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"54 cm pour une petite commande de 9,80€": Thierry dénonce la longueur du ticket de caisse délivré par Quick

Il est parfois précieusement conservé, parfois immédiatement jeté. Selon les consommateurs, le ticket de caisse papier n'a pas le même sort réservé. Alors que certaines enseignes tentent de l'abandonner, d'autres continuent à en imprimer. Et à grande quantité. Thierry, un habitant de Meux (province de Namur), s'étonne de la longueur de son ticket de caisse reçu chez Quick. Quelles sont les règles, des réformes sont-elles envisagées ?

"Un ticket de caisse exagérément trop grand pour une petite commande de 9,80€", nous écrit Thierry via le bouton orange Alertez-nous. Une fois sa commande passée chez Quick, cet habitant de La Bruyère est surpris par la longueur du ticket de caisse qu'on lui remet. Muni de son mètre, il fait les comptes. Le reçu atteint les 54 centimètres. Sa commande n'est pourtant pas colossale, elle se compose de deux burgers, d'un paquet de frites et d'une boisson.

En tant que consommateur, nous n'avons pas besoin de tout ça

Pour ce chauffeur de car, le "gaspillage est inouï". En examinant de près sa facture, Thierry conclut que seuls 7 centimètres de papier suffiraient à résumer sa commande. "Tout le reste, ce sont des infos techniques. Tout. En tant que consommateur, nous n'avons pas besoin de tout ça. Je ne pense pas que ce soit vraiment utile", déplore-t-il. Avant d'ajouter : "D'un point de vue écologique et économique, ce n'est pas bon du tout. Pour moi, il y a 47 centimètres de trop".

En 2019, l'enseigne de fast food s'était déjà illustrée par la longueur de ses tickets de caisse. À cette époque, le ticket mesure même 71 cm, soit 17 de moins qu'aujourd'hui. Des efforts ont donc été faits. "La réduction de la longueur des tickets de caisse est donc un point sur lequel nos deux enseignes (Quick et Burger King) continuent de travailler et certaines pistes ont déjà été explorées", insiste la firme via un communiqué. 

La réglementation est claire. Dans le secteur Horeca, lorsque l’entreprise a un chiffre d'affaires annuel de plus de 25.000 euros, un ticket de caisse d’un système de caisse enregistreuse doit être délivré. Le système a été introduit en 2016 pour lutter contre les fraudes dans l’horeca. Son impression est obligatoire en tant que preuve de facturation. 

Dans les autres commerces, la réglementation diffère. Les entreprises qui fournissent des biens, tels que les supermarchés, ne sont pas tenues à imprimer un ticket de caisse. Pourtant, il est fréquent, voire systématique, d'obtenir un ticket de caisse imprimé lorsque l'on a fini ses courses. Qu'on l'ait demandé ou non, il est bien souvent imprimé.

Le consommateur ne le réclame plus

Le 13 novembre 2020, le Sénat adoptait une résolution relative à la suppression du ticket de caisse papier. "Au siècle dernier, il n’y avait pas d’alternative au ticket de caisse en tant que preuve d’achat, mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. De nombreux achats courants donnent lieu à l’impression systématique d’un ticket de caisse alors que le consommateur ne le réclame plus", justifiaient ses auteurs. Pour l'heure, aucune loi interdisant la délivrance d'un ticket papier n'a cependant été adoptée. 

Pour réduire leurs coûts ainsi que leur empreinte écologique, certaines enseignes proposent une alternative : le ticket de caisse digital. Celle-ci est possible depuis 2014 mais semble encore peu adoptée par les consommateurs. "Les gens aiment avoir leur ticket. Ils aiment le vérifier en rentrant à la maison ou après leurs courses", remarque Karima Ghozi, porte-parole de Delhaize.

Parmi les clients qui restent fidèles à l'impression de leur ticket de caisse, figurent ceux qui ne sont pas digitalisés. "Le but à terme serait que tous les clients passent au digital et puissent le consulter à leur aise sur leur application. Mais nous sommes conscients que tout le monde n'a pas accès à l'application et au digital", remarque la porte-parole de l'enseigne. La suppression totale du ticket de caisse imprimé n'est aujourd'hui pas envisagée par Delhaize. "On veut laisser le choix à nos clients", affirme Karima Ghozi.

Pourtant se passer de ticket permettrait à Delhaize d’économiser 162 tonnes de papier et 148 tonnes de CO2 chaque année. Selon Green IT, collectif d'experts sur les questions de la sobriété numérique et du numérique responsable, un ticket dématérialisé réduirait la consommation d'eau de 2 cm par rapport au ticket imprimé. Cependant, il émettrait 2 grammes de CO2 de plus dans l'atmosphère.

La mesure ne séduit cependant pas tous les professionnels du secteur. Selon Comeos, la suppression totale de ce ticket papier "n'est pas une bonne idée". La Fédération estime que les alternatives proposées aujourd'hui ne sont pas satisfaisantes. "Nous sommes favorables au ticket digital mais cela devrait être le choix du retailer plutôt que du consommateur", estime Wim Van Edom, économiste Comeos. Une position que l'économiste justifie par le fait que la demande d'une adresse email à chaque passage de caisse peut se révéler être une tâche fastidieuse. "On a besoin d'un cadre jurdique car pour l'instant, la seule chose que l'on peut faire, c'est envoyer un email", ajoute-t-il. 

On peut demander de ne rien recevoir

Pour éviter ces désagréments pratiques, le supermarché coopératif Bees Coop a trouvé la solution. "Après avoir payé, il y a trois options. On peut demander l'impression du ticket papier, soit le recevoir par mail, soit demander de ne rien recevoir", indique Geneviève Boxus, chargée de communication à Bees Coop. Si le consommateur est d'accord, aucun ticket ne peut être envoyé. Une vérification du prix et du montant total est faite par le vendeur et l'acheteur avant sa sortie du magasin. 

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