Accueil Actu

"Va te faire voir chez les Grecs": un rappeur bruxellois dénonce (vidéo)

Un rappeur bruxellois a réalisé un titre incisif qui dénonce la situation que traversent les Grecs depuis que la crise a frappé le pays: "Mon meilleur ami a dû retourner à la campagne pour survivre. (...) Les Grecs souffrent de la corruption de leurs dirigeants et de l'austérité aujourd'hui mise en place", estime-t-il.

L'actualité en Grèce a fait vibrer la corde sensible de Mixalis, un jeune rappeur bruxellois de 30 ans. A force de voir les images de désespoir provenir du pays dont est originaire sa mère, il a écrit une chanson pour dénoncer la situation que connaissent les Grecs depuis que la crise a éclaté. Un titre intitulé "Va te faire voir chez les Grecs!" : "Ces derniers mois, certains ont tapé sur le dos des Grecs, en les présentant comme de mauvais citoyens européens, estime l'artiste, joint par téléphone. On a dit beaucoup d'horreurs, notamment qu'ils ne payaient pas leurs impôts et qu'ils étaient responsables de la crise que traverse le pays".



Une collaboration belgo-grecque

Mixalis fait partie d'un collectif actif dans milieu bruxellois: Bunker. Il a réalisé ce titre avec l'artiste bruxellois Convok, auteur de la musique: "D'abord, on a vu comme tout le monde plusieurs vidéos sur les événements à Athènes et Thessalonique, la 2e ville du pays. J'ai été choqué par la violence des faits. A partir de là, j'ai écrit un texte un peu à contre-courant du phénomène "bling bling" qui s'empare du milieu du rap".

Le clip, qui nous est parvenu via notre page Alertez-nous, frappe par ses images, qui semblent tout droit tirées d'un documentaire. "Ce sont de vraies images du pays. On a eu l'accord d'une équipe indépendante de cameramen et photographes pour les utiliser. Il s'agit de la Multimedia Team of Syntagma square", poursuit le rappeur.



"Mon meilleur ami a tout recommencé à zéro à la campagne"

Le jeune rappeur se rend souvent en Grèce, dans le nord, à Thessalonique. Il y côtoie sa famille et ses amis confrontés à une réalité difficile, trop peu souvent relayée par les médias. Là-bas, c'est la loi de la débrouille. Et certains jeunes se lancent dans des métiers dont ils ignoraient tout jusqu'à présent: "Le taux de chômage est tellement fort, que les jeunes retournent au village, relate Mixalis. Le chômage, c'est 360€/mois pendant un an et puis basta. Mon meilleur ami était livreur à Thessalonique, il est reparti au village pour acheter des chèvres, des animaux. C'est incroyable, les jeunes retournent à l'époque de leurs grands-parents où on n'avait pas besoin de supermarchés. Ils souffrent de la corruption des élites et sont aujourd'hui frappés par les mesures d'austérité en place. D'un autre côté, il faut souligner que le pays jouit d'une grande richesse agricole, qui offre des possibilités multiples pour un retour d'une économie basée sur les produits du terroir grec".

"J'ai vu les 'walking dinners' inutiles des diplomates"

Dans ses paroles, Mixalis est incisif. Il se montre particulièrement critique vis-à-vis des institutions européennes. Une contestation basée sur des attitudes qu'il dit avoir observées au fil des ans: "J'ai été chauffeur pendant 5 ans auprès d'une mission diplomatique. J'ai vu fonctionner les institutions européennes de près, j'ai vu les réunions peu productives des diplomates, leurs "walking dinners" inutiles, qui coûtent des sommes faramineuses. Le travail au noir y est monnaie courante. Tout ça a provoqué en moi un dégoût de ce système et motivé mon envie de faire des chansons comme celle-ci", relate le rappeur qui précise que les Grecs se sentent victimes de la corruption. "Les Grecs sont conscients qu'il y a des problèmes structurels dans leur pays. Ils craignent de sortir de l'euro parce qu'on leur fait peur en brandissant la menace d'une guerre civile".



Et le titre?

Mixalis a voulu être satirique. "L'expression dit "Aller se faire voir chez les Grecs", rappelle-t-il. J'ai voulu dire aux gens de venir voir ce qui se passe chez les Grecs, avant d'avoir recours à la critique facile envers un peuple qui souffre actuellement".

 

À la une

Sélectionné pour vous