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"Il faut zigzaguer entre les trous béants, que font les autorités?": Virginio dénonce des rafistolages sur une route "très fréquentée"

Virginio s'inquiète de l'état d'une route qu'il emprunte quotidiennement. Sur la Nationale 921, qui relie Bierwart à Ciney, un important trou s'est formé en début d'année. Un exemple parmi d'autres qui a amené le Namurois à pousser un coup de gueule via le bouton orange Alertez-nous. Avec une voirie dans un tel état, il indique que les motards et les automobilistes doivent zigzaguer pour ne pas endommager leur véhicule. Le SPW Mobilité et Infrastructure et les Sofico expliquent leurs méthodes de travail pour améliorer l'état des routes en Wallonie.

Virginio, un habitant de Ohey (province de Namur) emprunte la Nationale 921 depuis une vingtaine d'années pour notamment conduire son enfant à l'école. Récemment, l'apparition d'un trou "dangereux de 30 cm de diamètre et 15-20 cm de profondeur" l'a fait sortir de ses gonds.  

"Motards et autres usagers de la route, attention ou vous placez vos roues. On est obligés de zigzaguer sur presque 10 km sur cette nationale, c'est scandaleux", fustige-t-il. 

Pour lui, il n'est pas question de faire un détour de plusieurs kilomètres pour éviter les nids de poule. "Si vous faites Andenne-Ciney, c’est la route la plus directe ou alors il faut commencer à faire des détours de 10 à 15km..."

Inquiet face à cette situation, Virginio dénonce les "rafistolages" réalisés ces dernières années. "Ils font rustines sur rustines pour réparer, mais ça s’abîme aussi vite après. Il y a 3-4 ans la route a été refaite mais tout est déjà refaire. C’est de la folie. C’est à se demander ce qu’ils font comme travaux. Je ne suis pas ingénieur en voirie, mais il y a un moment où il faudrait en trouver un bon", indique-t-il. "C’est dangereux, un trou béant n'a pas été rebouché durant des semaines."

Motard occasionnel, il raconte avoir déjà vécu quelques mésaventures ces dernières années. "J’ai déchiré deux pneus et j’ai plié une jante avec ma voiture. En moto, je me suis déjà fait une belle frayeur. Ça me choque, car ça m’est déjà arrivé de prendre un trou il y a quelques années, et si on ne fait pas attention, on peut vite se retrouver dans le décor, ça peut créer un accident dangereux, surtout qu’il s’agit d’une route très fréquentée dans la région. Quand vous êtes motard, vous savez quand vous partez mais vous ne savez pas quand vous aller revenir. Ce n’est pas normal d’avoir une route dans un état pareil. On prône la sécurité routière mais on laisse des trous béants dans les routes. C’est l’inverse de ce qu’on veut. Cela doit changer. Ce n’est pas normal des routes comme celles-là. Ce n’est pas possible en 2022. Je me demande où va notre argent."

Comment travaillent les gestionnaires des routes?

En Wallonie, le réseau routier est composé de deux grandes catégories de routes :

  • les routes régionales gérées par le SPW (service public de Wallonie) et aussi en partie par la SOFICO (Société de Financement Complémentaire des infrastructures)
  • les routes communales gérées par les communes

3 gestionnaires s'occupent donc de l'entretien de nos routes.

Fin 2009, les voiries régionales ont été réparties en deux réseaux différents : le réseau structurant et le réseau non-structurant.

Aujourd'hui, le réseau structurant correspond au réseau sur lequel est prélevé, depuis le 1er avril 2016, le péage kilométrique pour poids lourds, soit un peu plus de 2.700 km de routes et d'autoroutes. Le reste du réseau routier régional (environ 6.000 km de routes) constitue le réseau non-structurant.

La Nationale 921 pointée du doigt par Virginio se trouve quant à elle sur le réseau non-structurant. Sans s'exprimer spécifiquement sur les dégradations observées sur cette voirie ces derniers temps, Sarah Pierre, la porte-parole du SPW Mobilité et Infrastructures, a expliqué comment l'entretien des route s'organise, à commencer par les budgets débloqués.

"Il y a plusieurs budgets qui servent à améliorer l’état du réseau non-structurant. Parmi ces budgets, il y a 50 millions d'euros prévus pour l'entretien", précise Sarah Pierre. "Quand on parle d’entretien, on ne pense pas uniquement à l’état du revêtement, il y a aussi tous les travaux qui concernent la signalisation et le marquage routier."

"Sur ces dernières années, on se rend compte qu’il y a une vraie évolution par rapport aux budgets qui sont alloués à la rénovation et à l’amélioration du réseau routier. Par exemple, on s’est rendu compte qu’en termes d’investissements pour 2019, nous étions à 33 millions et on est passé à près de 50 millions en 2020. Il y a une vraie amélioration et des progrès qui sont en cours."

