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"Les matchs de foot en soirée consomment trop d'énergie", s'insurge Sonia: en pleine crise énergétique, pourquoi les clubs continuent-ils à jouer le soir ?

A l’heure où tout le pays se serre la ceinture face à une crise énergétique sans précédent, Sonia a contacté la rédaction de RTL Info via le bouton orange Alertez-nous car elle se pose une question : "Pour faire des économies d’énergie, pourquoi est-ce que les matchs de foot ne se disputent pas en journée au lieu du soir ?". Si l’idée est bonne, la mettre en pratique serait pourtant très difficile. Explications.

Depuis quelques mois, la Belgique traverse une crise énergétique intense. Gaz, électricité… les sources d’énergie, quelles qu’elles soient, deviennent de plus en plus chères pour tout le monde. Sonia, qui a appuyé sur le bouton orange Alertez-nous, n’échappe pas à la règle. Cependant, elle se demandait si, pour faire de simples économies d’énergie, les clubs de football ne pourraient pas jouer leurs matchs en journée, ce qui éviterait de devoir allumer de gros projecteurs.

"Tout le monde doit faire attention, je ne vois pas pourquoi les clubs de foot y échappent. Ils pourraient installer des LEDs, qui consomment beaucoup moins, ou tout simplement jouer en plein jour, éclairés par le soleil. Je trouve que ce sont des économies d’énergies simples", explique-t-elle.

"L’idée est bonne, mais comme toutes les bonnes idées, elles sont pavées de pièges", répond Lorin Parys, CEO de la Pro League, organisateur du championnat de Belgique de football. En effet, si l’idée parait simple à appliquer exposée comme ça, plusieurs paramètres entrent en jeu dès que l’on essaie de la mettre en pratique.

L’idée a d’ailleurs déjà germé dans les championnats de France et d’Italie où, chez le dernier cité, la Fédération Italienne de Football a limité à quatre heures l’éclairage des matchs de première division prévus entre 12 h 30 et 18 h. En Belgique, au niveau provincial, des clubs prennent aussi des mesures pour lutter contre la crise énergétique. Comme le rapporte SudInfo, au Roeulx, club de première provinciale hennuyère, l’équipe n’aura plus qu’un seul entraînement par semaine pour éviter d’avoir une facture énergétique trop conséquente. Autre exemple du côté de Courtrai, en Flandre Occidentale, la commune a demandé aux clubs provinciaux de la région d'éviter de jouer le samedi soir pour privilégier le dimanche après-midi, de sorte à faire quelques économies.

Des soucis à plusieurs niveaux

"Tout d’abord, il faudrait être certains que les effectifs policiers soient assez nombreux, que la sécurité soit assurées partout et de la même manière, ce qui est très compliqué à organiser. Ensuite, il y a des soucis de droits télévisuels. Nous avons signé des contrats avec Eleven Sports, diffuseur officiel du championnat de Belgique et cela inclut des matchs qui se jouent en soirée", déclare Lorin Parys.

Difficile d’imaginer jouer tous les matchs à 14 h 30

En effet, début 2020, Eleven Sports et la Pro League ont signé un contrat faramineux de 500 millions d’euros pour les droits de diffusion de la Jupiler Pro League, pour les 5 prochaines années à venir. Il sera donc impossible de modifier ce contrat jusqu’au moins 2025. Dans ce bail, il est stipulé qu’il y aura un match le vendredi, le samedi et le dimanche sur la plage horaire de 20 h 30, ainsi qu’un match le samedi et le dimanche à 18 h 30. Des matchs où l’éclairage du stade sera donc nécessaire.

Ensuite, il y a tout simplement des problèmes de conditions météo ou d’exigences de club. "En hiver, dès 17 heures, il commence à faire noir. C’est donc difficile d’imaginer de jouer tous les matchs à 14 h 30, c’est même impossible. Ensuite, certains clubs ont des exigences en fonction d’où est situé le stade. Pour vous donner un exemple, à Charleroi, il est impossible de jouer un match le dimanche avant 18 heures, car l'après-midi, un marché est prévu devant le stade, toutes les semaines".

La Pro League assure que les clubs de football sont également touchés par la crise énergétique. "Comme tout le monde ! Les coûts pèsent énormément et les clubs le ressentent aussi. Les supporters doivent faire attention et nous espérons tout de même qu’ils continuent à investir dans les clubs, même s'il est normal que tout le monde fasse attention à son portefeuille, sinon une différence se fera sentir".

S’il n’y a, pour l’instant, pas de solution miracle, à la Pro League, on avance "pas à pas". "C’est en faisant de petites initiatives que, bout à bout, cela pourra changer quelque chose. On a déjà fait en sorte de diminuer de 50 % la lumière après et avant les stades, par exemple. On pense également à d’autres mesures comme investir dans des éclairages de type LED ou à mieux isoler nos stades".

Les clubs professionnels soumis à certaines règles

En Belgique, les clubs professionnels sont donc bien touchés par cette crise et ce n’est pas Thierry Dailly, président du RWDM, club de D1B belge, qui dira le contraire. "Pour un match de l’équipe A, avant la crise, il fallait compter pour 2.500 euros d’énergie dépensée. Désormais, on tourne autour de 8-10.000 euros, c’est énorme". Dans les enceintes du club bruxellois, les spots sont allumés 6 jours sur 7. "Il y a des entraînements tous les jours et un match le week-end. Nous n’avons pas d’autres solutions, nous ne pouvons pas jouer dans le noir".

Et pourtant, le club tente de trouver des solutions pour alléger cette facture. "Nous avons installé récemment 2.500 panneaux photovoltaïques au-dessus d’une des tribunes du stade", explique le président. "En ce qui concerne les jeunes, on essaie de programmer les entraînements le plus tôt possible, mais ça n’est pas toujours facile, ils ont école la journée".

Au RWDM, le constat est le même qu’à la Pro League : on aimerait pouvoir jouer la journée, sans lumière, mais les contrats télés sont clairs. "Même pour les matchs de 13 h ou de 15 h, on nous demande d’allumer les spots. Le match est retransmis donc les images doivent être nettes", suppose Thierry Dailly.

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