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"Des horreurs au détour d'un sentier": à Saint-Ghislain, Guersande est surprise par des restes d'animaux abandonnés

Une promenade gâchée par la découverte de restes d'animaux. Telle est la regrettable expérience de Guersande et de son père, dans le bois de Baudour à Saint-Ghislain. Ces trouvailles sont-elles fréquentes? S'il s'agit de restes abandonnés par des chasseurs, quelles sont les règles sanitaires qui encadrent cette pratique? Explications.

"Alors que de nombreux Belges se promènent dans les bois, des horreurs peuvent les surprendre". Via le bouton orange Alertez-nous, Guersande nous avertit. Depuis plusieurs semaines, les promenades de cette enseignante sont gâchées par la découverte de restes animaliers. Sur sa route, elle a constaté, avec dégoût, la carcasse d'un lièvre, un renard éviscéré ou encore le reste d'un sanglier. 

Cette enseignante habite la commune de Jemappes. La crise sanitaire a profondément changé ses habitudes. Compte tenu des restrictions sanitaires, plus question de voir son père de 77 ans autour d'une belle tablée. La promenade est désormais le seul moment qu'ils s'autorisent pour passer du temps ensemble, tout en respectant les gestes barrière et la distanciation sociale. Parfois en semaine, parfois les week-ends, cela dépend. Pour cela, direction le bois de Baudour, qui s'étend sur la commune de Saint-Ghislain. 324 hectares pour profiter d'un bol d'air frais et observer de nombreuses espèces.

Au bord du sentier, nous avons découvert les restes d'un sanglier

Mais ce nouvel havre de paix a été perturbé, probablement par l'activité de chasseurs ou de braconniers. Car "depuis près d'un mois", sur les sentiers, ils découvrent des restes d'animaux. "Je me promène avec mon chien qui est attiré par l'odeur", nous explique Guersande. "Nous avons trouvé un lièvre mort, un renard éviscéré. La découverte du renard m'avait ébranlée car je n'arrivais pas à comprendre la nécessité de tuer une si belle créature ! Mais aujourd'hui, notre troisième découverte me laisse un sentiment de dégoût et de colère. Au bord du sentier, nous avons découvert les restes d'un sanglier", nous confie l'enseignante. 

Si cette habitante de Jemappes nous a contactés, c'est pour alerter sur des pratiques qu'elles jugent inacceptables. "Alors que de nombreuses familles se promènent dans les bois pour se changer les idées, pour s'évader un peu des contraintes de la crise sanitaire et profiter de la beauté de la nature, des enfants peuvent être les témoins d'horreur! Les dépouilles délaissées par les chasseurs", s'exclame-t-elle. S'il s'agit de chasse illégale, on parle de braconniers, et non de chasseurs. Selon un chasseur qui nous a contactés, éviscérer un renard n'est pas une pratique tolérée dans le milieu. 

 

Le bois de Baudour appartient en partie à la ville de Saint-Ghislain mais c'est le SPW (Service Public de Wallonie) qui gère l'ensemble du domaine forestier. À Saint-Ghislain, les massifs boisés et terrains agricoles sont quasiment tous chassés. Comme nous l'explique, Jean-François Dulière, les périodes d'ouverture de la chasse varient en fonction des espèces, du mode de chasse et des lieux. On constate que la plus grande activité de chasse se situe entre le 1er octobre et le 31 décembre. On s'aperçoit cependant que les mois de janvier et février restent propices à la chasse du lapin, du renard, du faisan ou encore de la sarcelle d'hiver. 

Pas de législations mais des règles d'usage

Comment expliquer les trouvailles de Guersande? Le SPW nous indique que "très peu" de signalements ont été faits. "Il est clair que le fait de laisser consciemment de tels restes à portée de chemins ouverts au public n’est pas acceptable et que tout signalement fait l’objet au minimum d’un rappel à l’ordre du responsable si il peut être identifié", nous éclaire Jean-François Dulière, chef de cantonnement au Département de la Nature et des Forêts. 

Il n'existe cependant aucune législation encadrant les déchets de chasse. On parle plutôt de règle d'usage, nous renseigne Nicolas Yernaux, porte-parole du SPW (Service Public de Wallonie). On distingue deux cas spécifiques qui sont valables aussi bien sur les territoires privés que publics:

  • Les déchets pèsent moins de 25 kg: ici, les chasseurs doivent donc les enterrer et les abandonner loin des sentiers visités par les promeneurs. "Cela permet d'éviter que des personnes se retrouvent nez-à-nez avec une tête de sanglier. On évite ainsi les malencontreuses rencontres", éclaire le porte-parole.
  • Les déchets excèdent les 25 kg: dans ce cas, c'est le clos d'équarrissage qui se charge de l'enlèvement des restes. Ce service est spécialisé dans l'enlèvement des dépouilles animales.

En cas de non-respect des chasseurs, on ne parle pas de sanctions mais plutôt de rappels à l'ordre puisqu'aucune loi n'existe. "Globalement, ces règles sont plutôt bien respectées. Les signalements sont rares", souligne Nicolas Yernaux.

Pour les animaux, c'est de la nourriture facile

L'absence de loi concernant les déchets de chasse s'explique très simplement. Car ces derniers ne sont pas nocifs, bien au contraire. Ils participent à la chaîne alimentaire de la faune sauvage. "Dans les 48h, ces restes disparaissent. Ils sont mangés par les charognards, tels que les corbeaux ou encore les renards. Ils participent à l'alimentation d'une série d'animaux qui, en période hivernale, économisent leur énergie. Pour eux, c'est donc de la nourriture facile", éclaire le porte-parole du SPW. Avant de conclure: "Pour les promeneurs qui font ce genre de découvertes, c'est malheureusement pas de chance. Et ce n'est pas souhaitable. Ça s'explique par le fait que les chasseurs ne se sont pas assez éloignés des sentiers, que leur passage est proche et que les animaux ne sont pas encre intervenus". 

Guersande nous explique que, depuis ces trouvailles, les lieux ont été nettoyés, les déchets ont disparu. Certainement l'œuvre de la nature, nous précise le SPW. 

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