Accueil Actu

Enseignants en colère: Philippe, prof de langue, nous dévoile son emploi du temps chargé

Les réactions des enseignants foisonnent au sein de notre rédaction après la diffusion dans notre Journal de 19h de mercredi d'un reportage consacré au statut des enseignants. Ceux-ci exigent des rectifications aux idées reçues sur leur profession.

Les enseignants craignent de subir les conséquences de mesures budgétaires, qu'elles soient prises par le gouvernement fédéral ou par le gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles. Dans ce contexte d'inquiétude, le Journal de RTL-TVI a consacré un reportage aux avantages et désavantages actuels du métier d'instit' et de prof' (revoir le reportage). Cette diffusion a scandalisé de nombreux enseignants qui estimaient que le reportage ne rendait compte que partiellement de la réalité de leur profession. Un nouveau reportage dans le 19h du lendemain leur a donc donné la parole. "Même si les chiffres étaient corrects, ils étaient présentées d'une manière qui les discréditaient totalement", y regrette Fabien Crutzen, professeur de français et religion dans le secondaire inférieur.

Quid des heures supplémentaires?

En heure de 60 minutes, le temps de présence des enseignants en classe n'est certainement pas très long. Mais ils veulent insister sur ce qu'il y a à côté des heures de classe traditionnelles. Claire Bello, institutrice de 2ème primaire, énumère les heures supplémentaires prestées et les différentes fonctions qu'un professeur doit endosser: "Il y a aussi des heures de surveillance. On doit être psychologue, assistante sociale, infirmière. On doit tout faire. A midi, on a les enfants en classe." Une idée partagée par son collègue Fabien Crutzen. "Il peut y avoir certaines semaines sans souci, et d'autres où on passe plus de 60 heures à travailler quand on a beaucoup de corrections, beaucoup de tests, quand on a des dissertations à corriger", précise le professeur du secondaire inférieur.

Et les conditions de travail?

Certains aspects propres à la profession doivent également être pris en compte, selon les professeurs.  "Le bruit. C'est énorme le bruit. C'est terrible. C'est épuisant", témoigne Claire Bello. Pour Pierre Lavet, instituteur primaire, la profession n'est pas si abordable qu'elle n'y paraît: "Si ce métier était aussi facile que cela, si c'était ouvert à tout le monde, il n'y aurait pas de pénurie", justifie-t-il.

Trois mois de vacances ?

Et quant à leur 3 mois de congé (avantage non évoqué dans le reportage de RTL), les instituteurs les estiment indispensables. "Ici on arrive à la Toussaint. Beaucoup d'enseignants sont très fatigués. Ils ont besoin de récupérer nerveusement de tout ce qu'ils vivent en classe, de tout ce qu'ils vivent à l'école. Je pense que ces jours-là sont mérités, ce qui ne veut pas dire que les autres ne mériteraient pas de jours de congés", précise Fabien

Et la possibilité de partir plus tôt à la retraite?

Martine Michel, institutrice 2ème maternelle évoque, elle, la nécessité de pouvoir partir plus tôt à la retraire: "Ici ce sont les enfants qui sont en jeu". Et de comparer la profession d'instituteur à celle de boulanger. "Une boulangère qui va vendre son pain. Si elle est de mauvais humeur, ce n'est pas trop grave mais ici, nous avons des enfants et c'est notre avenir et c'est quand même très important, donc je pense qu'à 60 ans, la patience n'y sera plus et cela me fait un peu peur", confie Martine Michel.

Officiellement en 3/5e temps, Philippe, enseignant nous dévoile son emploi du temps chargé 

Philippe est professeur de langues dans un collège. Il travaille en 3/5e temps. Après la diffusion de notre reportage sur les enseignants, il a tenu à prendre sa plume et à nous a envoyé via la page Alertez-nous un aperçu de son emploi du temps.

"J'ai corrigé 504 interros et 144 travaux en 6 semaines.

J'ai une moyenne de 24 élèves par classe et non 10 comme vous le sous-entendez. J'ai participé aux conseils de classes en soirée et le mercredi après-midi.

Je consacre trois heures par semaine à donner des entraînements de mini-foot sur le temps de midi.

Avec mes collègues, j'ai préparé un voyage à Londres qui a été annulé car la ministre a décidé qu'il fallait 90% de participants.

Avec les mêmes collègues je prépare pour la 20e année un échange linguistique avec une école norvégienne.

J'ai consacré deux mercredis à la foire aux livres scolaires à Leuze-en-Hainaut, au Salon de l’Éducation à Charleroi.

J'ai été acheter des pommes et des poires à 6h30 le matin pour l'action solidarité de ma classe afin de soutenir les fruiticulteurs belges.

Ce vendredi je passerai 2 heures en cuisine pour préparer le souper aux moules servant à financer notre projet de financement de lits dans un hôpital thaïlandais.

Je continue ou je m'arrête?"

Et de comparer avec ironie les temps de prestation des enseignants, à ceux de nos confrères passés sur antenne. "Il est évident que votre Mr Météo ne travaille que 6 minutes par jour", conclut-il.

À la une

Sélectionné pour vous