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Reconnaissance de l'ostéopathie: "Elle est enseignée depuis 10 ans à l'ULB"

Les étudiants et anciens étudiants en ostéopathie de l'ULB adressent une lettre aux opposants à la reconnaissance de leur discipline actuellement discutée à la Chambre.

La Chambre discute actuellement de l'opportunité de reconnaître quatre pratiques médicales non-conventionnelles: l'acupuncture, la chiropraxie, l'homéopathie et l'ostéopathie. Une reconnaissance souhaitée par la ministre de la Santé, Laurette Onkelinx, qui n'est pas sans provoquer au mieux des grincements de dents, au pire une opposition farouche de nombreux médecins. Hier, nous vous rapportions d'ailleurs le témoignage d'une sage-femme qui conseillait l'ostéopathie à certaines patientes, ce qui lui avait valu les remontrances du nouveau chef de son service de pédiatrie. Une cohabitation constructive entre médecine traditionnelle et ostéopathie est pourtant possible. En atteste ce courrier des étudiants en ostéopathie à l'ULB envoyé via la page Alertez-nous . Dans leur université, les collaborations, échanges et discussions entre médecins et ostéopathes est permanente et permet de faire progresser leur discipline.

Médecines non-conventionnelles : les étudiants et alumni d’Ostéopathie de l’ULB réagissent

Récemment, les doyens des Facultés de Médecine et certains étudiants en Médecine ont émis, via la presse, de très vives protestations à propos de la reconnaissance de la profession d’ostéopathe. Nous, étudiants et anciens étudiants en Ostéopathie à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), cliniciens en devenir, sommes très surpris et déçus par cette sortie médiatique agressive et subite. Dès lors, nous souhaitons recadrer ce débat.

L'ostéopathie enseignée à l'ULB depuis une décennie

Notre étonnement est d’autant plus important que l'Ostéopathie est enseignée depuis bientôt dix ans à l'ULB, et ce dans un esprit constructif. Malgré certaines difficultés initiales, nous partageons de nombreux cours avec les étudiants de Médecine grâce à une sereine collaboration avec leur Faculté. A titre d’exemple, nos stages cliniques se déroulent avec des médecins dans de nombreuses institutions hospitalières telles que le CHU Saint-Pierre, l'Hôpital Erasme, les Hôpitaux Iris Sud, le CHU de Charleroi et le CHU Brugmann.

Connaître son champ de compétences et ses propres limites: nous militons pour cela

A l’instar des déclarations récentes, nous souhaitons cadrer et réglementer l’art ostéopathique afin d’assurer des soins de haut niveau et garantir une sécurité optimale aux patients. Connaître son champ de compétences et ses propres limites est une des qualités que doit posséder tout bon clinicien; nous militons pour cela. L’accent est d’ailleurs sans cesse placé sur le diagnostic d’exclusion durant notre formation. Pour rappel, le cursus d’Ostéopathie se déroule en six années, tout comme celui de Médecine.

Cours communs avec les étudiants en médecine

L’interdisciplinarité des différentes spécialités médicales avec l’Ostéopathie est promue tout au long de notre cursus. A titre d’exemple, parmi les cours dispensés, nous suivons avec les étudiants de Médecine dans les mêmes auditoires, la sémiologie générale, les certificats de rhumatologie, de médecine physique et de neurologie, ainsi que des cours de radiologie, de pharmacologie, de déontologie, d’éthique médicale notamment. Il est essentiel de garder à l’esprit que notre cursus est dirigé vers la responsabilité induite par la première intention et le diagnostic. Au terme de celui-ci, lorsque l’ostéopathe pose un diagnostic d’exclusion, il référera vers le médecin généraliste ou spécialiste.

En étant intégrée à l'ULB, l'ostéopathie se soumet à l'analyse et à la critique

L’ULB a ouvert ses portes à l’ostéopathie notamment dans le but d’analyser ses modes d’action et son efficacité clinique. Nous souhaitons amener l’ostéopathie à une pratique de type EBM (Evidenced Based Medecine). Certaines études sont en cours, d’autres ont déjà été publiées dans des revues scientifiques reconnues, attestant notamment de notre efficacité clinique. Nous souhaitons, tout comme c’est le cas en Médecine conventionnelle, poursuivre des études expérimentales tenant compte non seulement de l’efficacité du traitement, mais aussi du ratio efficacité-effets secondaires et du ratio efficacité-coût. Selon nous, il est déterminant de ne pas réaliser d’amalgame entre les quatre disciplines reprises sous le terme de pratiques non conventionnelles, à savoir l’Acupuncture, la Chiropraxie, l'Homéopathie et l’Ostéopathie.

