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Armer nos policiers 24h/24 et leur permettre de sécuriser bénévolement nos écoles: voici l'idée de Serge, policier depuis 25 ans

Faut-il armer nos policiers fédéraux lorsqu'ils ne sont pas en service, afin d'augmenter la sécurité des Bruxellois? Selon Serge, policier depuis 25 ans, il faudrait non seulement leur accorder le port d'arme 24h/24, mais aussi leur proposer de sécuriser bénévolement les écoles lorsqu'ils sont au repos. L'idée du volontariat ne séduit pas Vincent Gilles, du syndicat policier: "Il y a un engouement généralisé chez les policières et policiers, même s'ils sont vraiment très fatigués. Mais il faut qu'on les protège d'eux-mêmes: ils doivent se reposer".

Serge (prénom d'emprunt), un policier père de deux enfants, souhaite soumettre une idée au ministre de l'Intérieur, Jan Jambon. Dans cette période d'alerte maximale, il propose que ses collègues et lui sécurisent bénévolement les écoles, et ce, munis de leur arme. "Pourquoi sur base de volontariat n'irions-nous pas sécuriser les écoles de nos enfants durant nos jours de repos? Nous serions assez nombreux et pourrions nous relayer par deux ou trois. Aux situations exceptionnelles, mesures exceptionnelles!", a-t-il écrit via notre page Alertez-Nous.

"Devant l'école de ma fille, il n'y avait rien"

Ce papa est policier à Bruxelles depuis 25 ans et vit à Vilvoorde. Lui aussi est allé conduire ses deux enfants ce matin, avec appréhension. "Devant l'école de mon fils, il y avait deux agents de police faisant la circulation, et munis de gilets pare-balles. C'est déjà ça pour rassurer les parents, mais c'est insuffisant en cas d'attaque, constate-t-il. Devant l'école de ma fille, il n'y avait rien".

Les policiers n'ont pas le droit de porter leur arme lorsqu'ils ne sont pas en service

Serge propose donc au ministre de l'Intérieur de réfléchir à la possibilité de permettre aux policiers au repos non seulement de surveiller l'arrivée des élèves dans les écoles et leur sortie, mais aussi d'accorder aux policiers le port de leur arme 24h/24. Car pour l'instant, ce n'est pas le cas. En effet, depuis hier, les policiers fédéraux peuvent, moyennant le respect d'une série de conditions d'entreposage, rentrer chez eux avec leur arme de service, mais ils ne peuvent pas la porter en dehors. Cette décision a été prise suite à l'élévation du niveau de la menace.

Selon certains syndicalistes, il s'agit donc d'une demi-mesure. Ils se demandent quel est l'intérêt de pouvoir rentrer avec une arme, mais de ne pas pouvoir la porter en dehors du service. "Le ministre Jan Jambon aurait pu exceptionnellement autoriser le port d'arme 24h/24 pendant une période restreinte, déplore Vincent Gilles, président national du Syndicat Libre de la Fonction Publique - Police. Nous c'est ce que l'on aurait souhaité: du courage politique. Mais il a renvoyé aux autorités qui sont désignées dans l'arrêté royal, donc par exemple la commissaire générale et ses directeurs généraux, ou les chefs de corps et présidents de collèges".

Dès lors, les policiers qui souhaitent avoir le droit de porter leur arme lorsqu'ils ne sont pas en service, doivent en faire la demande. Et ce sont ces autorités-là qui doivent accepter ou non. "Cela engendre une responsabilité individuelle, soulève le syndicaliste. Si un collègue fragile utilise mal son arme, ces autorités seront jugées co-responsables".

"Il y a un engouement pour protéger les enfants, mais nos policiers doivent se reposer!"

Serge estime que les policiers bénévoles seraient très utiles dans des lieux fréquentés. "Dans un shopping, au cinéma, nous pourrions intervenir volontairement dans tous les lieux, cite le policier. Ne serait-ce que pour tirer sur des terroristes qui pourraient surgir, en attendant les secours, afin d'éviter les dégâts. On en parle beaucoup entre nous".

Du côté du syndicat libre, on comprend cette envie, mais on souhaite la tempérer. "Il y a un engouement généralisé chez les policières et policiers, même s'ils sont vraiment très fatigués. Mais il faut qu'on les protège d'eux-mêmes. S'ils agissaient en tant que bénévoles, ils ne seraient pas couverts au niveau juridique, ou en cas d'accident de travail", soulève-t-il.

L'importance du repos pour les policiers

Pour Serge, la fatigue passe au second plan. "Le plus important pour nous c'est la vie de nos enfants, fatigués ou pas. Je me suis posté à 10 mètres de l'école de ma fille, et j'ai surveillé que l'arrivée des enfants se déroule correctement".

Mais le président du syndicat rappelle la nécessité du repos. "Toutes ces personnes à Bruxelles, hommes et femmes, travaillent à fond. La corde est tendue et ils ont bien besoin de quelques heures de repos. Si on les met davantage sous pression, ils n'auront plus aucune vigilance et pourraient ne plus être utiles à la sécurité des citoyens".

Et de conclure: "Je comprends très bien ce papa, soutient Vincent Gilles. Je suis père aussi. Mais nous avons un énorme problème pour le moment: Jan Jambon promet des gens à gauche à droite et au milieu, mais ce sont toujours les mêmes équipes! Les policiers viennent de Wallonie pour protéger Bruxelles. On est en train de tirer la substantifique moelle du système".  

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