de travailler un petit peu avant l'hiver, avoir un droit de passerelle prolongé jusqu'à mars 2020 et aussi bénéficier du droit de repos", revendique Jonathan Martinez lui aussi, jeune gérant d'un food-truck.
Quant au droit passerelle organisé par le fédéral, "ces 1.600 euros (1614,10 euros par mois, pour indépendant ayant charge de famille, NDLR) permettent de beurrer sa tartine, mais pas de rembourser son crédit", tempère-t-il. Si cette aide est malgré tout positive, elle devrait être prolongée "au moins jusqu'au mois de mars" pour les professionnels qui s'appuient essentiellement sur la belle saison pour réaliser leur chiffre d'affaires, comme ceux qui gèrent un food-truck ou organisent des événements estivaux, propose-t-il.
Actuellement, le droit passerelle "corona" est prévu jusque fin décembre pour les indépendants qui répondent à certaines conditions, soit ceux qui souffrent de fermetures, même partielles, imposées par les pouvoirs publics: discothèques, forains, night shops, entre autres. Côté régional, les demandes qui seront portées au gouvernement wallon concernent les aides spécifiques décidées au sud du pays (indemnité unique de 2.500 ou 5.000 euros, récemment complétée d'une indemnité complémentaire de 3.500 euros pour les entreprises), jugées plus faibles qu'en Flandre. Les professionnels souhaitent entre autres qu'on ne limitent pas les indemnités à certains codes NACE (Nomenclature statistique des Activités économiques dans la Communauté Européenne).