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"Aucune crèche ne peut prendre mon enfant avant avril 2023": Jennifer regrette le manque de places dans les milieux d'accueil

Le manque de places dans les crèches publiques désole de nombreux parents. C'est le cas de Jennifer qui, ne parvient pas à trouver une structure d'accueil pour son enfant âgé de 20 mois. Elle doit donc se tourner vers une crèche privée dont les tarifs sont nettement supérieurs à ceux d'une crèche publique. Pour pallier cette situation, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a donné son feu vert pour la création de près de 5.000 nouvelles places en Wallonie et Bruxelles d'ici 2026.

"Plus de place dans les crèches et les milieux d'accueil. Comment est-ce possible qu'en faisant la demande plus d'un an en avance, il y a une file d'attente si importante ?", s'exaspère Jennifer via le bouton orange Alertez-nous.

Jusqu'en janvier dernier, cette mère de deux enfants habitait Arlon, en province de Luxembourg. Sa fille de 6 ans y était scolarisée et son petit dernier, âgé de 20 mois, avait une place dans une crèche publique. Après une séparation, Jennifer a été contrainte de déménager. "J'ai dû revenir dans ma région, du côté de Bouillon. Et je me suis retrouvée face à un mur car aucune crèche ne peut prendre mon enfant avant avril 2023", explique-t-elle. 

Malgré toutes les démarches entreprises, la réponse est toujours la même. Pas de place pour le petit Solan, il faut patienter. Pour cette employée dans le secteur bancaire, impossible de se passer d'une structure d'accueil. "On m'a conseillé une crèche privée mais les tarifs sont différents", constate-t-elle. Avant d'ajouter : "On passe du simple au double, voire au triple. Quand on est maman célibataire avec un seul salaire, ce n'est pas évident". 


Lorsque Solan était inscrit en crèche publique du côté d'Arlon, Jennifer payait une quinzaine d'euros pour une journée complète et moins de 10€ pour une demi-journée. Pour une place en crèche privée, les tarifs sont plus élevés. "Maintenant, je vais devoir faire face à 24€ la demi-journée et plus d'une trentaine d'euros par jour complet. Comment vais-je faire financièrement ?", se demande la trentenaire. 

J'ai téléphoné à une dizaine de crèches et c'est toujours pareil

Face à un tel constat, Jennifer multiplie les déplacements à la quête d'une crèche capable d'accueillir son enfant. Elle n'a d'ailleurs pas hésité à étendre sa zone de recherche. "J'ai téléphoné à une dizaine de crèches et c'est toujours pareil. On prend mon nom, mon prénom, l'âge du petit et quand on me re-téléphone, c'est un refus", regrette la mère de famille qui ne comprend pas ce manque criant de places. 

Aujourd'hui, l'habitante de Bouillon craint pour sa situation professionnelle. "Est-ce qu'ils (ses employeurs ndlr) vont me garder ? Car ce n'est pas évident d'être face à une employée qui a ce genre de problèmes", souffle-t-elle. Jennifer demande de l'aide aux autorités. Créer de nouvelles places est, selon elle, la seule solution. "Le gouvernement doit faire quelque chose. Je ne trouve pas ça normal", déplore-t-elle.

Des parents dépourvus et parfois même en pleurs

La porte-parole de l'ONE, Sylvie Anzalone, confirme que l'on assiste à une "pénurie" de places dans les crèches publiques. "Il y a un manque de places effectif un peu partout. Certains endroits étant plus sensibles que d'autres, et d'autres où le rapport entre l'offre et la demande est plus élevée", indique la porte-parole.

À Bertrix, la crèche que nous visitons en est l'illustration parfaite. Cet établissement compte 56 places. Toutes sont occupées, aucune nouvelle inscription ne peut être faite avant juillet 2023. Chaque jour, sa directrice fait face à la déception et colère de parents, exaspérés par la situation. "Certains parents ne sont pas contents, d'autres sont dépourvus et parfois même en pleurs. C'est désolant pour les parents mais on ne sait pas pousser les murs", confie Sophie Ansay.

Car concrètement, l'établissement a obtenu l'autorisation d'accueillir 56 enfants en même temps. Pas une de plus. "56 places, c'est trois étages de structure. C'est déjà pas mal. Pour la commune, c'est déjà un beau chiffre", explique la directrice qui estime qu'accueillir davantage d'enfants n'est pas concevable. "Mieux vaut multiplier plusieurs petits endroits", affirme-t-elle. 

Les autorités sont bien conscientes du problème. "On sait que c'est compliqué pour les familles de trouver des places pour accueillir leurs enfants", nous confie la ministre de l'Enfance, Bénédicte Linard. C'est dans cette optique que le gouvernement wallon a validé en première lecture, ce jeudi matin, le "Plan Equilibre". Celui-ci vise à créer près de 5.000 places à Bruxelles et en Wallonie d'ici à 2026 (près de 2.000 places sont prévues dans la capitale contre près de 3.000 places pour la Wallonie). "Elles seront bien réparties sur tout le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles", explique la ministre. Avant d'ajouter: "Je pense entre autre à ces familles monoparentales, à ces papas solos, à ces mamans solos". 

23.714 places en crèches publiques actuellement

Concrètement, pour Bruxelles, les 876 places du volet 1, pour lesquelles les infrastructures existent déjà, vont s’ouvrir immédiatement. Les appels à projets pour le second volet, portant sur la création de 1.224 nouvelles places, vont en outre pouvoir être lancés. Les modalités pour la Wallonie seront dévoilées par le Gouvernement wallon ce jeudi 31 mars par les ministres en charge de l’Emploi et des Infrastructures. Coût de la mesure : 30 millions d'euros. 

Selon les derniers chiffres disponibles (datant de fin 2020), on compte 45.863 places de crèches en Belgique. Parmi elles, 23.714 sont des places en crèches publiques. 

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