L'ostéopathie à l'ULB: médicale et progressiste, loin de ce qui peut être transmis par certains charlatans

Nous reconnaissons et dénonçons un nombre important de charlatans existants dans notre profession qui ne méritent pas de prétendre à une quelconque reconnaissance. Ceux-ci refusent le progrès scientifique et appliquent quotidiennement les dogmes passéistes décrétés par les fondateurs de l’ostéopathie à la fin du XIXe siècle. Assurément, l’Ostéopathie telle qu’enseignée à l’ULB, résolument médicale et progressiste, se détache de son dogme puisqu’elle tend vers une pratique conventionnelle et est un objet de science. L’enseignement universitaire incarne parfaitement cette ligne de conduite. En effet, grâce à l’Unité de Recherche en Ostéopathie et au soutien des autres laboratoires de la faculté des sciences de la motricité de l’ULB, des recherches cliniques et la mise à l’épreuve des techniques utilisées en cabinet sont en cours. Qu’en est-il des autres pratiques non-conventionnelles ? Ont-elles remis leur dogme initial en question ? Force est de constater que l’Ostéopathie dans son acceptation moderne se distingue clairement des autres pratiques dites “non conventionelles”.

Discussions paisibles et constructives entre ostéopathes et médecins à l'ULB

Ces vives réactions récentes contrastent nettement avec les discussions paisibles et constructives qui ont lieu depuis de nombreux mois dans la chambre consultative d’Ostéopathie, constituées paritairement de médecins et d’ostéopathes. Depuis la constitution de ces chambres paritaires, l’Ostéopathie telle que défendue à l’ULB a toujours bénéficié d'un avis favorable. Dès lors, nous déplorons et dénonçons fermement le boycott d’un des médecins membre de cette chambre et la “cabale” qu’il mène en vue de court-circuiter toute chance de cadrer l’ostéopathie dans des limites saines et acceptables. Il sabote ainsi le travail d’une équipe entière (médecins et ostéopathes) souhaitant avancer vers un même objectif : la sécurité thérapeutique. Au vu de ces faits, toujours dans l’interêt des patients, nous invitons chaque étudiant et doyen des Facultés de Médecine à se défaire de ces agissements corporatistes isolés et de s’informer des indications de l’Ostéopathie.

Nous souhaitons également que les étudiants et doyens prennent conscience de la qualité et de la rigueur scientifique de l’enseignement de l’Ostéopathie à l’ULB. Une meilleure connaissance du cursus et des indications thérapeutiques permettrait de comprendre la complémentarité de la Kinésithérapie et de l’Ostéopathie, disciplines très différentes, perçues à tort comme concurrentes. En effet, de nombreux kinésithérapeutes travaillent en équipe avec des ostéopathes afin d’offrir les meilleurs soins possibles à leurs patients. Dans cette même optique, nous tenons à rappeler l’excellente relation qui existe entre cliniciens de première ligne; à savoir, les médecins généralistes, spécialistes et ostéopathes progressistes.

L'ostéopathie n'est pas pris en charge par la sécurité sociale

Nous voudrions enfin réagir à la conclusion des doyens concernant le financement des pratiques non-conventionnelles : "Afin de préserver les deniers publics dans une période de forte restriction où même des traitements médicaux basés sur les preuves voient leur financement raboté, les doyens recommandent fermement de mettre fin à tout financement public de ces pratiques non conventionnelles". S’agit-il encore une fois de la simple méconnaissance des dossiers ou plutôt d’une omission permettant aux détracteurs d’allonger la liste des contre-arguments ? Les remboursements des consultations d’ostéopathie sont uniquement pris en charge par des organismes privés (assurance complémentaire) et non par la sécurité sociale ! Corporatisme, mépris, suffisance, obscurantisme? Nous osons croire qu’il sagisse de méfiance par méconnaissance. Les étudiants et alumni d'Ostéopathie de l'ULB.

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