Accueil Actu

Un expert remet les pendules à l'heure: éliminer les pesticides de nos fruits et légumes est impossible ou très compliqué

Vous êtes nombreux à lire notre article "Laver ses fruits et légumes à l'eau ne suffit pas à les débarrasser des pesticides: voici une technique utile" depuis mercredi. Mais sur BEL RTL, jeudi matin dans la séquence '90 secondes pour comprendre', Yvan Larondelle, professeur en biochimie et nutrition à la faculté des bio-ingénieurs de l'UCL, est nettement moins optimiste.

Si le pesticide est déjà dans la graine, il n'y a rien à faire

"Il y a en fait actuellement pas mal de pesticides systémiques qui se trouvent initialement dans les graines enrobées utilisées lors des semis. Ces produits vont diffuser et se retrouveront dans le cœur des produits que nous mangeons et donc pas seulement au niveau de la peau. Laver les aliments ne sert donc à rien par rapport à ces composés".

Les produits pulvérisés: 20 minutes dans… du vinaigre

"Pour les produits pulvérisés sur les fruits et légumes, notamment ceux qui sont pulvérisés après la récolte, laver les aliments peut avoir un sens. Mais il faut vraisemblablement faire cela très consciencieusement. Certaines recettes parlent de 20 minutes dans du vinaigre par exemple. Peu de consommateurs vont prendre le temps de traiter leurs aliments comme cela. Peler les fruits et les légumes peut évidemment aider à se débarrasser des pesticides de surface. Mais cela n'aide pas pour les légumes qu'on ne pèle pas comme les tomates par exemple". 

Quels impacts sur la santé ?

"Les pesticides ont toute une série d'impacts sur la santé. Les doses retrouvées dans les aliments sont faibles et permettent d'éviter la toxicité aigüe. Par contre, les choses sont nettement moins claires concernant les effets toxiques à long terme. Les pesticides peuvent interférer avec notre métabolisme. Certains sont des perturbateurs endocriniens par exemple et vont affecter nos capacités de reproduction par exemple. Il faudrait financer des recherches à long terme pour voir clair à ce niveau".

Un manque de connaissance "très préoccupant"

"Une chose très préoccupante au niveau de la toxicité de ces substances chez l'humain est le manque de connaissances sur les interactions possibles entre différents composés. Les études toxicologiques obligatoires pour un pesticide ne prennent pas en compte les interactions avec d'autres pesticides ou avec des médicaments ou encore avec des composés de notre alimentation. Or, nous sommes soumis à des cocktails de molécules et pas à des composés isolés. Les interactions sont nombreuses et parfois imprévisibles. Dès lors, le bon sens devrait nous amener à écarter les composés de synthèse de notre alimentation et même de notre environnement".

Le bio, "une bonne idée, même si c'est plus cher"

"A propos d'environnement, le fait que les pesticides interfèrent avec les écosystèmes et dès lors avec notre environnement a un impact indirect sur notre santé puisque nous avons besoin d'un environnement sain et équilibré pour notre bien-être à long terme. Au final, se tourner vers une agriculture biologique est certainement une bonne idée. Même si cela coûte un peu plus cher. Peut-être qu'il faut accepter de consacrer une part un peu plus importante de son budget à une alimentation de qualité plutôt qu'à d'autres postes moins essentiels".

À lire aussi

Sélectionné pour vous