La Wallonie dit également s'être dotée d’outils toujours plus performants et innovants pour mesurer l’état des routes. Des équipes sont mobilisées quotidiennement pour sillonner les routes. "Pour justement arriver à savoir où sont les besoins et les travaux qui doivent être réalisés en priorité. Sur base de ça, on dresse une liste de priorités pour savoir comment on doit agir pour que les usagers puissent se mouvoir sur notre réseau en toute sécurité et dans un confort optimal", ajoute la porte-parole du SPW.

Parmi les outils: le VAMOS (Véhicule d'Auscultation Multifonctions), une camionnette équipée de plusieurs capteurs. Ce véhicule va pouvoir mesurer des critères techniques, qui permettent de savoir dans quel état se trouve la voirie. 

Mais malgré des moyens augmentés, le SPW se dit conscient que des progrès doivent encore être réalisés. 

On a plus d’argent pour rénover nos routes mais on a aussi une détérioration qui arrive

"L’état des routes en Wallonie, on y travaille depuis des années. Les budgets augmentent et c’est une super bonne nouvelle. Il est vrai qu’on a plus d’argent pour rénover nos routes mais on a aussi une détérioration qui arrive. On a une augmentation des moyens alloués pour l’entretien mais aussi une augmentation des besoins. C’est lié à l’augmentation du trafic. Les poids lourds détériorent pas mal le revêtement sur les grands axes routiers. Ce qu’il faut savoir, c’est que l’entretien des routes chez nous est un exercice difficile. Notre réseau non-structurant est très dense. La deuxième raison est que l’entretien de nos voiries est un exercice qui doit être répété. C’est cyclique", ajoute Sarah Pierre.

La porte-parole indique qu'une fois l'hiver passé, un nouvel état des lieux aura lieu pour déterminer quelles seront les futures interventions sur le réseau routier. 

"Actuellement, nous sommes en plein hiver donc on travaille sur les réparations localisées à froid car les conditions météorologiques ne nous permettent pas de travailler de manière plus profonde. A la fin de l’hiver, il y aura des opérations d’auscultation de l’ensemble du réseau pour se rendre compte des priorités sur le réseau. Ces travaux seront menés dès que possible au printemps. Les priorités sont établies sur le réseau en fonction notamment de la fréquentation des axes et des soucis rencontrés (marquage, propreté,…). En période hivernale, on rencontre essentiellement des problèmes de nids de poule et quand ils sont importants et dangereux, nos équipes interviennent en urgence."

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Plus globalement, et au-delà des problèmes rencontrés par Virginio sur la N921, nous voulu aussi répondre à la question "quel est l'état des routes wallonnes?"

Héloïse Winandy, la porte-parole de la Sofico, le gestionnaire du réseau dit "structurant" (en savoir plus), explique comment les investissements ont évolué depuis maintenant 12 ans. 

"Depuis 2010, la Sofico a dû palier le sous-investissement dont a souffert le réseau pendant les décennies précédentes. Pour rappel, suite à la régionalisation de compétences en 1989, la Wallonie héritera de la gestion du réseau routier régional de grand gabarit", explique Héloïse Winandy. "A cette époque, les Régions étaient sollicitées pour contribuer à l’assainissement de la dette publique. Conséquence : les moyens dévolus aux routes régionales étaient progressivement réduits alors que les autoroutes, construites dans les années 70, nécessitaient des moyens de plus en plus importants pour leur entretien et leur réhabilitation. Depuis 2010, les chantiers se sont donc multipliés (2,5 milliards d’€ qui ont été investis) pour remettre le réseau à niveau."

Concernant le financement, il a changé ces dernières années. Depuis le 1er avril 2016, le prélèvement kilométrique poids lourds est d'application en Belgique (poids lourds prévus ou utilisés pour le transport de marchandises et dont la masse maximale autorisée (M.M.A.) dépasse 3,5 tonnes). En Wallonie, il est en vigueur sur le réseau SOFICO (réseau structurant). "Il fonctionne selon le principe simple de l’utilisateur payeur : ceux qui fréquentent les autoroutes et principales nationales de Wallonie paient en fonction des kilomètres parcourus, de la route fréquentée, du poids et de l’émission de pollution de leur véhicule. La SOFICO perçoit grâce à cette redevance kilométrique poids lourds chaque mois en moyenne environ €20 millions réinvestis dans la réhabilitation du réseau structurant."  

Pour prioriser les interventions à mener, la Sofico est épaulée, lors de la conception des grands plans de réhabilitation, par à un outil informatique, appelé le "GPS" ou "Gestion des Projets routiers". Cet outil pondère chaque demande selon différents critères (sécurité, état de la chaussée, mobilité,…) ce qui permet d’objectiver les interventions à mener.

Un des critères qui intervient est évidemment l’état de nos voiries. En plus des inspections visuelles, plusieurs mesures sont prises à l’aide d’appareils pour poser le diagnostic de l’état de santé de nos routes, dont :

  • La rugosité de la chaussée 
  • La planéité 
  • L’orniérage
  • L’état de fissuration de la route
  • La rétro réflexion des marquage
  • La rétro réflexion des marquages

Parmi les appareils qui auscultent nos routes du réseau structurant, on retrouve donc également le véhicule d’auscultation multifonctions appelé "VAMOS".

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